Trois types de masquages sont généralement définis dans la littérature en fonction de l’ordre temporel entre la cible et le masque : le masque peut précéder la cible (masquage proactif), être présenté de façon simultanée ou lui succéder (masquage rétroactif). Dans la condition de masquage proactif, le masque est présenté avant la cible, par conséquent le SOA 17 (“ Stimulus Onset Asynchrony ”) est négatif. Dans la condition de masquage simultané, le masque est présenté en même temps que la cible avec un SOA nul. Enfin, la condition de masquage rétroactif indique que le masque est présenté après la cible, le SOA est alors positif.
Trois variables interviennent dans le masquage visuel : le degré de similarité entre le masque et la cible, l’énergie des stimuli (selon la taille et le niveau de luminance) et le délai entre le masque et la cible (SOA). Pour expliquer les effets de l’ensemble de ces variables, deux mécanismes de masquage ont été distingués par les théories “ tardives ” de masquage : l’intégration (les propriétés du masque et de la cible sont intégrées en un même percept perturbant ainsi la perception de la cible) et l’interruption (le masque perturbant les traitements tardifs d’identification de la cible en les stoppant) qui n’intervient que pour le masquage rétroactif. Le mécanisme d’intégration dépend du rapport d’énergie entre la cible et le masque, et le mécanisme d’interruption dépend de l’intervalle qui existe entre la présentation de la cible et du masque (SOA). Pour l’intégration, le masquage est obtenu ou non selon que le masque ou la cible a le plus d’énergie. Par contre, pour le mécanisme d’interruption, la variable la plus importante est le délai entre le masque et la cible. Deux fonctions de masquages sont alors observées : la fonction est en U (le masquage est seulement tardif) lorsque les conditions expérimentales favorisent la cible sur le masque dans l’intégration, et elle est monotone lorsque l’inverse est vrai et que les processus précoces dominent (Turvey,1973).
Pour les aspects d’intégration, le raisonnement est le suivant : le masque va stimuler les mêmes canaux que ceux utilisés par la cible et va ainsi empêcher la réponse de ces canaux pour la cible. Si la présence du masque n’a pas d’effet sur la détection de la cible, les deux stimuli sont traités par des canaux indépendants. Si le masque a un effet, les deux stimuli excitent les mêmes canaux de traitement et le masque agit comme un piédestal sur lequel la cible doit être détectée. Le piédestal constitue une stimulation ajoutée à la stimulation engendrée par la cible. C’est l’hypothèse de la bande critique de masquage qui a été appliqué aux stimuli les plus simples, comme des réseaux de FS (revue : Breitmeyer, 1984), ou plus complexes comme des visages (Tieger et Ganz, 1976), des lettres (Solomon et Pelli, 1994), ou des dessins d’objets masqués par des masques “ naturels ” (i.e. non filtrés, comme des bruits ou des patterns ; Delord, 1998)
Par exemple, si la cible est composée de plusieurs fréquences spatiales (un dessin d’objet par exemple), la visibilité des informations qu’elle a en commun avec le masque va être sélectivement perturbée selon le contenu spectral du masque : lorsque la tâche implique l’extraction des composantes de FS basses des images (discrimination de forme globale), le masque le plus efficace sera celui dont l ‘énergie sur les composantes de FS basses est la plus importante ; par contre, si la tâche implique le traitement des contours précis (tâche d’identification), le plus efficace sera cette fois celui dont l’énergie est plus concentrée sur les FS moyennes et élevées (Delord, 1998).
Le SOA est l’intervalle de temps séparant l’apparition d’une cible et l’apparition du masque.