5.3. Détermination de l’image de classification de l’observateur modèle

5.3.1. Introduction

L’observateur modèle a été développé afin de déterminer la façon dont les filtres précoces du système visuel influencent les informations obtenues dans les images de classification. Pour répondre à cette question, les réponses de l’observateur modèle sont centrées sur les différents profils des champs récepteurs. Les images de classification seront ensuite calculées, ce qui permettra une comparaison avec les données de l’observateur humain. D’un point de vue physiologique, le profil des champs récepteurs est proche d’une fonction DoG (Rodieck, 1998). Par ailleurs, les champs récepteurs sont déterminés par deux caractéristiques, à savoir leur taille et l’équilibre ou non de l’antagonisme centre/pourtour. Ainsi, la manipulation des paramètres de la fonction nous permettra de tester directement les facteurs qui caractérisent les champs récepteurs.

Les voies M et P se différencient par leur taille, en effet, les cellules M sont plus grandes que les cellules P. Cette différence anatomique conduit ces deux populations de cellules à répondrent aux fréquences spatiales basses (voie M) ou élevées (voie P). Par conséquent, les petites tailles de champs récepteurs sont sensibles aux détails de l’image comme les contours, et les grandes tailles de champs récepteurs sont sensibles aux informations globales comme la surface. Nous faisons ainsi l’hypothèse que les images de classification comporte uniquement l’information de contour pour des petites tailles de champs récepteurs. Par contre, l’information de surface serait intégrée par grands champs récepteurs. Toutefois, les fréquences spatiales basses véhiculent également une information de contour qui est traité de façon floue, contrairement aux fréquences spatiales élevées où la transition est nette. Ainsi, dans cette condition, des contours devraient également être plus large dans l’image de classification. Les tailles que nous avons utilisées sont équivalentes à celles des voies M et P situées à plus ou moins 1.5 deg de la fovéa (Croner & Kaplan, 1995 ; Lee, Kremers & Yeh, 1998).

Nous avons également manipulé un second facteur à savoir l’équilibre centre/pourtour des champs récepteurs. Bien que classiquement, les profils des champs récepteurs sont souvent présentés de façon équilibrée (Marr, 1982), de nombreux auteurs (Croner & Kaplan, 1995 ; Lee, Kremers & Yeh, 1998) ont montré que l’amplitude du pourtour inhibiteur des cellules de la voie M et P est souvent plus faible que l’amplitude de la zone excitatrice. Ainsi, les données physiologiques ont déterminé que l’inhibition du pourtour représente de 50 à 80 % de l’amplitude de la zone centrale. L’utilisation de ce facteur est de tenir compte des contraintes physiologiques. Nous nous attendions à ce que si l’excitation de la zone centrale est plus importante, alors la réponse de la surface devrait être plus importante. Mais ceci n’est pas vrai pour les petites tailles de champs récepteurs, puisque ces derniers répondent préférentiellement à des fréquences spatiales élevées, par conséquent, l’image de classification devrait comporter une information essentiellement basée sur les contours.

De la même manière que dans les expériences préliminaires, le modèle est réalisé de façon unidimensionnelle afin de faciliter la vitesse de calcul. Mais les résultats pourraient être généralisés à une image bidimensionnelle.