I- 2.4. L’armée du travail

Dans le dictionnaire encyclopédique soviétique de 1981 193 , l’entrée Trudarmiya (Трудармия) n’existe pas, à croire que ce terme n’existe pas et que l’armée du travail n’a existé que pour les Allemands d’U.R.S.S. Pourtant, en janvier 1942, le terme était passé dans le langage courant puisque les Allemands ont été mobilisés par les commissaires de guerre sur le front, afin de travailler : ils entraient ainsi dans « l’armée du travail » ou Trudovaïa Armiya. En fait, la Trudarmiya fut officiellement dissoute en 1946 et le gouvernement russe a ensuite passé cet « épisode » sous silence. Des expressions connexes sont apparues à l’époque, comme Spezereselenez autrement dit Spezialausgesiedelter, Spezialangesiedelter 194 , expressions censées être plus neutres, sans connotation. Le terme Trudarmiya est fondamentalement lié à la période historique à laquelle il se réfère. Trudarmiya est l’équivalent russe de Arbeitsarmee dont la définition donnée par Ernst Strohmaier est « un service ouvrier militairement organisé en Union soviétique » 195 . Cette armée du travail était déjà en place dans les années 1930. Les personnes arrêtées étaient emmenées par le N.K.V.D. dans les camps ou goulags. Les personnes ainsi rassemblées constituaient une main-d’œuvre docile et travailleuse pour les grands projets (d’infrastructure) de l’État, pour faire tourner les industries (souvent minière, notamment du charbon), pour soutenir l’armée. Les études sur la période 1941-1956 faisant référence à l’armée de travail sont souvent des récits 196 , empreints d’émotion et plutôt subjectifs, non scientifiques, ce qui n’enlève rien à leur valeur de témoignages.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le processus de mise en place se fit en deux temps : pendant l’été et l’automne 1941 d’abord avec les Allemands de la Volga, du Caucase, de Moscou, de Leningrad et d’autres lieux du Kazakhstan et de Sibérie ; puis le 10 janvier 1942, selon l’ordonnance du même jour, sur la mise en place de l’utilisation ouvrière des personnes allemandes déplacées en âge de travailler (entre 17 et 50 ans). Ces événements ont alors donné lieu à la création d’un nouveau champ lexical relatif à l’armée du travail. Dans les documents de cette période apparaissent en effet les termes suivants : Sondersiedler, Sonderübersiedler, Sonderumsiedler, en russe Spezposelenzy, puis plus tard Arbeitskolonne, Zwangsarbeit, Heranziehung der Bürger zur Arbeitspflicht. Une propagande de masse s’organisa autour de l’armée du travail, afin de motiver les ouvriers potentiels : il s’agissait de les convaincre de rejoindre l’armée du travail, bien qu’ils n’aient guère eu le choix. Les slogans étaient les suivants : « La victoire sur le front se forge à l’arrière », « À l’arrière comme au front » 197 .

Au début de la guerre entre l’Allemagne et l’U.R.S.S. en juin 1941, les Allemands furent rassemblés dans les territoires proches du front (Ukraine, Biélorussie, pays Baltes, Moldavie), formant des unités ou commandos de travail qui furent répartis sur le front afin d’aider à la construction de bases et de tranchées. Selon le décret du Soviet Suprême sur la déportation des Allemands de la Volga en août 1941, l’ordre n° 31 105 du 8 septembre 1941 du chef des forces combattantes, Staline, fit savoir que dès septembre 1941, tous les ressortissants allemands de l’Armée rouge (commandants ou soldats), au front ou en arrière du front, devaient abandonner leur poste et être envoyés par colonnes spéciales dans l’arrière pays. Les commandos de travail sur le front et les militaires démobilisés formèrent à l’automne 1941 les premières unités de l’armée du travail. Au départ, personne ne savait ce qu’il devait advenir de ces hommes et ce qu’ils devaient faire. Ils étaient placés sous l’autorité d’un commando de l’armée, étaient ravitaillés mais leurs armes leur furent retirées. Les défaites sur le front et le rapide retrait de l’Armée rouge suscitait en outre une haine grandissante de la part des militaires soviétiques contre les Allemands. Les Allemands étaient considérés comme des traîtres et étaient placés dans des camps spéciaux, à proximité des autres citoyens soviétiques. Les soldats qui avaient dû quitter l’armée furent envoyés dans les forêts d’Oural et de Sibérie, reçurent quelques ravitaillements, parce qu’ils faisaient paradoxalement encore partie des forces armées.

Les commandos allemands de travail au front depuis le début de la guerre furent emmenés à l’automne 1941 dans le nord de l’Oural où ils devaient reconstruire des usines. Ils furent placés sous l’administration d’un camp pénitentiaire, autrement dit d’un goulag 198 . Ils s’installèrent sans surveillance cependant et personne ne s’occupa de leur ravitaillement. Ainsi, nombreux furent les décès, en raison de la faim et du froid 199 . Ils n’avaient ni vêtements chauds ni chaussures 200 . Ces commandos appartenaient aussi aux premières unités de l’armée du travail. La mobilisation générale pour l’armée du travail de tous les hommes déplacés de nationalité allemande, entre 18 et 50 ans, eut lieu fin janvier 1942. Sous la surveillance de militaires, les convois partirent pour l’Oural, vers Perm, Solikamsk, Sverdlovsk et Tcheliabinsk, principalement. Deux mois après leur arrivée dans l’Oural en février 1942, au moins un tiers d’entre eux était mort. En avril 1942 eut lieu la seconde vague de mobilisation et en juin la troisième. Ce fut donc une mobilisation totale. Les derniers mobilisés furent envoyés à la construction de chemins de fer à Pavlodar, Oulianovsk, Orsk et Orenbourg.

La surveillance était différente selon les endroits. Dans leurs colonies, les hommes vivaient dans des baraquements, étaient parfois en famille et avaient des logements. Des civils armés surveillaient les déplacements et les bâtiments furent bientôt entourés de barbelés. Des tours de garde étaient placées à chaque coin des camps et les surveillants étaient présents jour et nuit. Pendant le travail et au retour, les Allemands étaient surveillés par des gardes quand ceux-ci n’étaient pas au front 201 .

Dans la colonne n° 101, appelée Wolschlag-Kolonna Nr. 101 – Wolgalager (Colonne Wolschlag n° 101, camp de la Volga) se trouvaient 1 200 Allemands, anciens militaires, parfois blessés et décorés. Le climat dans le camp était selon les témoignages relativement agréable, les hommes s’encourageant au travail avec des plaisanteries. Les relations avec les gardiens étaient chaleureuses malgré le climat général de tension et l’ordre imposé. Selon Emil Biedlingmeier*, il n’était pas rare que prisonniers et gardiens partagaient des repas ensemble, dans ce camp en tout cas et pour la colonne n° 101. Ce n’était pas le cas dans les autres camps. En octobre 1942, la ligne de chemin de fer étant terminée, les colonnes allemandes furent emmenées dans les forêts de l’Oural 202 . Environ 20 000 hommes furent répartis dans les 64 puits des mines de charbon. Les grandes colonnes se composaient d’un millier d’hommes (voire 1 200), parqués dans des baraquements ultra-protégés près de Stalinogorsk, Toula, Skopin, Bobrik-Donskaï, Ouslovaïa ou Severo-Sadonsk. Les Allemands étaient comptés en partant et en rentrant des chantiers. Ils cultivaient en plus des champs, même en hiver, avec peu de moyens agricoles mais leurs récoltes amélioraient leurs conditions.

‘« Dans le camp, il n’y avait pas d’eau ; pour les besoins de la cuisine, on l’apportait dans des tonneaux par voiture ou sur des luges. Les toilettes étaient faites de simples planches dans la cour, au travers desquelles passait le vent. Durant des mois, personne ne put ni se laver ni se baigner. Pour chauffer la pièce, nous devions nous débrouiller seuls. Mais après 12 heures de travail et trois heures de trajet, chacun se ruait sur son lit de camp, sans s’occuper du chauffage » 203 . ’

Les quantités de charbon s’amenuisaient. Avril 1943 fut une période très difficile. La colonne allemande fut réquisitionnée pour réparer des trains et des lignes de l’armée. Durant l’été 1943, la colonne exploita la mine n° 21 ; à une cinquantaine de mètres du chantier, de nouvelles baraques furent construites. À la fin de la guerre, surveillance et travail se relâchèrent un peu. L’armée fut dissoute officiellement en 1946 mais les Allemands ne furent pas libérés. En mai 1949, les autorités annoncèrent que les Allemands devaient quitter les lieux rapidement. La plupart des travailleurs étaient concernés. Ils furent emmenés dans l’est pour construire un réseau de chemins de fer, le futur Baïkal – Amour – Magistral (BAM). Le travail dans le camp se poursuivait cependant, notamment dans la mine n° 27 et les exigences des autorités étaient chaque jour plus importantes (à raison de 2 100 tonnes par jour).

En marge de ces travaux, le, 19 novembre 1941 le comité d’État de défense décida la construction d’une industrie métallurgique dans les territoires militaires de l’Oural et de Sibérie par 25 colonnes d’ouvriers. Des milliers d’Allemands soviétiques, hommes et femmes, servirent leur patrie comme ouvriers pendant toute la période de la guerre et quelques années après. C’est dans des conditions difficiles (manque de matériel, d’infrastructures, de matériaux de construction et de machines) que des milliers de gens, la plupart anciens kolkhoziens, apprirent leur nouveau métier. Á Vorkouta, Karaganda, Kopeisk, Karpinsk et près de Moscou ils travaillaient dans les mines, extrayant le charbon qui était utilisé ensuite comme source d’énergie. Á Kamensk-Ouralski et Krasnoturïnsk ils construisaient des usines d’aluminium. Á Tcheliabinsk, Nijni Tagil et Kusnezk ils montaient des fours. Ils bâtissaient des fabriques d’armement, pour la production future de chars, de projectiles. Á Tuimassa et Pochvistniovo, ils extrayaient du pétrole. Dans le nord de l’Oural, il y avait des puits pour l’extraction de manganèse et d’alumine. Partout dans les forêts de l’Oural et de Sibérie ils coupaient le bois qui servait au front et pour les différentes constructions en cours. Ils construisaient des lignes de chemins de fer, des ponts ferroviaires dont la ligne de Selionï Dol (près de Kazan) à Stalingrad qui a joué un rôle fondamental pour la victoire sur l’Allemagne.

En outre, certains Trudarmisten ont dû pendant la guerre fonder une brigade de front. Il s’agissait de brigades de surveillance sur différents fronts à qui on demandait de faire deux fois à trois fois plus de travail que d’ordinaire. Par exemple, en octobre 1943, la situation était critique dans un chantier de construction de mine de charbon pour la centrale thermique de Bogoslowsk 204 . Là où devait se trouver la fosse, il y avait un grand bloc de roche. 122 Trudarmisten furent réquisitionnés, dirigés par W. Schmidt, et aidèrent manuellement, avec des pinces-monseigneur, des marteaux et des pics à faire sauter la roche. Le groupe de travail, constitué de I. Faller, O. Gotmann, K. Kaiser, I. Frank, effectua du travail supplémentaire, en plus de la norme quotidienne exigée. Ce chantier dura deux mois et ainsi, à force de courage, d’acharnement et d’énergie, la construction put être réalisée rapidement. D’autres chantiers importants leur furent confiés. Le télégramme du représentant du comité de défense mentionnait ceci :

‘« À l’attention du directeur de construction, le Camarade Kronov, du directeur de département politique, le Camarade Gorbatchev, du secrétaire des organisations du Parti, le Camarade Schmidt, Stoll, et aux milliers d’autres camarades Bräutigam, Obholz, Ehrlich, Pfund, à l’ouvrier stakhanoviste, le Camarade Epp. Veuillez transmettre mes salutations fraternelles et les remerciements de l’Armée rouge aux ouvriers, au personnel technique de l’ingénierie et aux employés allemands qui […] ont récolté 353 785 roubles pour la construction de chars et 1,82 millions de roubles pour la construction d’une escadrille aérienne. J. Staline » 205 . ’

À la fin de la guerre, certains Allemands qui avaient été capturés par les troupes allemandes furent rapatriés en U.R.S.S., passèrent par les camps de filtrage où le N.K.V.D. examinait les prisonniers rapatriés, maltraités, et ils furent pour la plupart envoyés au Goulag. Ainsi, de septembre à décembre 1945, 4 090 Allemands rapatriés furent envoyés dans le territoire de Krasnoïarsk et rejoignirent les camps de travaux forcés. Les ouvriers travaillaient visiblement avec acharnement. À la fin de la guerre, l’enthousiasme gagna les ouvriers prisonniers, puisqu’ils pensaient que cela signifiait pour eux les retrouvailles avec leurs familles et le retour dans leur patrie. Mais ils ne savaient encore pas que, sur place, ils ne retrouveraient rien ni personne, qu’ils resteraient les laissés pour compte du pouvoir soviétique pendant longtemps. Le journal Deutsche Allgemeine Zeitung 206 en date du 10 janvier 1998 nous offre un riche témoignage. Valentine Klundt raconte le déchirement de sa famille et la misère dans laquelle se trouvait la population, la dureté de l’armée du travail.

‘« Tante Ida partit avec sa famille à Mai-Karagaï, dans la scierie locale (l’oncle Karl, son mari, y mourut, mais Tante Ida et Alfred participèrent à l’abattage des arbres, et ce n’est que bien plus tard Tante Ida fut professeur à l’école locale). Mais nous, nous fûmes emmenés dans le village de Tchigirinovka où papa fut employé comme agronome. […] Rapidement, papa dut rejoindre Nijni Tagil où il aurait failli mourir. Il survécut à une opération délicate dont il est resté miraculeusement en vie. Maman et moi crevions de faim, nous récoltions des épis de céréales dans les champs sous la neige, nous cuisinions avec les grains une sorte de bouillie, échangions le reste des choses que nous avions contre de la nourriture. L’insuffisance cardiaque, l’œdème et la déficience respiratoire de maman s’amplifiaient. Mes jambes étaient couvertes d’abcès profonds et sanglants qui étaient très douloureux ; je marchais avec grande difficulté… Puis les femmes durent rejoindre l’armée du travail […] » 207 .’

Ceux qui n’ont pas été déplacés ont été en fait envoyés dans l’armée du travail, ou Trudarmiya. En vérité, il s’agissait de camps de travaux forcés entourés de fils de fer barbelés et férocement surveillés. Les conditions de vie et de travail des travailleurs « prisonniers » étaient véritablement inhumaines, comme dans les prisons (Strafgefangenenlager). Des soldats accompagnaient les Allemands au travail et ils avaient reçu un ordre strict : ouvrir le feu ou faire usage de la force sur ceux qui posaient le moindre problème et sur lesquels pesait le moindre soupçon. C’est dans des conditions aussi indignes que celles-ci (entassés dans les camps) que sont morts des milliers de travailleurs allemands, par désespoir, de faim ou de froid et de travail acharné. Ces camps de travail de l’armée se sont multipliés au fil des ans et ne furent fermés qu’à la fin des années 1950. C’est en effet le décret d’amnistie du Soviet suprême d’U.R.S.S., en décembre 1955 208 , qui a permis l’abandon du statut de colonies spéciales et la fermeture des camps de travail à la suite de longues négociations entre l’Allemagne et l’U.R.S.S. Ceci impliquait à terme le retour vers les lieux d’habitation d’avant guerre. Toutefois, les Allemands n’obtinrent aucun dédommagement pour les propriétés réquisitionnées en 1941 209 .

Notes
193.

Dictionnaire Encyclopédique soviétique, Moscou, 1981.

194.

Cf. E. BIEDLINGMEIER, in Heimatbuch 1990-1991, Stuttgart, 1991, p. 123.

195.

« militärisch organisierter Arbeitsdient in der Sowjetunion », E. STROHMAIER, « Trudarmija », in Heimatbuch 1995-1996, 1996, p. 123. On trouve parfois le synonyme de Trudarmee. À ne pas confondre avec les travaux forcés (Zwangsarbeit) qui faisaient suite à une condamnation.

196.

Voir ANNEXE XLII. Le témoignage de Emil Biedlingmeier donné en annexe traduit la rigueur, la peur et les humiliations que les Allemands subissaient et éprouvaient dans les camps, où ils étaient surveillés jour et nuit. Les camps étaient de véritables camps de prisonniers avec miradors, barbelés et baraquements. La peur était souvent due au fait que personne ne savait combien de temps chacun allait rester.

197.

« Der Sieg an der Front wird im Hinterland geschmiedet ! », « In Hinterland wie an der Front ».

198.

Goulag = abréviation du russe Glavnoïe Oupravlenie Laguereï, Direction générale des camps. Système concentrationnaire de l’ancienne Union soviétique ou de ses pays satellites. Instauré dès 1919, le réseau des camps de travail forcé s’est considérablement développé avec Staline. Il visait diverses catégories sociales ou nationales accusées de délits contre-révolutionnaires. Instrument de répression de masse, le goulag a aussi, en fournissant une main d ‘œuvre gratuite au pays, contribué au développement économique de l’U.R.S.S. stalinienne. Cf. Le Petit Larousse, Paris, 1998.

199.

La revue Heimatbuch présente (dans son édition de 2000) une liste des ouvriers allemands de l’armée du travail dans le camp de Kaïsk, rayon de Kirov, décédés entre 1941 et 1943. Cette liste nous permet de nous rendre compte de l’ampleur du nombre de victimes, d’imaginer les conditions de vie et de détention à l’époque, et montre que nombre de ces victimes étaient des Allemands, ce qui atteste de leur présence et confirme les directions des mouvements de déportation. Pour la liste complète, cf. Heimatbuch 2000, Stuttgart, pp. 8-15.

200.

P. LEFLER, « Trudarmist berichtet über sein Leben in der Trudarmee », in Deutsche Allgemeine Zeitung, n°1-4-5-6-7, 2002, p. 5.

201.

E. BIEDLINGMEIER, « Zwischen Arbeitsarmee und Vertreibung auf ewig, Persönliche Erinnerungen an die Jahre 1941 bis 1956 », in Heimatbuch 1990-1991, Stuttgart, 1991, p. 123 et suiv. Voir ANNEXE XLII.

202.

Voir ANNEXE XLIII : les décrets sur la mobilisation des Allemands dans l’Armée du travail en date des 13 octobre 1942 et 13 août 1943 mettent en place la mobilisation des Allemands dans les colonnes de travail ou dans les contingents spéciaux destinés à l’industrie du charbon. Les points déterminés sont les caractéristiques des personnes à recruter (l’âge notamment). Staline lui-même signa ces documents qui marquèrent le déplacement de milliers de personnes qui servirent de main-d’œuvre à l’industrie et l’infrastructure soviétique, pas uniquement dans un effort de guerre.

203.

« Im Lager gab es kein Wasser, für die Küche wurde es in Fässern auf einem Wagen oder Schlitten gebracht. Die Toilette war im Hof aus Brettern genagelt, durch die der Wind pfiff. Monatelang konnte sich keiner waschen oder baden. Für die Heizung im Zimmer mussten wir selbst sorgen. Aber nach zwölfstündiger Arbeit, dazu drei Stunden Arbeitsweg, warf sich gewöhnlich ein jeder schnell auf die Pritsche, ohne für Heizung zu sorgen », in Heimatbuch 1990-1991, Stuttgart, 1991, p. 126.

204.

Selon A. FRITZER, in Sarja Urala, 29/04/1975.

205.

« An den Bauleiter Gen. Kronow, den Politabteilungsleiter Gen. Gorbatschow, die Sekretäre der Parteiorganisationen Genossen Schmidt, Stoll, die Tausender Genossen Bräutigam, Obholz, Ehrlich, Pfund, den Stachanowarbeiter Gen. Epp. Ich bitte Sie, den Arbeitern, dem ingenieur-technischen Personal und den Angestellten deutscher Nationalität, die… 353 785 Rubel für den Bau von Panzern und eine Million 820 Tausend Rubel für den Bau einer Flugzeugstaffel gesammelt haben, meinen brüderlichen Gruss und die Dankbarkeit der Roten Armee zu übermitteln. J. Stalin ».

206.

Journal qui paraît à Alma-Ata et est destiné aux Allemands du Kazakhstan. Il était publié auparavant, depuis 1966, sous le nom de Freundschaft (Voir Partie III).

207.

V. KLUNDT, « Wie wir ausgesiedelt wurden oder aus der Geschichte einer Sondersiedlerfamilie » in Deutsche Allgemeine Zeitung, Alma-Ata, 10/01/1998, p. 3, et 14/03/1998, pp. 5-8 : « Tante Ida fuhr mut ihrer Familie nach Mai-Karaigai in das dortige Sägewerk (Onkel Karl, ihr Mann, starb dort, Tante Ida und Alfred aber machen dann beim Holzfällen mit, und erst viel später war Tante Ida Lehrerin in der örtlichen Schule) ; uns aber brachte man in das Dorf Tschigirinowka, wo Papa als Agronom eingestellt wurde. […] Bald musste aber Papa in die Arbeitsarmee einrücken. Er wurde in Nishni Tagil eingesetzt, wäre dort beinahe umgekommen, überstand eine schwere Operation, blieb aber wir durch ein Wunder am Leben. Mama und ich hungerten, sammelten Getreideähren im Feld unter Schnee, kochten aus den Körnern eine Art Brei, tauschten den Rest der mitgenommenen Sachen gegen Lebensmittel aus. Mamas Herzinsuffizienz, Ödeme und Atemnot nahmen zu. An meinen Unterschenkeln kamen tiefe, blutende tropische Geschwüre auf, die sehr schmerzhaft waren ; ich konnte nur schwer gehen. …Nun mussten auch schon Frauen in die Arbeitsarmee […] ».

208.

Ce décret sur la « Levée des restrictions des droits des Allemands et des membres de leurs familles qui se trouvent dans les colonies spéciales » fut adopté par le Soviet suprême d’U.R.S.S. mais ne fut pas publié dans la presse. Il établissait que les restrictions imposées aux Allemands qui avaient été déplacés de force au moment de la Seconde Guerre mondiale n’étaient plus nécessaires (préambule). Leur liberté de circuler devait leur être restituée (article 1). Cependant, les biens confisqués n’étaient pas restitués (article 2). De plus, il n’était pas du tout question du retour dans les territoires d’origine, même si cela était envisagé pour un avenir plus lointain par les Allemands. Ce décret annula donc celui du 26 novembre 1948 qui concernait les mesures de banissement et leur ampleur. Le décret du 13 décembre 1955 est placé dans sa totalité en annexe : ANNEXE XLIV.

209.

 « Die Deutschen im Zarenreich und in der Sowjetunion, 200 Jahre unterwegs », in Neues Leben, 29/04/1992, p. 4 et 15/04/1992, p. 4.