Le départ d’émigrés des États de la C.E.I. pour l’Allemagne a nettement reculé en 1997. Déjà en 1996 le nombre d’immigrés avait baissé : 177 751 personnes contre 225 000 en 1992. En 1997, ce nombre avait encore baissé à 134 419 personnes. Les mois de janvier et de février 1998 confirment cette régression. En janvier 10 112 personnes ont émigré en République fédérale d’Allemagne et 6 100 en février 308 . Ce recul a plusieurs raisons. Le gouvernement fédéral, représenté par Horst Waffenschmidt, a multiplié les mesures d’aides financières pour que les ressortissants allemands restent sur les territoires de la C.E.I. De nombreuses mesures de soutien ont été prises pour les lieux de colonisation en Sibérie occidentale, sur la Volga et dans la région de Saint-Pétersbourg. De plus, des déplacements des populations allemandes se font à l’intérieur de la C.E.I., suivant un mouvement d’est en ouest. Le potentiel de migration augmente sur les territoires intérieurs à la C.E.I. De plus, les tests de langue mis en place par le gouvernement fédéral pour l’entrée sur le territoire allemand ont considérablement freiné les arrivées. Pour beaucoup d’Allemands de Russie, qui linguistiquement ont été russifiés et fortement assimilés à la culture russe, ces tests sont un obstacle infranchissable qui empêche leur retour dans leur ancienne patrie.
Le nombre total d’Allemands vivants encore dans la Communauté des États Indépendants et leur capacité migratoire sont contestés. Selon le recensement réalisé en U.R.S.S. en 1989, il s’agissait de deux millions de personnes appartenant à la minorité allemande. Selon les autorités gouvernementales, entre janvier 1990 et février 1998, 1,4 millions de personnes sur ces deux millions ont émigré. Par conséquent environ 600 000 personnes d’origine allemande vivraient encore en Russie, au Kazakhstan, Kirghizistan et en Ukraine fin 1998. Selon les représentants des associations d’Allemands de Russie en revanche, environ 1,2 millions de ressortissants allemands vivraient encore sur les territoires de l’ancienne U.R.S.S. Cela signifierait que les chiffres avancés dans les recensements de la C.E.I. sont minorés ce qui ne serait pas surprenant étant donné que le statut des Allemands de Russie a longtemps été sujet à controverses et que leur reconnaissance s’est faite non sans peine. Malgré une forte tendance à l’assimilation, les habitants de la C.E.I. d’origine allemande sont plus enclins aujourd’hui à revendiquer leurs origines, leur langue et leur culture. L’espoir d’un soutien économique de l’Allemagne et d’une émigration éventuelle provoque une « ré-ethnisation » de la communauté allemande. Et si la part de la population allemande en C.E.I. diminue, la renaissance ethnoculturelle augmente. Tous les Allemands de Russie ne souhaitent pas retourner en Allemagne. Les mesures d’aides et le soutien économique jouent donc pour ceux-là un rôle important.
Á cela s’ajoute un phénomène de génération. Durant les douze dernières années, de nombreuses jeunes familles allemandes de Russie sont revenues en Allemagne. La population émigrante est deux fois moins âgée que la population de l’Allemagne fédérale. La population germano-russe restant en C.E.I. est donc plus âgée. Leur volonté de rester en C.E.I. a fait chuter les chiffres de l’émigration. La part active de cette population anticipe les mouvements du marché du travail allemand. La part retraitée de la population a, lors de l’immigration en Allemagne, droit à une retraite minimale selon la nouvelle loi sur les retraites des étrangers du milieu de 1996. L’arrivée sur le sol allemand est pour la plupart une amélioration économique importante. Les conditions économiques et démographiques constituent une autre raison au recul à moyen et à long terme du nombre d’émigrés. Les conditions juridiques en Allemagne, qui ont été reconnues comme discriminantes pour les émigrés, réveillent chez ces derniers le sentiment de liberté grâce aux aides sociales, aux allocations chômage et à la loi d’attribution de logements. Le libre choix du lieu d’habitation selon la loi de février 1996 a été déclarée sans effet pendant deux ans. Les modifications à cette loi en décembre 1997 ont renforcé la situation et ont été énoncées valables jusqu’au 15 juin 2000. Les immigrés qui sont arrivés en Allemagne depuis mars 1996 sont astreints pendant quatre ans à l’attribution de logements sans libre choix. Les nouveaux immigrés ne peuvent pas, pendant deux ans, s’installer près de leurs proches tant que leur est attribué un autre lieu d’habitation. Cette mesure a largement été dénoncée comme étant volontairement décourageante pour les émigrés potentiels.
Voir ANNEXE LXX : cette annexe est un tableau sur les immigrants en Allemagne de 1956 à 1998 en fonction de la politique internationale et les migrants allemands de l’Union soviétique de 1926 à 1989. En ce qui concerne le premier tableau, nous pouvons voir que 1964 est l’année pendant laquelle le nombre d’immigrés est le plus bas, ce qui correspond aux conséquences de la construction du mur de Berlin. Nous pouvons relever un pic en 1978 qui marque la fin des effets du sommet d’Helsinki (entre 1971 et 1977). Une chute est visible dans les années 1984-1985 avant l’amorce d’une hausse en 1987 considérable (le nombre d’immigrés est alors multiplié par 200, c’est la pleine période de la pérestroïka), puis un boom en 1987 et une hausse depuis constante et importante. Ainsi, en 1998, le nombre d’immigrés avait été multiplié par cent par rapport à 1956. Le second tableau reflète ces changements à l’échelle de l’U.R.S.S.