Centres de rencontres ou centres culturels

Existe-t-il encore des centres culturels de rencontres ? Ces lieux qui s’appelaient auparavant centres culturels furent rebaptisés centres de rencontres. Il y en avait en 1995 87 en Russie et 38 dans les autres états de l’ancienne U.R.S.S. Les centres culturels ne peuvent pas fonctionner sans être financièrement soutenus par l’État. Moins de 1 % des centres culturels allemands existants étaient soutenus financièrement par l’État fin 1995. Ils sont pourtant indispensables au soutien de la culture allemande, surtout pour la jeune génération qui tente de se familiariser avec les coutumes des générations précédentes et parfois de se les approprier, tout comme les dialectes allemands. Cependant, certains doutent de l’intérêt des plus jeunes pour leur histoire et leur culture, estimant que les plus jeunes ne peuvent pas comprendre cette phrase : « Krowl mol uff den Wose nop, pring mi mol de Kowel rop ! », ou encore qu’ils ne connaissent pas la chanson « O Tannenbaum » jusqu’à la dernière strophe. Hans Albrecht Moser disait par exemple : « Quelles sont ces coutumes qui n’ont plus cours, mais qui doivent être préservées ? » 334 . Ces jugements sont à notre sens péremptoires. En revanche, nous pouvons nous demander pourquoi les associations allemandes qui se réunissent pour parler de leur culture allemande discutent en russe. Dans les cours d’allemand, des livres venant d’Allemagne sont utilisés, livres qui ne parlent pas de la culture germano-russe… Certes dans les centres culturels, des rencontres sont encore organisées, mais peut-on encore parler de centres de rencontre de la culture allemande quand celle-ci n’est pas respectée par la majorité dans ses fondements : parler allemand, honorer les fêtes, les coutumes, etc. ? Certes les Allemands de Russie de 2003 ne sont pas ceux de 1940. En 63 ans, la culture germano-russe a changé entraînant avec elle une vague de modifications culturelles, éducatives et sociales.

‘« Loin de demeurer deux domaines parallèles, culture et éducation s'interpénètrent et doivent se développer en symbiose, la culture irriguant et alimentant l'éducation qui s'avère le moyen par excellence de transmettre la culture, et, partant de promouvoir et renforcer l'identité culturelle » 335 . ’

La culture étant liée à l’éducation, si l’une évolue, l’autre s’en ressent obligatoirement. Qu’en est-il du système éducatif des Allemands au Kazakhstan ? Pouvons-nous parler d’une communauté allemande au Kazakhstan, notamment si l’on considère la question de l’éducation et de l’enseignement de la langue allemande ? Ainsi, nous allons à présent analyser cette question selon plusieurs axes : le problème du multilinguisme d’une part, la situation éducative et sociale de l’après-guerre d’autre part, et enfin la question de l’enseignement en général et de l’allemand en particulier.

Notes
334.

« Was sind das für Bräuche, die gar nicht mehr gebraucht, sondern gepflegt werden müssen ! ».

335.

A. FINKIELKRAUT, La défaite de la pensée, Gallimard, Paris, 1987, pp. 97-101.