Les Allemands de Russie ont depuis 1957 accès à l’enseignement secondaire et supérieur. Force est cependant de constater, et cela est valable pour tous les établissements et tous les élèves ou étudiants, que le régime soviétique n’a pas toujours permis la pérennité d’un système éducatif performant et que les failles du système sont aussi imputables à de graves problèmes économiques et financiers. Le Ministère de l’éducation a droit de regard sur tous les établissements dans toutes les Républiques et sur les agissements des directeurs et professeurs. Certes, ceux-ci restent sous le contrôle des autorités locales. Cette dualité ne correspond pas à un conflit de pouvoir mais à une fusion de pouvoir. Car les organismes fédéraux qui supervisent l’enseignement supérieur ne sont pas l’expression d’une nation dominante. Ils émanent eux-mêmes de la collectivité multinationale. La domination russe n’est que l’expression, à l’échelon supérieur, d’une mise en commun de leurs ressources matérielles ou morales par des nations souveraines qui se sont unies en une fédération. En ce qui concerne l’enseignement secondaire, les élèves allemands sont majoritairement inscrits dans les lycées kazakhs et connaissent les mêmes situations que celles décrites pour l’enseignement primaire. Le système soviétique laissant peu de marges aux initiatives, même culturelles et éducatives, les personnels enseignants et élèves se rapidement sont trouvés confrontés dès les années 1960 à un problème qui s’est renforcé dans les années 1980. À cette époque, les échanges culturels et scolaires étaient appréciés pour leurs bienfaits. En effet, un séjour en Allemagne est très enrichissant : les enfants habituent leurs oreilles à la langue, prononcent mieux, intègrent rapidement des mots nouveaux, etc. Toutefois, le gouvernement kazakh soviétique était fermement opposé à toute idée d’échanges, surtout culturels. Dans les journaux, des articles, des débats sur le sujet se sont multipliés dès 1985 412 . La vie culturelle étrangère, en particulier occidentale et anglo-saxonne de surcroît, était sévèrement critiquée.
Les universités, pour leur part, eurent longtemps à affronter des difficultés matérielles : la construction des bâtiments était longue. Il fallait obtenir les autorisations et posséder les fonds nécessaires. C’est pourquoi dans un premier temps, soit les bâtiments construits étaient rudimentaires, soit d’autres bâtiments déjà existants avaient un double usage. Cependant, la situation s’aggrava rapidement car les constructions ne suivaient pas l’évolution du nombre d’élèves qui lui augmentait très vite. Souvent, les décisions prises, les réformes ou les créations sont restées à l’état embryonnaire. C’est la science qui en fit les frais. Alors qu’elle était jadis à l’avant-garde dans des secteurs volga-allemands, elle eut de la peine à se maintenir au départ à un niveau moyen chez les Allemands du Kazakhstan. À l’université d’Alma-Ata, on travaille avec beaucoup de sérieux, d’assiduité. Les étudiants font preuve d’une certaine curiosité intellectuelle et politique, ils ont un esprit très critique. Leur véritable occupation à tous, depuis toujours, est leur future carrière, le diplôme qui y donne accès et ils consacrent donc le meilleur de leur temps à la préparation des examens. Mais, en dépit du bon fonctionnement de son système de recherche et d’enseignement aujourd’hui, le département d’allemand de l’université kazakhe a eu le sentiment de traverser une longue crise. En 1989, il a été question de fonder une nouvelle faculté de langues à l’université d’Alma-Ata. Une large place à l’enseignement de la langue et de la littérature allemandes est prévue, mais nous ne savons pas combien d’étudiants d’origine allemande sont inscrits depuis dans cette faculté. La rectrice, Mme S. Kounanbaïeva reconnaît volontiers que cette création d’établissement est une évolution positive pour le monde universitaire, rendue possible grâce au soutien de l’institut pédagogique de langues étrangères de la capitale 413 . Une université kazakhe allemande 414 (Deutsche Kasachische Universität) a également été fondée en 1999 à Almaty au sein de l’université d’Almaty. Son fonctionnement est similaire à celui d’un institut Goethe, notamment du point de vue de la formation bilingue allemand-anglais. Les locaux devenus trop exigus ont été dernièrement déplacés au n° 103 de la rue Furmanov. La présidente de cette université se réjouit désormais des 860 m² de locaux à disposition, des salles de lecture, des locaux administratifs. Les nouveaux locaux accueillent simultanément le Centre français. Cette nouvelle université propose depuis 2000 un cursus spécifique en sciences économiques et sciences politiques.
in Neues Leben, 12/11/1986, p. 3.
« Neue Fakultät », in Neues Leben, 21/03/1998, p. 2.
Cf. Deutsche Allgemeine Zeitung, 18/08/2000, n° 7027-7028, p. 7.