II- 3.1.4. Enseignement spécialisé, professionnel et technique

Afin d’illustrer notre propos sur ce point, nous avons choisi de relater une expérience vécue qui restitue, du moins en partie, la situation de l’enseignement professionnel. Woldemar Metzler a relaté son expérience d’enseignant au journal Neues Leben 422 . W. Metzler était issu d’une famille d’enseignants. Professeur depuis 1955 à l’école Lomonossov n° 2 de Gasalkent, dans le territoire de Tachkent, il tentait d’élaborer ses propres méthodes pédagogiques d’enseignement. Il utilisait ses propres méthodes de base jusqu’à la 10ème. Devenu directeur d’école en 1963, comme le nombre d’élèves atteignait les 1 100 enfants dans l’école (alors qu’en 1945 il n’y en avait que 300), il a dû faire construire de nouveaux bâtiments avec l’accord des autorités locales. Il a mis en avant les travaux manuels (couture, bricolage, mécanique, etc.) comme formation à part entière. Les travaux réalisés par les élèves étaient vendus ou utilisés au sein même de l’école, afin de subvenir aux besoins quotidiens en matériel, meubles, vêtements. Nous pourrions dire que c’était là une méthode pédagogique assez novatrice. W. Metzler a créé dans les années 1960 le premier établissement d’enseignement professionnel, car les élèves ainsi formés, en plus de leurs connaissances générales, pouvaient aisément travailler ensuite. Aujourd’hui, c’est une usine de meubles de Djamboul qui travaille en partenariat avec plusieurs établissements scolaires (par le biais de stages professionnalisants pour les élèves) et qui produit les équipements pour les écoles allemandes du Kazakhstan 423 .

À la fin des années 1980, les stages en entreprises se multiplient. Nous avons pu relever de nombreux témoignages dans la presse disant que rien ne vaut d’allier la pratique à la théorie. Prenons comme exemple le cas d’Irina Ehrlich 424 , élève de l’école primaire n° 18 d’Alma-Ata : les élèves font des stages en entreprise pour apprendre ce qu’est le travail et avoir un aperçu du métier qu’ils envisagent éventuellement d’exercer. Tous les corps de métiers sont représentés par les maîtres qui forment les élèves (ouvrier, vendeur, tailleur, secrétaire, standardiste, mécanicien, etc.). L’élève apprenti choisit le domaine qu’il veut. Mais il semble que les filles n’aient pas accès à tous les métiers. Certains postes semblent être exclusivement féminins et d’autres exclusivement masculins. Et même si elles souhaitent pratiquer dans un domaine précis, elles se voient parfois refuser le stage. Irina et une amie, Dinara, ont choisi de travailler au bureau de poste. Une fois par semaine, elles ont un cours théorique sur le métier d’opératrice des postes et télécommunications et le reste du temps elles travaillent à la poste n° 124 d’Alma-Ata. Le travail est parfois difficile mais elles travaillent avec soin et avec l’aide de la formatrice Ludmila Pavlovna Klimova. Les élèves ont ainsi assuré plusieurs fonctions au sein de la poste. La plus dure selon elles a été l’expérience de factrices qu’elles trouvent très éprouvante mais instructive. Irina a apprécié le contact avec les gens, surtout quand elle leur apporte le journal qu’ils attendent tant. Elle témoigne d’ailleurs de l’engouement grandissant pour les journaux de langue allemande comme Neues Leben principalement. Valentina Ivanovna, satisfaite de leur travail, a invité les jeunes filles à retravailler à la poste l’année suivante. Elles ont même été rémunérées 110 roubles par mois.

Voyons maintenant une autre expérience professionnalisante, relatée par Ernst Liebich 425 . Une entreprise de Taldy-Kourgan, spécialisée en métallurgie, emploie régulièrement depuis les années 1980 des jeunes ouvriers apprentis dans le cadre de stages professionnels, avec des maîtres d’œuvre et des ouvriers. L’entreprise fonctionne principalement sur son système de formation polytechnique. Chaque année, elle reçoit environ 345 élèves des classes de 7ème jusqu’à la 10ème (venant principalement de l’école Nikolaï Ostovski). Ce sont des enfants de toutes les nationalités, allemande y compris. Les élèves y accomplissent leur stage de production d’outils de jardinage. Ils travaillent quatre heures par jour et sont rémunérés pour les tâches accomplies. Beaucoup d’entre eux restent ensuite à l’usine, dont la moyenne d’âge est de plus en plus jeune. C’est le professeur Nikolaï Alexeïevitch Borissov qui dirige le complexe industriel et s’occupe de la formation de ces jeunes. Son expérience familiale et professionnelle l’a, selon lui, beaucoup aidé à faire progresser le processus. Il est fier de son succès et de la réussite des apprentis. Il a même réussi en 1985 à obtenir des salles de classe pour l’apprentissage théorique. Des films et des diapositives montrent la qualité des produits finis, mais aussi les difficultés du monde ouvrier, les perspectives de développement de l’entreprise. En somme, c’est un bel outil de formation technique professionnalisante dont disposent les élèves de la région. Des expériences gratifiantes comme celles-là sont nombreuses et témoignent d’un changement de méthodes pédagogiques.

Récemment des établissements d’enseignement supérieur spécialisés allemands ont été fondés. En 1990 a été créé le Kasachstanisches Deutsches College 426 , une école de commerce allemande de haut niveau, reconnue par les milieux financiers. Cette école se dit être en faveur du développement de l’enseignement professionnel spécialisé. La formation offerte dans cette école est de qualité puisque les jeunes diplômés peuvent ensuite accéder directement à la licence à l’université, pour ceux d’entre eux qui souhaitent faire des études longues. Les autres trouvent en général facilement des stages dans les organismes financiers, auprès des banques et peuvent prétendre à un poste par la suite. C’est un des rares établissements spécialisés en commerce et allemand de surcroît au Kazakhstan.

Quelle est la situation plus récemment ? Á la rentrée 1997-1998, on comptait 1 905 établissements d’éducation pré-scolaire fréquentés par 184 500 enfants (crèches, jardins d’enfants). Dans la République fonctionnaient 8 027 écoles avec 3 070 200 élèves dont 7 929 écoles d’éducation générale avec 3 050 900 élèves. Fonctionnaient également 31 écoles d’instruction à temps complet et 21 centres pour adultes. Un enseignement d’un nouveau type s’est développé avec 216 établissements, soit 131 collèges et 85 lycées. De plus, l’on dénombrait aussi 40 maisons communes pour enfants (5 006 enfants) ; 43 maisons familiales pour enfants avec 26 enfants ; 22 pensionnats pour orphelins ou enfants abandonnés (ce qui représentait 3 881) enfants ; 48 pensionnats de type classique avec 15 647 enfants ; 249 pensionnats rattachés à des écoles avec 8 250 élèves ; 32 pensionnats pour les enfants déficients mentaux ou handicapés (4 853 enfants concernés) ; 1 pensionnat pour les enfants difficiles (93 élèves). En 2002, il y a plus de 1900 établissements d’enseignement préscolaire (crèches, écoles maternelles), fréquentés par 184 500 d’enfants. Le système de l’enseignement secondaire comprend 8 027 écoles (3 070 200 élèves), 131 collèges, 85 lycées, 62 écoles du soir, 31 écoles d’études de jour et par correspondance, 21 centres d’enseignement secondaire pour les adultes, 40 maisons d’enfants du type général (5 066 élèves), 43 maisons d’enfants du type familial (266 élèves), 48 écoles-internats du type général (15 647 élèves), 22 écoles-internats pour les orphelins (3 881 élèves), 249 internats auprès des écoles (8 250 élèves), 32 écoles-internats pour les handicapés (4 853 élèves).

Prenant en considération des besoins ethniques de la population, l’éducation scolaire est donnée dans sept langues. Sur le nombre total d’écoles, 3 291 écoles dispensent leur enseignement en kazakh, 2 406 en russe, 2 138 en russe et kazakh, 77 en ouzbek, 13 en uigur, six en tadjik, en ukrainien et en allemand. Dans les zones à forte concentration de nationalités précises, nombreuses mais en petit nombre, les enseignements sont parfois dispensés en 14 langues. Dans la République, il y a 292 écoles professionnelles pour 117 000 jeunes, recoupant plus de 300 professions. 790 institutions extra-scolaires s’occupent de l’éducation de 383 000 étudiants, renforcées par d’autres établissements : 107 centres et maisons d’éducation, 47 stations pour naturalistes, techniciens, touristes, 531 écoles de musique, d’art ou de sport pour plus de 142 000 jeunes. L’éducation supérieure dispose de 126 institutions, 53 étatiques et 73 privées, de 230 institutions professionnelles secondaires, dont 174 étatiques et 56 privées. Pour les étudiants étrangers, 47 établissements fonctionnent : cela représente une fréquentation de 3 598 étudiants venant de 43 pays.

Notes
422.

in Neues Leben, 02/07/1986, p. 10.

423.

in Freundschaft, 21/05/1997, p. 4.

424.

in Neues Leben, n° 47, 16/11/1988, p. 11.

425.

« Kinder zur Freude », in Neues Leben, 16/11/1988, p. 12.

426.

« Republikbestes College », in Deutsche Allgemeine Zeitung, 27/06/1998, p. 3.