III- 1.1.2. Au XIXe siècle

Dès la fin du XVIIIe siècle et surtout dès le début du XIXe, les organes de presse russes se diversifient. La presse allemande bénéficie de cette période faste. Voici des exemples de journaux germanophones publiés à cette époque en Russie :

  • Rigische (Rigaische) Anzeigen du 9 juillet 1876 au 27 octobre 1852, remplacé par le Mitausche politische und gelehrte Zeitung (1780-1782) puis le Mitausche Zeitung qui fut appelé Allgemeine Deutsche Zeitung für Russland de 1811 à 1831 puis repris le nom de Mitausche Zeitung dès 1832.
  • Le Rigaische politische Zeitung, publié du 2 janvier 1778 au 1er mai 1797, fut remplacé par le Riga(i)sche Zeitung, interdit le 1er avril 1889 et qui reparut du 2 janvier 1907 jusqu’en 1914.
  • Für Leser und Leserinnen de 1780 à 1781.
  • Dörptsche politische gelehrte Zeitung dès le 1er juillet 1789 remplacé par le Dörptsche Zeitung jusqu’en 1875.
  • Livländische Lesebibliothek en 1796.
  • Der Zuschauer du 16 juillet 1807 au 31 décembre 1856.
  • Rigaische Stadtblätter (1810-1907).
  • Pernausche wöchentliche Nachrichten (1813-1821) remplacé par le Pernausches Wochenblatt (1822-1869).
  • Neue inländische Blätter (1817-1818).
  • Libausche Zeitung de 1823 à 1927.
  • Ostsee-Provinzen-Blatt (1823-1827).
  • Nichtpolitische Zeitung für Deutsch-Russland du 1er juillet 1826 au 28 décembre 1832 avec quelques interruptions 513 .

Avec la création du Unterhaltungsblatt für deutsche Ansiedler im südlichen Russland commence l’histoire de la littérature régulière des colons allemands. Cet organe de presse fut fondé en 1846 à Odessa et dissout en 1863. Les thèmes abordés étaient presque exclusivement des conseils sur des questions agricoles et des discussions. Il fut relayé par le Odessaer Zeitung für Politik, Kunst, Handel, Industrie und Kolonisation dont le premier numéro est paru le 1er janvier 1863. Le journal comportait quatre suppléments : pour les agriculteurs, les conseils pour les champs et la maison, un supplément d’illustrations, des débats. Le fondateur de l’Odessaer Zeitung était le journaliste et éditeur Louis Nietzsche. Il diffusait ses journaux dans les magasins de la ville, chez les fermiers et les industriels, touchant ainsi davantage de monde que le titre du journal ne pouvait le laisser présager. Á la fin des années 1880, le journal était devenu un véritable porte-parole des colons du sud de la Russie. Le rédacteur en chef Karl Wilhelm* écrivait dans un éditorial au sujet de l’importance de ce journal qu’il s’agissait là d’un recul après quarante années d’existence :

‘« Le journal a avant tout habitué ses lecteurs à la chose publique ; la rédaction a combattu courageusement les maux et les dommages qui freinent le véritable progrès culturel et économique dans les territoires des colonies… Quiconque voulait atteindre quelque chose de bien disposait du journal, qui constituait le meilleur et le seul organe de presse à disposition… Le journal représente un facteur culturel de la plus haute importance pour nos colonies allemandes » 514 . ’

Régulièrement dans le journal étaient traités des problèmes agricoles, de sciences modernes, des expériences différentes étaient partagées. Les questions sur l’Église et l’école étaient également abordées. Le journal ne soutenait pas forcément les efforts faits en matière d’éducation et de culture. Néanmoins, certaines associations nouvelles étaient évoquées et leur évolution était soutenue et suivie de près. Le journal forma un cercle de vie sociopolitique et culturelle dans les colonies allemandes du sud de la Russie. Le 13 octobre 1864 paraît le premier numéro du Saratowsche Deutsche Zeitung, le plus ancien journal des Allemands de la Volga. Les thèmes abordés étaient les suivants : nouvelles officielles, événements récents, politique, technologie, commerce, feuilletons, chroniques dont les chroniques familiales, récits, culture, etc. La montée du fanatisme national chez les slavophiles, l’évolution de l’administration dans les villages allemands (1866-1876) et surtout l’introduction du service militaire général (1874) déclencha une recrudescence des manifestations au sein de la population allemande de Russie. Á cela s’ajoutèrent d’autres problèmes que le gouvernement avait du mal à gérer comme l’émigration des Mennonites. Des dizaines de milliers de fermiers quittaient le pays en protestant sur leur sort et sur la patrie, cherchant exil au Canada, au Brésil et en Argentine. Les intellectuels allemands se mobilisèrent au sein de leurs associations, dans les églises afin de discuter de la situation. Ils souhaitaient maintenir leur liberté de parler et d’écrire en allemand. Il s’agissait donc de préserver la mentalité nationale des Allemands de Russie. L’historien David Schmidt déclara à ce sujet :

‘« … [la presse parvint] à ne pas être emportée par les vagues de la politique de russification, elle réussit aussi à protéger les écoles religieuses de la russification » 515 . ’

Soutenues par les église à cette époque, apparurent de nombreuses maisons d’édition telles que Sojus à Saratov, Energie, en Ukraine les éditions protestantes Gottlieb Schaad à Prischib, les éditions mennonites Raduga à Halbstadt et à Odessa le Nietzsche-Verlag. De nouveaux journaux virent le jour comme dès 1863 à Odessa le Neue Haus- und Landwirtschaftskalender. Á Beideck (Talovka) fut créé le Hölzsche Kalender ; à Prischib le Molotschnaer Volkskalender en 1881 ; à Saratov dans les années 1880 Der Volksbote et l’Odessauer Rundschau ; à Odessa Die deutsche Volkszeitung ; à Saratov encore le Klemens, journal catholique, qui fut remplacé à Odessa par le Deutsche Rundschau jusqu’en 1914, un supplément hebdomadaire qui paraissait le dimanche. Les Allemands des États baltes ont également créé un certain nombre de journaux dont les plus importants sont Rigaer Blätter (1866-1868), Zeitung für Stadt und Land (à Riga 1867-1894), Baltische Zeitung (à Riga 1872-1874), Düna-Zeitung (1888-1909). Dans les principales villes se développait donc un système de presse urbain. Il s’agitait du Medizinische Zeitung Russlands (Saint-Pétersbourg 1844-1860), Evangelisches Sonntagsblatt (Saint-Pétersbourg – Petrograd 1858-1915), Nordische Presse (Saint-Pétersbourg 1870-1874) qui a fusionné avec le St Petersburger Zeitung (1727-1916), Deutsche Blätter für Russland (Saint-Pétersbourg 1868-1872), Moskauer Deutsche Zeitung (1865, 1870-1914), Sankt Petersburger Herold (1875-1915), devenu la dernière année le Petrograder Herold.

Notes
513.

K. EHRLICH, Lebendiges Erbe, Aufzeichnungen zur Siedlungsgeographie und Kulturgeschichte der Deutschen in Russland und in der Sowjetunion. Alma-Ata, 1988, p. 247-248.

514.

J. STACH, Die deutschen Kolonien in Südrussland, Prischib, 1904, p. 108 : « Die Zeitung hat unsere Kolonien vor allen Dingen an die Öffentlichkeit gewöhnt. Sie hat stets mutig gegen alle Übelstände und Schäden gekämpft, welche den wahren Fortschritt auf sittlichem und wirtschaftlichem Gebiet in den Kolonien hemmen… Wer in den Kolonien nur etwas Gutes erreichen wollte, dem stand die Zeitung als das geeigneteste, ja einzige Pressorgan stets bereitwillig zur Verfügung… So stellt die Zeitung einen hochbedeutsamen Kulturfaktor für unsere deutschen Kolonien dar… ».

515.

« von der Wellen den Russifizierungspolitik nicht unterhöhlt wurde, sie brachte es auch fertig, ihre Kirchenschulen von der Russifizierung zu schützen », in « Nachwuchs für die deutsche sowjetdeutsche Presse », in Neues Leben, 16/05/1990, p. 7.