Freundschaft et Deutsche Allgemeine Zeitung

Tout a commencé avec Freundschaft (Amitié), le journal quotidien de la population germano-soviétique du Kazakhstan selon son intitulé : « Tageszeitung der sowjetdeutschen Bevölkerung Kasachstans ». Cet intitulé changea à la fin des années 1980 pour « Deutsche Tageszeitung für Politik, Wirtschaft und Kultur » (Journal quotidien allemand de politique, d’économie et de culture). « Die Freundschaft ist da ! » (le journal Freundschaft est arrivé) pouvait-on lire dans l’éditorial du tout premier numéro.

‘« Nous croyons que personne ne pourra nous reprocher les éloges que nous nous adressons et notre manque de modestie si nous convenons avec nombre de nos lecteurs que le fait qu’aujourd’hui chaque Allemand soviétique, au Kazakhstan et dans les territoires voisins, puisse lire chaque jour, dans sa langue maternelle, un grand journal traitant de sujets divers sur la patrie, sur les événements internationaux, les problèmes politiques actuels, économiques, culturels et scientifiques, est véritablement un beau cadeau de Nouvel An » 547 .
« Il est évident encore une fois que le pouvoir soviétique aspire non seulement à donner à toutes les nationalités de notre grand pays les mêmes possibilités d’œuvrer activement dans tous les domaines de la vie publique, mais aussi à favoriser le plus possible leur développement en tenant compte des particularités nationales. Il nous incombe donc, en ce début d’année 1966, d’adresser au nom de tous nos lecteurs nos remerciements les plus sincères au Parti de Lénine et au gouvernement soviétique… » 548 .’

La rédaction du nouveau journal Freundschaft était principalement constituée à ses débuts d’intellectuels germano-russes et de linguistes, souvent retraités, dont les écrivains Ernst Kontschak et Irma Richter, présidente du club des amis de la langue allemande de Kharkov. Avant la guerre, ils vivaient à Halbstadt, aujourd’hui Molotchansk, en Ukraine. Irma Richter a fait ses adieux à la rédaction fin 1995, elle a été largement remerciée par la rédaction et les collègues et un numéro lui fut même consacrée. Le journal Freundschaft a paru pour la première fois à Tselinograd au Kazakhstan le 1er janvier 1966. La rédaction lança dans le premier numéro un appel aux lecteurs :

‘« Dès aujourd’hui, chaque Allemand soviétique au Kazakhsta,n mais aussi dans les territoires voisins, peut avoir chaque jour un grand journal qui traite, dans sa langue maternelle, des événements qui surviennent dans notre patrie soviétique, des événements à l’étranger, des problèmes actuels politiques, économiques, culturels et scientifiques. Notre journal reflètera ainsi la vie de la République kazakhe, les réalisations des habitants. Ainsi, dans nos colonnes (notre titre à lui seul nous y engage, et en l’occurrence c’est le D.A.Z.), nous exprimerons l’amitié entre les peuples de notre République et de toute l’Union soviétique, cette grande force de notre progression vers le communisme » 549 . ’

Sa parution fut mentionnée dans un article intitulé « Eine Zeitung wird geboren » de Neues Leben le 19 janvier 1966 550 . Le premier rédacteur en chef était le communiste Alexeï Debolski* qui avait travaillé de 1946 à 1949 à la rédaction du Tägliche Rundschau de Berlin. Parce qu’il manquait des collaborateurs maîtrisant parfaitement la langue littéraire allemande, Alexeï Debolski forma, certes en faisant face à de nombreuses difficultés, un collège rédactionnel, le premier du genre, au sein du journal. Le journal était publié en 1966 sur quatre à six pages, cinq jours par semaine (Freundschaft était en effet publié tous les jours sauf le dimanche et le lundi), à un tirage estimé à environ 5 000 exemplaires 551 . Le journal était publié sur un format de feuilles A1. Son sous-titre était à l’origine « Proletarier aller Länder, vereinigt euch ! » (Prolétaires de tous les pays, unissez-vous), mais fut changé dans les années 1980 par « Für Einigkeit, Demokratie und Humanismus ! » (Pour l’union, la démocratie et l’humanisme). Il coûtait deux kopecks en 1970 et son prix augmenta régulièrement, mais sans excès puisqu’en décembre 1990, juste avant la fin de sa parution, il coûtait trois kopecks. De nombreux lecteurs étaient abonnés au journal.

Dès 1966, les rubriques étaient les suivantes : en page une, les nouvelles internationales et de politique internationale ; en page deux, « Partei- und Politische Massenarbeit » ou « Mensch und Gesellschaft » ou « Kultur und Kunst » ou « Der Leser greift zur Feder » ; en page trois, « Wirtschaft » ou « Junge Garde » ou « Kinderfreundschaft » ou « Frauenseite » ; et en page quatre « Information und Unterhaltung » ou « Aus aller Welt ». Les lecteurs bénéficient également d’articles sur le sport, des récits humoristiques et d’articles sur la médecine. Le sport est important à l’école et est largement reflété dans le journal, notamment lors de championnats inter-scolaires. Sont également présents les dessins humoristiques, les mots croisés. Freundschaft avait une édition spéciale en mai sur le thème de la solidarité, du travail et de la paix. Par ailleurs, les thèmes fondamentaux traités étaient la vie quotidienne et le travail des Allemands du Kazakhstan, des informations sur la politique et l’économie, des rapports sur les avancées culturelles, le courrier des lecteurs, les nouvelles sportives. Paraissait également régulièrement une rubrique littéraire (« Literaturseite ») sur une à deux pages, une rubrique féminine (« Frauenseite ») et une rubrique enfantine (« Kinder-Freundschaft »), ainsi qu’une chronique sur les cours d’allemand en langue maternelle (« Sorgenkind muttersprachlicher Deutschunterricht ») et la rubrique bibliographique (« Büchermarkt der Freundschaft »). Le journal ne tenait pas compte des problèmes nationaux et les particularités des lecteurs dans les premières années de sa création, pour des raisons politiques et de censure. Nous pouvons compter parmi les collaborateurs de la rédaction, en 1966, Robert Pretzer, Rudolf Jacquemien*, Dominik Hollmann, Ernst Kontschak, Karl Welz, Gustav Olscheidt, David Wagner, Jakob Friesen, Kornelius Neufeld*, Alexander Hasselbach*, Georg Haffner, Ida Bender, Maria Klita, Luise Hörmann, Herbert Eck, Heinrich Ediger, David Neuwirt, Rosa Hasselbach, en 1970 Joachim Kunz, Eugen Warkentin, Georg Bau, David Wagner, Ewald Peters, Johann Schloss, Heinrich Ediger, Heinrich Heinz. Á la rédaction, depuis le 22 janvier 1966, nous pouvions trouver Jakob Friesen, qui avait quitté son poste occupé depuis cinq ans à la rédaction de Tribuna. Le rédacteur en chef de Freundschaft était alors Alexeï Schmeliov (aujourd’hui Debolski). Autres membres : Rudolf Jacquemien, Ernst Kontschak, Irma Richter, Leo Weidmann*, Alfred Funk, Pavel Pochodin (qui travaillait déjà pour Neues Leben à Moscou), Johann Schloss, Adam Wotschel, Valentina Teichrieb, Weta Geschewa ; puis avec le temps rejoignirent la rédaction Alexander Korbmacher, Kornelius Neufeld, Erik Chwatal, Leonhard Marx, Abraham Friesen, Irina Kramer, Johann Bittner, Johannes Reiswig, Alexander Frank*, Ronald Krause, Artur Hörmann*, Alexander Hasselbach, Ralf Pfeffer, Jakob Gerner, Eugen Hildebrand qui était encore rédacteur du journal en 1995.

Dès février 1987, le journal fut transféré de Tselinograd à Alma-Ata qui venait d’être choisie comme nouvelle capitale kazakhe. Dès janvier 1991, l’on aurait pu penser que le journal avait disparu 552 . En fait, il fut publié sous un autre nom et sous une forme différente : il devint le Deutsche Allgemeine Zeitung (Journal allemand général). Le complément en russe du journal s’intitule Nimietzkaïa Gazieta (Le journal allemand) et est publié une fois par semaine. Le Deutsche Allgemeine Zeitung ou DAZ est sous-titré « Wochenzeitung der Deutschen in Kasachstan für Politik, Wirtschaft, Kultur », comme anciennement Freundschaft. La mention « Gründungsjahr 1966 » est d’importance puisqu’elle signifie à elle seule le lien entre Freundschaft et le Deutsche Allgemeine Zeitung. Ceci étant, la rédaction avait publié un numéro spécial, le 1er janvier 1991 553 , pour signifier aux lecteurs le « passage de témoin » et présenter par la même occasion un historique complet sur Freundschaft. En général, la répartition des articles et rubriques était comme suit : en première page, de gros titres bilingues et une présentation des pages intérieures ; en page deux, des articles sur l’Allemagne ; en page trois les événements de la semaine écoulée ; en page quatre des thèmes sur le Kazakhstan ou l’émigration ; en page cinq des thèmes culturels (sur les traditions) ou concernant les communautés allemandes au Kazakhstan et dans le reste de l’U.R.S.S. ou de la C.E.I. ; en page six, des articles sur l’étranger, en page sept des articles précis sur les Allemands de Russie (souvent à orientation historique) ou sur les jeunes générations, enfin en page huit des articles divers. Parfois certains numéros proposent davantage de pages.

Depuis 1991, le Deutsche Allgemeine Zeitung paraît tous les samedis à Almaty au Kazakhstan. Son architecture est la suivante : en page 1, la politique intérieure et internationale et les rubriques « In dieser Aufgabe », puis la présentation de différents articles en russe et en allemand, suivie de la rubrique « Rundfunksender melden » ; en page 2, les rubriques « Soziales und Geschichte », la liste des membres de la rédaction du journal dirigée depuis 1994 par Konstantin Ehrlich* ; en page 3, le supplément Nimietskaïa Gazieta, avec des faits divers historico-culturels et des commentaires ; en page 4, la rubrique sur les Allemands de Russie : histoire et histoire contemporaine ; en page 5, les rubriques concernant l’écologie, le sport ou « Tag für Tag » (informations pratiques) et « Germania » (informations sur l’Allemagne). Les trois pages suivantes sont en russe. La page 6 traite de culture, la page 7 donne la parole aux lecteurs (« Meinungen und Meldungen ») et la page 8 regroupe des informations diverses sur les loisirs (« Sonstiges »). Le journal est donc composé de huit pages au total voire douze quand il contient le supplément intitulé Nimietskaïa Gazieta. Notons que ce supplément récent, Nimietskaïa Gazieta, prend de l’ampleur. Son sous-titre est Еженедельное Приложение к Дойче Альгеманйне. Il est du même format que Neues Leben et coûtait à sa création, en 1991, cinq kopecks. Quelques modifications rédactionnelles ont été effectuées en 1994 puisque les numéros en 1993 qui se présentaient encore comme suit : en page 2 « Politik und Wirtschaft » ; en page 3 « Rund um die Welt » ; en page 4 « Kultur » ; en page 5 « Literatur » ; en page 6 « Briefe, Meinungen und Meldungen » ; en page 7 « Wochenausgabe für Kinder » ; en page 8 « Welt und Glauben » ou « Umwelt und Gesundheit » ; en pages 9-10 en russe des commentaires sur la société et l’histoire ancienne et contemporaine (События и Комментарии ; История и Современность) ; en page 11 (parfois en russe) des articles sur des thèmes de culturels et littéraires, des poèmes et récits de la « Sovietdeutsche Literatur » mais traduits en russe ; en page 12 « Die 12. Seite » contenant des informations diverses.

Le rédacteur en chef est désormais Konstantin Ehrlich, ses adjoints étant Jakob Gerner et Erik Chwatal. La rédaction est formée d’Eugen Hildebrand (rédacteur stylistique), Woldemar Fink (chef du service), Heinrich Brockzitter et Edgar Eichholz (secrétaires de la rédaction), les poète et écrivains Viktor Heinz* (pour la rubrique littéraire), Reinhold Leis* (rubrique professorale), Alexander Diete (courrier des lecteurs), Robert Korn* (rubrique culturelle) pour le principal de l’équipe rédactionnelle. Les autres membres de l’équipe présents depuis la fin des années 1970 sont Hedwig Kuhn, Ella Tolokonnikova, Narziss Viatkin. Ont également participé par des contributions régulières à la parution du journal Klemens Eck*, Artur Hörmann, Helmut Heidebrecht*, Alexander Frank, Rinaldo Schmidtlein, Paul Rangnau, Ronald Krause, Tatiana Kostina, Viktor Wiedmann, Georg Stössel, Bertha Wüst, Alexander Windholz, Larissa Torbina, Annette Frank, Nadeshda Haas, Natalia Spät, Ludmilla Tem, Robert Franz, Johann Reiswig, Wladimir Stürz, Alexander Dorsch, Igor Trutanov, Youri Weidmann, Konstantin Zeiser, Leonid Bill, Alexander Reisch. Les derniers entrés à la rédaction sont Alexander Haas, Polat Karimov, Heinrich Auras, Katharina Kim, Svetlana Samenko, Maguira Chabassova, Ella Jäger, Natalia Soussoïeva 554 . Le journal traite aujourd’hui les problèmes nationaux des Allemands en Union soviétique et publie l’héritage littéraire et culturel qu’ont laissé les Allemands de Russie qui ont disparu. Néanmoins, malgré cette richesse, le cercle de lecteurs se rétrécit.

C’est la documentaliste Amalie Neuwirt qui travailla le plus longtemps à la rédaction. Les traducteurs étaient Luise Hörmann, Eugen Hildebrand, Maria Klita, Ida Bender… Pour les reportages, David Neuwirt puis Viktor Krieger étaient considérés comme des maîtres de la photographies. Karl Welz traitait les questions économiques. Certes, il était plutôt littéraire mais personne, jusqu’à David Wagner, n’avait alors les compétences de diriger le secteur économique. Dans ce secteur travaillèrent sur différentes périodes Wladimir Borger, Alfred Funk, Jakob Friesen, Arvid Lange, Eugen Warkentin, Johann Sartison, Johann Bittner… Les autres collaborateurs étaient Johann Schmauss, Wladislaw Deobald, Adam Merz, Woldemar Fink, Georg Stössel, Lydia Alexeïeva, Alfred Funk, Ronald Krause, Viktor Wiedmann, Natalia Spät, Heinrich Ediger, Elisabeth Geschewa, Hedwig Kuhn, Leo Weidmann, Helmut Heidebrecht, Annette Frank…

Notes
547.

« Wir glauben, niemand wird uns Selbstlob oder Unbescheidenheit vorwerfen, wenn wir mit vielen von unseren Lesern übereinstimmen, dass dies wirklich ein schönes Neujahrsgeschenk ist, von heute an kann jeder Sowjetdeutsche in Kasachstan wie auch in den Nachbargebieten täglich eine grosse Zeitung haben, die ihn in seiner Muttersprache über die Ereignisse in unserer Sowjetheimat, über das Geschehen im Ausland, über die aktuellen Probleme der Politik, der Wirtschaft, der Kultur und Wissenschaft unterrichten wird ».

548.

« Darin kommt erneut das Streben unserer Sowjetmacht zum Ausdruck, allen Nationalitäten unseres grossen Landes nicht nur die gleichen Möglichkeiten zu einer aktiven Mitwirkung in allen Bereichen unseres öffentlichen Lebens zu geben, sondern sie auch unter Berücksichtigung der nationalen Besonderheiten möglichst weitgehend in ihrer Entwicklung zu begünstigen. Darum obliegt es uns, an diesem ersten Tage des neuen Jahres 1966, der Leninschen Partei und der Sowjetregierung im Namen aller Leser unseren innigsten Dank auszusprechen… »

549.

« Von heute an kann jeder Sowjetdeutsche in Kasachstan wie auch in den Nachbargebieten täglich eine Grosse Zeitung haben, die ihn in seiner Mutterpsrache über die Ereignisse in unserer Sowjetheimat, über das Geschehen im Ausland, über die aktuellen Probleme der Politik, der Wirtschaft, der Kultur und Wissenschaft unterrichten wird… Unsere Zeitung wird das Leben der kasachischen Republik, das Schaffen ihrer Bewohner umfassend schildern. Dabei wird in unseren Spalten – allein unser Titel verpflichtet und schon Deutsche Allgemeine Zeitung – die Freundschaft der Völker unserer Republik und der ganzen Sowjetunion, diese grosse Kraft bei unserem Vormarsch zum Kommunismus, deutlich zum Ausdruck kommen ».

550.

Voir ANNEXE LXXXV : annonce du premier numéro de Freundschaft dans Neues Leben, 19/01/1966.

551.

Selon nos estimations, puisque les statistiques officielles sont pour la période couvrant de 1968 à 1973 de 68 900 exemplaires.

552.

En 1996, le Deutsche Allgemeine Zeitung, anciennement Freundschaft, fêtait ses trente ans. Freundschaft fut publié du 1er janvier 1966 à janvier 1991, soit 6 835 numéros.

553.

Cf. n° 1 (6379), 01/01/1991. Pour la lettre d’information adressée aux lecteurs, voir ANNEXE LXXXVI.

554.

Voir les NOTICES BIOGRAPHIQUES placées en annexe.