En décembre 1955 paraît le premier numéro du journal Arbeit à Barnaoul, qui devient ainsi le premier journal germanophone de l’après-guerre 555 , mais pas le plus important contrairement à Freundschaft, paru plus tard et journal majeur. Viktor Petrov, communiste russe et ancien collaborateur du Täglicher Rundschau de Berlin-Est, prend la direction du journal. Il est rejoint par Woldemar Spaar et Johann Schellenberg, puis par les écrivains soviétiques allemands Dominik Hollmann et Ewald Katzenstein. Le journal était composé de notices, de contributions et de feuilletons sur la vie des Allemands de l’Altaï et publiait des œuvres de la littérature soviétique allemande. Le journal Arbeit a cessé d’être publié en avril 1957 par manques de moyens. Il est alors relayé mi-juin 1957 par les journaux de rayon Rote Fahne à Slavgorod et Arbeitsbanner à Snamenka. Ces deux journaux de petit format paraissaient les mercredis et les dimanches. Le rédacteur en chef du journal Arbeitsbanner était à l’époque Joachim Kunz, celui de Rote Fahne était Peter Mai. En 1959, ces deux journaux furent réunis sous un seul et même titre Rote Fahne, afin de diminuer les coûts d’édition et de toucher davantage de lecteurs. Cette initiative ne fut pourtant pas un succès comme nous allons le voir.
Le premier numéro du journal Rote Fahne (Drapeau Rouge) a paru pour la toute première fois le 15 juin 1957 en Russie, comme nous venons de l’expliquer, puis sous une forme différente dès le 1er juin 1965. Il fut publié à 500 exemplaires sur deux pages uniquement durant les premiers mois de son existence, en 1957 (mais fut publié à 4 000 exemplaires en 1977 avant de revenir à 2 600 exemplaires en 1984). Ce journal constitua une véritable surprise pour les familles soviétiques allemandes du rayon de Slavgorod puisqu’il était rédigé en allemand, leur langue maternelle. La création de Rote Fahne a été entreprise par le Parti communiste dans l’intérêt de la population allemande de la région de l’Altaï. Son intérêt était évident et le journal affichait clairement ses objectifs. Ainsi, le programme de Rote Fahne a été formulé en vers par V. Klein et peut constituer un paradigme pour l’ensemble de la presse allemande en U.R.S.S. : « Rote Fahne souhaite montrer / comment le peuple maîtrise le Plan imposé / comment le citoyen soviétique allemand / main dans la main avec les autres peuples / réussit à terrasser le communisme » 556 . Un nouveau rédacteur en chef arriva au journal en 1960 pour tenter de redresser la situation financière : Johann Schellenberg ; il remplaça Woldemar Spaar, resté peu de temps après Peter Mai. Il recruta tout de suite des collaborateurs compétents. Ainsi rejoignirent la rédaction Woldemar Herdt*, Edmund Günther, Friedrich Bolger, Andreas Kramer, et, à différentes périodes, Peter Klassen, Alexander Beck, Viktor Weber, Reinhold Leis, Hugo Hermann, Amalie Lindt, Katharine Balde, Emma Rische, Karl Wacker entre autres. Le 1er juin 1965 Rote Fahne fut publié en format double sur quatre pages (petit format) et bi-hebdomadaire. Les rédacteurs essayèrent dès cette époque de relater dans leurs articles les particularités nationales allemandes. En mars 1975, Johann Schellenberg fut relevé de ses fonctions mais le journal continua sous sa nouvelle forme et avec un nouveau comité de rédaction. Á la fin des années 1980, le journal avait des abonnés dans tous les rayons des steppes de Kulunda. Johann Schellenberg lui laissa ensuite son poste à Rudolf Erhardt. La rédaction compta de nombreux collaborateurs, correspondants et employés, tous très actifs et constituant la première richesse du journal. Une atmosphère très saine et conviviale, voire familiale, régnait au sein du groupe rédactionnel et du reste du groupe de travail. Ils peuvent se vanter aujourd’hui d’avoir joué un rôle d’organisateurs collectif de la vie allemande, de propagandistes et d’agitateurs sociopolitiques et culturels. Les membres de la rédaction les plus influents ont été Hans Schellenberg, Andreas Kramer, Friedrich Bolger, Edmund Günther, Amalie et Viktor Lindt, Johann Wagner*, Viktor Weber, Peter Klassen, Alexander Beck, Reinhold Leis, Katharina Balde, Emma Rische, Olga Bader.
Le journal a non seulement contribué à refléter la vie des fermiers allemands de l’Altaï, mais aussi aidé les ouvriers et employés à améliorer les rendements agricoles et à assurer de meilleurs résultats du cheptel bovin. Depuis le XXVIIème Congrès du Comité central du P.C.U.S., Rote Fahne œuvre pour la minorité allemande contre l’ostracisme, les persécutions et les préjugés, l’analphabétisme et la manque de culture. Fidèle aux traditions de la presse soviétique, Rote Fahne a permis l’échange entre les différents peuples de l’U.R.S.S. (par exemple par des traductions en russe, en ukrainien et dans d’autres langues de l’U.R.S.S.). Le journal a publié de nombreux auteurs soviétiques allemands comme Alexander Reimgen, Nelly Wacker, Ewald Katzenstein, Woldemar Herdt, Dominik Hollmann, Sepp Österreicher, Herold Belger, Alexander Hasselbach… De nombreux agriculteurs se sont impliqués dans la vie du journal en devenant correspondants comme Georg Dumrauf, Ella Fischer, Emma Gärtner, Heinrich Voth, Joseph Schiller, Alexeï Frolov, Marina Hein, rendant publique la vie du Parti et leurs activités professionnelles dans les entreprises, usines, écoles et établissements scolaires. En 1985, Rote Fahne comptait 4 000 lecteurs et environ un millier d’abonnés 557 . La rédaction avait instauré le principe de distribuer un journal à chaque ancien ouvrier de l’armée de travail, touchant ainsi en 1985 1 375 personnes de plus dans l’Altaï. Le travail effectué par le journal sous sa rubrique « Kinderecke » (le coin des enfants) a été particulièrement apprécié et salué durant toute l’existence du journal. De nombreuses écoles communiquaient avec la rédaction : les écoles des villages soviétiques allemands Podsosnovo, Kussak, Redkaïa Doubrava, Degtiarka, Protassovo, Polevoïe. Andreas Kramer, membre de la rédaction, fut particulièrement marqué par son passage au journal. Son objectif principal était de montrer et de résoudre les problèmes spécifiques d’un journal national. Ce bi-hebdomadaire ne disparut pas fin 1991 mais fut repris sous un autre titre, en l’occurrence Zeitung für Dich dès janvier 1991. Son rédacteur en chef était alors Rudi Erhardt.
R. KORN, « Aus unserem Kulturerbe : Deutsches pressewesen in Russland und in der Sowjetunion », in Deutsche Allgemeine Zeitung, n° 76-81-90-98-105-114, 1991, p. 4.
« Rote Fahne möchte zeigen, / wie das Volk den Plan bezwingt, / wie der deutsche Sowjetbürger / Hand in Hand mit allen Völkern / Um den Kommunismus ringt », in Neues Leben, 04/05/1960.
http://www.press-guide.com/ZFD-history.htm