Nous allons maintenant voir que, par les biais des centres culturels, les Allemands du Kazakhstan bénéficient de la diffusion d’émissions de télévision sur l’ensemble du territoire afin d’améliorer leurs connaissances linguistiques en allemand et de bénéficier d’informations variées. Il y a d’ailleurs une étroite collaboration entre les rédactions des chaînes télévisées et les stations de radiophonie, privées mais aussi publiques. Ensemble, elles représentent environ 100 établissements. En effet, la télévision est à l’honneur. Presque chaque semaine, les journaux publient le programme télévisuel et cela, depuis le début des années 1970 567 . Quelle est la situation actuelle de la télévision allemande au Kazakhstan ? Plusieurs études ont été menées par les journalistes de langue allemande 568 . La télévision allemande existe depuis 1989. Elle est apparue pendant la perestroïka, alors que le sentiment de conscience nationale prenait de l’ampleur chez toutes les minorités nationales.
La première émission télévisuelle du paysage médiatique kazakh allemand fut « Guten Abend », diffusée dès 1989. Le premier rédacteur en chef de l’émission « Guten Abend ! » (« Bonsoir ! »), Alexander Frank, s’est efforcé de créer une émission sur la vie des Allemands soviétiques au Kazakhstan. Cette émission était diffusée une fois par mois et durait quarante minutes. Beaucoup ne s’attendaient pas à obtenir des informations sur l’histoire et la culture de leur peuple. L’émission eut donc rapidement un fort audimat. « Ce n’était qu’une goutte d’eau dans la mer » 569 , déclarait alors Rosa Steinmark*, aujourd’hui rédactrice en chef de la télévision allemande, qui est aussi directrice du théâtre allemand. Depuis, « Guten Abend ! » est la seule émission de langue allemande des médias kazakhs. Avec soixante minutes par semaine, l’émission est diffusée dans tout le Kazakhstan, dans le sud ouest de la Sibérie et dans le nord du Kirghizistan, c’est-à-dire là où il y a encore une forte concentration d’Allemands. Ce qui est particulièrement réjouissant, c’est que « Guten Abend ! » ne traite pas seulement de sujets ayant trait aux Allemands soviétiques mais aussi d’autres thèmes. Aujourd’hui, l’équipe se compose de cinq personnes qui travaillent avec acharnement pour que, deux fois par semaine, l’émission soit diffusée. Elle dure maintenant 25 minutes le lundi et 35 minutes le samedi. Le lundi, ce sont des informations régulières d’Alma-Ata qui sont données, parfois en direct des alentours, et le samedi, la plupart du temps, sont diffusés des portraits ou des chroniques culturelles.
La « Deutsche Welle » (Vague allemande) apporte son soutien à la rédaction avec du matériel et des cassettes. Ainsi parviennent au Kazakhstan des reportages sur des villes en Allemagne, et des informations sur la vie des Allemands soviétiques qui ont choisi d’émigrer en Allemagne. L’équipe télévisuelle manque de moyens financiers, ne serait-ce que pour aller en Allemagne ou pour tourner un film sur les Aussiedler allemands soviétiques. « Parce que c’est aujourd’hui très important, nous faisons des reportages au moins une fois par trimestre sur l’intégration de nos compatriotes, mais c’est encore trop peu », déclare Rosa Steinmark 570 . Il faut souligner que l’émission n’éveille plus seulement l’intérêt des spectateurs d’origine allemande mais de tous en général.
La situation économique générale du Kazakhstan n’arrange pas le cas de la télévision allemande. L’existence de cette télévision allemande au Kazakhstan reste très problématique. Les mauvaises conditions économiques dans lesquelles le pays se trouve agissent négativement sur le travail de l’ensemble des émetteurs kazakhs. C’est pourquoi la rédaction de « Guten Abend ! » doit trouver des sponsors. Elle n’a aucune possibilité de former du personnel. Le département allemand de la faculté de journalisme à l’université d’État Al-Farabi, qui avait été créé pour les médias allemands au Kazakhstan, qui forma de 1986 à 1995 des journalistes, a été fermé. Les rédactions de journaux, de télévision et de radiophonie sont donc contraintes de recruter des journalistes à l’étranger. Souvent, ceux-ci n’ont pas ou peu de connaissances en russe ou en kazakh. La situation est donc compliquée. Rosa Steinmark a sollicité l’aide à l’Institut für Auslandsbeziehungen pour recruter du personnel. Il est important également que les médias en Allemagne et au Kazakhstan poursuivent et approfondissent leur collaboration. Malgré toutes ces difficultés, un travail de qualité, se poursuit. Un studio a été installé en 1998 grâce à des moyens financiers allemands. En marge des informations à caractère général, la rédaction offre également des documents sur des thèmes divers dans différentes rubriques comme :
Selon un sondage 571 , l’émission allemande du Kazakhstan reste la préférée des spectateurs parmi tous les médias des Allemands de Russie : 191 personnes sur 214 interrogées connaissent l’émission « Guten Abend ! ». La rédaction reçoit un abondant courrier des spectateurs. Il existait aussi en 1987 une émission chaque mardi à 7 h 40 sur la chaîne Rundschau, dans le territoire de Karaganda. En 20 minutes, les présentateurs offraient un condensé sur le thème de la protection de la nationalité allemande, avec des reportages sur des thèmes divers : géographie, éducation, troisième âge, collectifs ouvriers, sovkhozes, maisons culturelles, librairies et bibliothèques, etc. En comparaison avec les médias allemands du Kazakhstan, la télévision allemande reste en première position des sondages (191 Allemands soviétiques sur 214 connaissent l’émission « Guten Abend ! »). La rédaction reçoit chaque jour de nombreuses lettres qui montrent l’importance de l’émission dans la vie des Allemands. Nous ne pouvons dire ce que l’avenir réservera à la télévision allemande, mais tant que les téléspectateurs feront preuve de tant d’enthousiasme et d’idéalisme, et tant que l’équipe de Rosa Steinmark restera performante, cela réussira. Et preuve que le milieu journalistique télévisuel allemand prend de l’importance, à l’université Lomonossov de Moscou, au sein de la faculté de journalisme, des d’étudiants choisissent d’étudier l’allemand en option pour intégrer par la suite des rédactions des chaînes de télévision de langue allemande. Certes la proportion est seulement de 10 étudiants pour l’option d’allemand contre 100 pour celle de l’anglais 572 (qui supplante le français qui était l’option favorite dans les années 1960-1970), ce qui confirme à nouveau le recul de l’importance de l’allemand auprès des populations.
Voir ANNEXE LXXXVIII, programme télévisuel issu de Freundschaft, 09/12/1986. Le programme du journal kazakh donné montre quelques émissions-type de la télévision allemande. Nous pouvons noter une alternance entre les programmes en russe, en kazakh et en allemand (la langue est mentionnée). Les programmes sont sensiblement les mêmes d’un jour à l’autre, seuls les thèmes des émissions changent. Rappelant les journaux de presse écrite, les programmes sont centrés sur les informations, la musique classique, les documentaires, les émissions enfantines et éducatives, le sport. Les films ne sont pas allemands en général. Nous allons voir par le détail des chaînes principales, sur quoi portaient les émissions.
in Neues Leben et Deutsche Allgemeine Zeitung, 10/10/1997, p. 3.
« Es war immerhin ein Wassertropfen in der Wüste », in Deutsche Allgemeine Zeitung, n°28, 26/07/1997, p.4.
Ibid., n°28, 26/07/1997, p. 3.
in Neues Leben, n° 38, 10/10/1997, p. 2.
in Neues Leben, 27/04/1998, p. 13.