III- 2.1.3. Sociopolitique et littérature soviétique allemande

Il s’agissait des conseils aux professeurs donnés dans les années 1975. Il s’agissait en fait d’inculquer le patriotisme soviétique, d’ancrer chez les élèves ou étudiants les principes de l’internationalisme prolétarien, de l’humanisme communiste afin de développer le travail de pionniers et des associations de jeunes communistes. Tout professeur, de sciences physiques comme d’histoire, doit pouvoir assurer une formation conforme aux principes communistes d’éducation. Cela vaut plus encore pour les cours de littérature (interprétation des textes). Il s’agissait de faire transparaître l’amour du peuple pour Lénine et son Parti communiste, ainsi que le respect envers l’histoire du peuple soviétique. Les ouvrages d’enseignement de la poésie et de la prose et de lecture des écrivains de langue allemande d’U.R.S.S. doivent respecter ces aspects idéologiques dans les cours de littérature allemande dans les classes de 8ème (histoire, traditions, coutumes, langue). Chaque élève doit être conscient du fait que les termes soviétique et allemand sont indissociables (ils devaient dire soviétique allemand) et sont une composante de leur patrie.

Les livres scolaires étaient peu nombreux mais complets. Le chapitre « De la poésie populaire » (« Von der Volksdichtung ») rédigé par V. Klein ne traite pas seulement de l’histoire littéraire classique mais aussi de la poésie populaire. La littérature soviétique allemande a des origines complexes, en partie russes, et il faut tenir compte de tous les éléments pour l’enseigner. En effet, les auteurs allemands soviétiques ont inévitablement puisé et puisent encore dans l’histoire commune de la Russie et de l’Allemagne, mais aussi dans leur propre histoire de minorité ethnique pour écrire. L’on ne peut pas aborder cette littérature sans tenir compte de cela, au risque de la qualifier de superficielle. Les professeurs ne doivent négliger aucun motif. Le chapitre « La grande Révolution d’octobre et la genèse de la littérature de langue allemande en Union soviétique » (« Die Grosse Oktoberrevolution und die Entstehung der deutschsprachigen Literatur des Sowjetlandes ») est essentiel à ce propos. Il pose les bases de la littérature actuelle. En outre, les enseignants recommandent souvent la lecture du recueil « Bis zum letzten Atemzug » paru à Alma-Ata, parce qu’il est une des références essentielles de la littérature comme élément corrélationnel de l’histoire. Il ne faut pas négliger la participation de la population soviétique allemande dans le renouveau de sa propre littérature, évolution qui certes s’est faite avec le soutien des autres peuples d’U.R.S.S. Il ne faut pas non plus sous-estimer l’influence de la littérature soviétique russe sur la littérature soviétique allemande (par exemple David Schellenberg fut influencé par Maïakovski et son mouvement futuriste, Victor Klein par Cholokhov et ses poèmes épiques). Parce que nous savons que ces auteurs se côtoyaient, notamment lors des conférences d’écrivains soviétiques, nous pouvons logiquement supposer que les idées et écrits des uns ont marqué les autres soit sur le fond de leurs écrits soit sur leur forme. Ainsi, certains auteurs allemands auront véritablement remodelé la littérature allemande, tels Franz Bach dans son livre Unvergessliche Begegnungen et Georg Luft. Il faut guider les élèves pour l’analyse des idées, de la composition des œuvres, des personnages, du style, etc. En termes de récits historiques, certaines œuvres sont incontournables, telles le roman Wir selbst de Gerhard Sawatzky, roman haut en couleurs qui donne une bonne image de la réalité soviétique allemande et qui fut publié dans le recueil Heimatliche Weiten entre 1984 et 1987. Il est une transition entre les années 1930 et les années 1970 que les jeunes générations doivent connaître afin de comprendre leur passé. G. Sawatzky fit découvrir de nombreux talents pendant la période durant laquelle il resta rédacteur en chef de la revue mensuelle Der Kämpfer 596 .

La poésie ne doit pas être négligée mais son étude demande une approche différente, puisque les poèmes reflètent la réalité de façon différente par rapport aux récits, réalistes, dans le cas de la littérature soviétique allemande. Il faut guider les élèves dans leur interprétation tout en les laissant libres de découvrir le message de l’auteur. L’étude de certains poèmes est plus délicate que d’autres, comme « Herbst » de F. Bolger. Toutefois, les élèves doivent se pencher sur des œuvres telles que « Lied des Traktoristen » de J. Schaufler, « Lied vom Hammer » de R. Jacquemien, « Schaffender Herbst » d’E. Günther, « Neues Werden » d’E. Katzenstein, entre autres. L’important est de leur faire comprendre qu’ils doivent découvrir ce à quoi le poète fait référence. Par exemple, les études de « Steppe » de F. Bolger ou de « Iwan und Johann » peuvent se révéler très intéressantes, surtout si on compare les œuvres entre elles. Pour ce faire, les élèves devront apprendre la distanciation par rapport aux œuvres.

Notes
596.

Revue publiée à Engels de 1931 à orientation littéraire et dont Gerhard Sawatzki fut le premier rédacteur en chef.