III- 2.5. Lieux de rencontre

Il existait peu de centres culturels dans les années 1950. Beaucoup, fermés en 1917, n’ont repris leurs activités que dernièrement, comme le club allemand de littérature de Moscou, qui s’est arrêté pendant 83 ans 643 . Ce club avait été fondé en 1819 par des commerçants, des artistes passionnés de littérature. À la fin du XIXe siècle, ce club comptait environ 200 membres et faisait des émules dans les autres territoires russes. La moitié de ses membres étaient d’origine allemande. En 1917, on pouvait voir fleurir d’autres clubs dans les zones à forte concentration allemande, comme sur la Volga (dans les gouvernements de Saratov, de Samara et d’Astrakhan). Par contre, le club de Moscou avait dû changer de nom bien avant cela. Il devint alors un club russe pour survivre aux persécutions. Il fut néanmoins fermé en 1915. Son objectif affiché a toujours été le renouveau culturel et l’exigence d’un respect vis-à-vis des Allemands d’U.R.S.S. Nous n’avons pas de traces précises ou de noms de tels clubs créés dans les années 1960 au Kazakhstan, la réhabilitation n’ayant pas encore été promulguée. Le centre culturel allemand le plus connu a fêté ses dix ans, le 4 mai 1998. Il avait été créé par l’écrivain soviétique allemand Dominik Hollmann*, à Alma-Ata, en 1988. Il s’appelait au début le « club des amis de la littérature allemande » (Deutscher Klub für Freunde der deutschen Literatur) 644 et a été renommé Deutsches Kulturzentum Almatys. Il est d’une grande importance dans l’histoire culturelle des Allemands du Kazakhstan. Longtemps dirigé par Herold Belger*, il est maintenant placé sous la direction de Werner Streck et Tania Ruf. Ils ont fortement contribué au développement de l’apprentissage de l’allemand. Différents cours y sont programmés : langue allemande, histoire, littérature, arts, traditions nationales et folklore 645 . Tous entrevoient avec optimisme l’avenir de la communauté allemande dans la capitale kazakhe.

Par ailleurs, le Goethe Institut est présent à Almaty 646 . Des ateliers et des séminaires sont organisés chaque semaine pour les enseignants d’allemand-langue étrangère, mais aussi des cours d’allemand tous niveaux. La bibliothèque du Goethe Institut Almatys est riche et les salles multimédias sont appréciées. Le directeur, Richard Künzel, tente de faire le lien entre le Kazakhstan et l’Allemagne, promouvant la vie culturelle, sociale et politique de part et d’autre.

En marge des centres culturels, il existe des centres dits de rencontre. La construction de centres de rencontre est récente et est un élément fondamental de la revendication d’un minimum culturel et d’une communauté reconnue des Allemands de Russie. Ces centres sont équipés de livres, de journaux, de télévisions, d’appareils vidéo, de machines à coudre et d’autres machines artisanales. Les locaux permettent d’instaurer des groupes de travail artisanal et de bricolage ainsi que de former des équipes de tournages de films ou des troupes de théâtre. Ces centres de rencontres proposent entre autres très souvent des cours de langues étrangères, des cours de formation et même une formation continue et une école ouverte le dimanche. Certains s’approprient physiquement des espaces publics et des quartiers, développant ainsi un sentiment d’identité collective propre à une ethnie minoritaire, qui s’appuie sur des références d’ordre primaire : sentiment d’exclusion, appropriation du territoire. Toutefois, on sent bien que cette identité ethnique superficielle peut être dépassée par l’émergence d’un sentiment d’appartenance à une communauté plus grande sur la base du partage de certaines « valeurs ».

Les bibliothèques des lieux de rencontres sont remplies de dictionnaires allemand-russe. Pour le bon fonctionnement de ces lieux de rencontre, des cassettes vidéo et audio des émissions allemandes diffusées sur les ondes sont mises à disposition du public. Cela fait passer une impression forte et vivante de la langue allemande parlée. On compte aujourd’hui 250 centres en Russie et au Kazakhstan. Toutes les activités doivent ouvrir des possibilités de contact supplémentaires du public avec ses voisins, même s’ils ont une autre nationalité. La gestion dans le domaine de la culture au niveau national est effectuée par le Comité de la Culture du Ministère de la Culture, de l’Information et de l’entente sociale de la République du Kazakhstan, dont les priorités principales des activités sont la sauvegarde et le développement de la culture nationale et des cultures des peuples et des ethnies habitants dans la République du Kazakhstan ; la sauvegarde du patrimoine historique et culturel ; l’organisation des actions culturelles de grande envergure, orientées à la propagande des meilleures réalisations et spécimens du développement culturel et spirituel du Kazakhstan ; l’élargissement et l’approfondissement de la coopération internationale culturelle avec les pays étrangers, la formation du marché national des produits et services culturels. Actuellement, en 2002, au Kazakhstan il y a 3 500 bibliothèques, 2 227 établissements de culture et de loisirs, 271 cinémas, 88 musées, 43 théâtres, 24 organisations de concert.

Notes
643.

« Neue Sitzung des Moskauer deutschen Klubs », in Neues Leben, 25/02/1998, p. 16.

644.

« Deutsches Kulturzentrum in Almaty feiert 10. Geburtstag », in Deutsche Allgemeine Zeitung, 18/04/1998, p. 3.

645.

« Treffpunkt – Deutsches Kulturzentrum », in Deutsche Allgemeine Zeitung, 16/05/1998, p. 4.

646.

Il existe aussi d’autres instituts Goethe à Tachkent (dirigé par le Dr Elisabeth Lattaro), Moscou, Saint-Pétersbourg, Minsk, Kiev et Tiflis. Le Goethe-Institut Inter Nationes e. V. est depuis janvier 2001 le plus grand organisme voué à la politique culturelle allemande à l’étranger. Né de la fusion de l’Institut Goethe et d’Inter Nationes, ce nouvel institut, qui possède des sections dans le monde entier, a pour mission de faire connaître la langue et la culture allemandes dans le monde entier.