Les mennonites ont créé la communauté religieuse la plus solide d’un point de vue structurel. En 1963, deux tendances se sont nettement distinguées 705 :
Les revendications propagandistes contre les mennonites depuis les années 1950 (sans interruption quasiment) ont été d’une telle véhémence que même les journaux allemands d’U.R.S.S. ont hésité à publier les lettres de revendication anti-mennonites du gouvernement, pourtant destinées à une publication officielle et publique. Les cibles parmi les mennonites étaient notamment les parents : l’éducation qu’ils dispensaient à leurs enfants était amplement sujette à débats. Cette éducation aurait constitué une très mauvaise influence sur la jeune génération et empêcherait les enfants de devenir de bons citoyens soviétiques. « Ich bin kein Sowjetkind und will kein Pionier sein » (Je ne suis pas un enfant soviétique et je ne veux pas être un pionnier), serait une phrase largement entendue chez les enfants de mennonites. Les journaux ont relayé des épisodes dont il est impossible de vérifier la véracité et qui sont donc largement sujets à caution, à l’image de l’histoire de la petite Frieda Peters, âgée de douze ans, qui aurait été maltraitée par ses parents, des « fanatiques » qui l’opprimait et l’empêchait, par exemple, d’aller au cinéma 706 . En plus du débat sur les traitements qui auraient été infligés aux enfants dans les communautés mennonites, la participation à la vie religieuse au travers des chœurs religieux ou des réunions religieuses était largement critiquée. Les parents qui auraient interdit à leurs enfants d’entrer dans l’armée étaient également sévèrement jugés 707 . Les prédicateurs mennonites n’étaient pas épargnés dans la presse : ils étaient accusés d’être des agitateurs, des koulaks, de fervents nationalistes voire de collaborateurs de l’armée nazie 708 . Outre les attaques verbales et écrites, les mennonites et les baptistes étaient victimes des actions du K.G.B. et de la milice. Ainsi, nous savons qu’entre 1961 et 1969, 500 baptistes ont été arrêtés et condamnés, parmi eux de nombreux Allemands, mais le chiffre exact nous est inconnu. Sur les 17 fidèles arrêtés en 1969 au Kazakhstan, nous savons par contre qu’il y avait douze Allemands 709 . David Klassen, prédicateur baptiste émigré en R.F.A. en 1974, a raconté qu’en 1966 il avait été arrêté et condamné à quatre reprises. En 1975, des baptistes allemands de Karaganda, Tselinograd et Koktchetav ont été accusés de vouloir organiser un soulèvement contre le pouvoir soviétique. Et malgré tout, les Allemands continuèrent à participer à la vie religieuse de leur communauté.
Ibid., p. 460 et suiv.
W. MORDKOWITSCH, « Trotz alledem », in Neues Leben, 03/09/1960.
Cf. B. PINKUS, I. FLEISCHHAUER, Die Deutschen in der Sowjetunion, Baden-Baden, 1987, p. 345.
Freundschaft, 30/08/1972. Un auteur russe, Krestianinov, a écrit un pamphlet contre les mennonites (Mennonity, Moscou, 1967). D. Penner a, dans une étude, tenté de discréditer le point de vue de Krestianinov.
Cf. B. PINKUS, I. FLEISCHHAUER, op. cit., p. 463.