I - Flottements linguistiques entre les catégories narratives

Alors que la Pléiade pose la question essentielle de l’organisation générale des catégories littéraires, assez lacunaire au Moyen Âge et fondée, pour les genres narratifs, sur l’opposition entre les récits chantés – la chanson de geste, la pastourelle – et les récits non chantés – le roman, le conte, la nouvelle –, il faut constater une absence criante de théorie des formes narratives en prose au XVIe siècle. Hormis dans le cas spécifique de l’épopée, aucun des types de récit n’est alors reconnu comme un genre. Comment s’y sont donc pris les lettrés pour désigner la catégorie du roman dans l’ensemble des productions littéraires puis les différents types de récits au sein de l’archigenre de la narration 78  ?

Notes
78.

Nous nous expliquons d’emblée sur l’apparent paradoxe qu’il y a à affirmer que le roman n’est pas un genre dans les arts poétiques de la Renaissance et à maintenir une catégorisation entre les diverses formes narratives. Nous utilisons ici la terminologie de G. Genette dans son Introduction à l’architexte, Paris, Seuil, « Poétique », 1979, p. 69 : selon lui, chacun des « archigenres » – dramatique, épique et lyrique – contient un certain nombre de « genres » – l’épopée, le roman, la nouvelle, dans la catégorie épique. Ce serait, certes, une illusion rétrospective que de croire ces hiérarchies acquises en France au XVIe siècle ; tout en relevant des poétiques post-romantiques, elles constitutent cependant un outil d’interrogation stimulant de l’organisation des formes littéraires.