Les deux premiers auteurs à avoir légiféré sur la poiésis, c’est-à-dire sur ce qui a trait à la création ou à la composition littéraire, sont Platon et Aristote. Si aucun d’eux n’a établi de critère autre que modal pour ranger les types de textes, leurs catégories, fondées sur l’imitation, ont conditionné durablement les tentatives de définition et d’organisation du champ poétique en Occident 182 . Quant à Horace, il a cautionné un rejet des fictions immorales et favorisé l’élaboration d’une défense, plus ou moins probante, de l’éthique chevaleresque. Ces auteurs, en excluant certaines formes de composition, ont limité la marge de manœuvre des poéticiens du XVIe siècle : leurs traités leur ont imposé des interdits.
Les théoriciens allemands du romantisme s’élèveront contre cet impérialisme de la représentation et proposerons une classification poétique, où le lyrisme a une place de choix. C’est donc à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle que seront mises en cause les distinctions platoniciennes et aristotéliciennes. Elles seront remplacées par des critères véritablement génériques qui font la part entre les archigenres lyrique, épique et dramatique, eux-mêmes subdivisés en genres et espèces de textes. Pour l’approfondissement de ces divers points, nous renvoyons à l’Introduction à l’architexte, op. cit., pp. 41-54.