1 - Une éthique perceptible dans les romans de chevalerie traduits ?

Dans un contexte littérairement influencé par le précepte horacien voire platonicien de subordination de la fable à un projet didactique et moralement dominé par l’idéologie chrétienne, les préfaciers des traductionsdu Roland furieux et des Amadis sont persuadés que le salut du roman de chevalerie peut venir de l’étranger. Une nouvelle forme appelant une théorie neuve, ils élaborent le concept de poésie romanesque, autrement dit ils tentent d’appliquer à ces romans la définition antique de la poésie. Mais le projet des traducteurs français d’établir l’existence d’une poesia chiamata Romanesca est intrinsèquement voué à l’échec, en particulier parce que le roman de chevalerie n’a pas l’avantage de se plier aisément à la manœuvre si fréquente de promotion du sens allégorique des œuvres de fiction.