I - L’obscur concept du plaisir

Au XVIe siècle, la délectation est une finalité visée par la plupart des productions littéraires. La poésie est, en effet, conçue, selon des présupposés reçus d’Horace et des rhétoriciens latins, en vue des effets qu’elle doit produire sur ceux qui la lisent ou qui l’écoutent. Mais parmi les trois officia oratoris, la dimension du plaisir l’emporte largement sur celle de l’édification et de l’émotion dans les discours de tous ordres consacrés au roman, en Italie comme en France. La mention du placere y possède des enjeux autrement plus complexes que l’affichage du caractère badin de l’œuvre romanesque. En effet, réjouir, c’est mobiliser certaines représentations, qui peuvent mettre en jeu le corps, l’imagination ou l’esprit ; c’est user à dessein de la sensualité ou de l’honnêteté, de l’incroyable ou du plausible. Voyons donc comment la notion sociologique de plaisir est présentée dans les liminaires des traductions de romans.