2 - Le choix de substituts précis : veritable histoire et histoire fabuleuse

Un postulat commun est au fondement de la démarche de nos quatre auteurs : dire le vrai. La question se pose de savoir si cela a lieu à un plan événementiel, au niveau de la relation des faits, comme Amyot le propose en prenant pour modèle les Éthiopiques, ou si c’est une vérité supérieure que véhicule le récit, ce que soutient Gohory en expliquant que les Amadis contiennent un sens ‘«’ ‘ mistique ’». À nous intéresser aux rares fois où les romanciers usent de substituts précis pour définir leurs créations, ce qui exclut d’emblée H. de Crenne, qui s’en tient à la terminologie recensée plus haut, nous constatons que leur idiolecte constitue une variante de celui des deux préfaciers-traducteurs. De fait, Rabelais, Des Autels et Aneau trouvent une voie pour conceptualiser un renouvellement du roman en déployant un arsenal lexical qui va de veritable histoire à histoire fabuleuse. Plutôt parallèlement aux théoriciens du roman grec et du nouveau roman de chevalerie que conjointement avec eux, ils vont penser une redéfinition de la forme romanesque en articulant des préoccupations de lexique, de poétique des genres et d’herméneutique.