III - Variété langagière et licence narrative : un roman sans histoire ?

Puisque le nouveau roman de la Renaissance se donne pour matériau de travail un substrat verbal et qu’il entend le manier à sa guise, on peut se demander si le récit n’a pas à souffrir de cette insertion en son sein de formes détachables. De fait, le problème se pose de la concurrence éventuelle entre deux régimes romanesques : la narration, d’un côté, et les discours de tous ordres collectionnés par le conteur, interrompant le fil des événements, de l’autre. Par le déploiement de fragments de discours et de pensée étrangers, une mise en retrait s’opère du système traditionnel de présentation de la diégèse. Cela contribue à attirer l’attention sur un mode de construction narratif en rupture avec celui des romans publiés à la même époque.