III - Aux marges du roman : le dialogue et la nouvelle

S’il est à présent établi que l’existence d’une spécificité sous-générique pour chacun des nouveaux romans atteste une harmonisation en son sein de la disparate des énoncés convoqués, ne peut-on trouver des critères de définition communs à l’ensemble de ces textes ? De cette enquête dépend l’attribution du statut de genre à la forme romanesque qui s’élabore entre 1530 et 1560. Jusqu’à présent, nous avons cerné deux de ses éléments constitutifs, à savoir l’introduction de multiples langages et le travail de la trame narrative. Mais ces dimensions ne suffisent pas pour cerner son fonctionnement propre : il existe au XVIe siècle une concurrence entre de multiples œuvres qui réalisent un dosage variable des composantes de la conversation et de la narration. Ainsi, le dialogue littéraire fait intervenir des hommes qui parlent et la nouvelle se plaît à donner vie à un groupe de devisants et à les laisser conter librement. Si le roman nouvelle manière a un caractère mixte, la question se pose donc de son rapprochement avec l’échange de propos à portée morale ou philosophique et le recueil d’histoires. Pour dégager leur spécificité, nous allons confronter nos textes à des productions qui leur sont contemporaines en nous interrogeant sur des notions tels le morcellement de la matière narrative en actes autonomes de discours, les rapports de hiérarchie entre le récit et le discours et la structure d’ensemble.