I - Sollicitation et orientation de l’exercice interprétatif

La facture protéiforme de nos romans invite par principe le lecteur à faire usage de son jugement ; mais le prologue de Gargantua lui recommande de ne pas tomber dans le travers d’une allégorisation trop poussée. À l’instar de Rabelais, H. de Crenne, Des Autels et Aneau peuvent admettre l’existence d’un sens qui leur échappe  ils reconnaissent cette qualité à la lecture allégorique , mais ils ne sauraient concevoir qu’un instrument tout-puissant de déchiffrement attribue arbitrairement des significations à leurs textes. De fait, ils nous semblent souscrire unanimement à l’idée de l’existence de limites historiques, stylistiques et compositionnelles qui circonscrivent, même provisoirement, l’analyse d’œuvres aussi ouvertes et plurivocales que les leurs. Comment s’y prennent-ils donc pour imposer des instruments de guidage ou des garde-fous à l’activité interprétative ?