II - La saisie d’une position auctoriale

En tant que l’acte interprétatif génère, dans les nouveaux romans, la prise de conscience par le lecteur de ses capacités critiques, nous ne pouvons faire l’économie d’une ‘«’ ‘ hypothèse d’Auteur’ ‘ 1045 ’ ‘ ’» : le sujet de l’écriture, comme celui de la lecture, est une instance convoquée, ou plutôt produite, par l’esthétique narrative. Supposer que les récits ont un sens, c’est en effet accepter de parler de l’intentionnalité d’une identité qui semble dissoute dans le chaos textuel 1046 . Nous postulons ici l’existence d’un je unificateur qui n’a pas d’autre nature que linguistique, qui harmonise la polyphonie romanesque et dont le dessein discursif est subtil. Pour saisir ce vouloir-dire, le lecteur doit mettre en œuvre une coopération qui ne trahisse pas le fonctionnement stylistique et énonciatif des fictions. Alors que nous avons défini une méthode herméneutique applicable aux huit romans, nous allons à présent mettre au jour la démarche particulière de chaque romancier pour faire entendre sa position juste de parole au milieu des langages qui envahissent son texte.

Notes
1045.

Lector in fabula…, op. cit., p. 80.

1046.

Aujourd’hui, la tendance est à la réévaluation du concept d’intention de l’auteur. Mettant en cause les excès du structuralisme, A. Compagnon affirme ainsi, dans Le Démon de la théorie…, op. cit., p. 82, que c’est le « seul critère concevable de la validité de l’interprétation » (p. 82). Il ne s’agit pas ici de revenir à la critique lansonienne en prêtant des idées préconçues aux auteurs, mais de considérer le résultat de l’écriture et de trouver des indices convergents pour élaborer sa signification.