III - Lecture, savoirs et vie pratique

Mis à part Des Autels, qui a montré son affinité avec l’immoralisme, il s’avère que nos auteurs s’interrogent sur la possibilité de définir une norme pour l’action par le discours. Par corollaire, la subjectivité du lecteur, fondée dans le mouvement même du décryptage, est confrontée, entre autres, à des questions touchant la conduite de la vie : le soupèsement des langages conflictuels implique de sa part une réflexion, sinon une prise de parti, sur des vérités pratiques. Mais l’esthétique romanesque sollicite de manière plus fondamentale encore cette identité en devenir qui se construit dans l’instant de la réception : l’expérience de la lecture est l’occasion, pour elle, de faire l’épreuve concrète de la validité de ses principes. Autrement dit, le plus haut degré de réalisation de la praxis des nouveaux romans articule les domaines de l’herméneutique et de l’éthique. Voyons donc comment chez Rabelais, H. de Crenne et Aneau le questionnement moral ne peut se passer de l’exercice juste de la compréhension.