PREMIÈRE PARTIE. CADRAGES THÉORIQUES, MÉTHODOLOGIQUES ET SITUATIONNELS

Chapitre 1. MÉTHODOLOGIES ET CHAMPS DISCIPLINAIRES

S’intéresser aux interactions d’un point de vue pragmatique suppose inévitablement de situer son approche au sein d’un domaine de recherche placé à l’intersection de plusieurs courants disciplinaires. De manière générale, la pragmatique vise à l’étude des processus d’interprétation en contexte et peut se définir comme « l’étude de l’usage du langage, par opposition à l’étude du système linguistique » (Moeschler & Reboul, 1994 : 17). Développée essentiellement à partir des recherches en philosophie du langage d’Austin sur les actes de langage et de Grice sur l’implicite, la pragmatique établit un consensus entre les pragmaticiens d’horizons divers sur le fait que l’interprétation d’un énoncé ne peut se contenter de prendre en compte l’information linguistique, c’est-à-dire non-contextuelle. Une dissension apparaît néanmoins à propos d’une possible distinction entre un sens non-contextuel et un sens en contexte.

Si la définition de la pragmatique pose un problème, que dire de celle de l’interaction ? Elle s’insère également dans un champ disciplinaire assez vaste. Tout d’abord, parce que, comme précédemment indiqué, l’interaction ne s’offre pas spontanément au linguiste : il doit la reconstituer à partir des multiples traces et indices qu’elle laisse apparaître. Ensuite, parce que son étude nécessite une formation plurielle et qu’aucune discipline constituée à l’intérieur des sciences humaines ne permet d’épuiser sa richesse. Il y a donc un certain nombre de problèmes de définitions à résoudre avant de pouvoir se plonger dans les corpus et d’étudier un type particulier d’interaction.