2. Les requêtes principales

Toutes les requêtes émises par les cliagers afin de faire savoir au commagent ce qu’il désire ne sont pas exprimées par le canal verbal. Les cliagers disposent en réalité de trois moyens pour exprimer leur requête et peuvent le faire verbalement, gestuellement,ou par une combinaison d’items lexicaux et gestuels. Ce choix dans la formulation de la requête est parfois contraint par le type de demande ou par le site : s’il est tout à fait possible de demander un paquet de cigarettes au tabac-presse en le montrant du doigt, cela s’avère totalement impossible à la mairie pour un extrait d’acte de naissance. Les trois types de demandes sont donc diversement attestés en fonction du site et de la requête.

Le mode verbal est toujours largement préféré par les cliagers.

Figure 14 – Type de requête choisi par les cliagers Résultats présentés en pourcentages et obtenus à partir du nombre total de requêtes recensées.

La requête verbale que formule le cliager vise à l’obtention d’une action effectuée par le commagent à son profit. Cela implique un coût pour le commagent et un bénéfice pour le cliager. Si l’on considère l’effet perlocutoire de la requête énoncée comme une manœuvre intentionnelle du cliager au moment où il formule sa requête du bien, cela implique qu’il souhaite d’une part que son désir soit compris par le commagent, mais surtout que le commagent se soumette à sa volonté et fasse le nécessaire afin de satisfaire la demande. L’acte de langage doit donc être envisagé dans un processus dynamique avec des aspects illocutoires communicatifs et des aspects perlocutoires interactionnels.

D’un point de vue illocutoire, le cliager fait une requête qui a un effet illocutoire sur le commagent : il comprend la requête. L’effet illocutoire présente l’avantage de marquer l’étape de compréhension de l’allocutaire. D’un point de vue perlocutoire, le cliager persuade le commagent, ce qui a pour effet perlocutoire que le commagent accepte la requête et pour conséquence perlocutoire que le commagent va effectuer l’action désirée par le cliager. L’effet perlocutoire marque l’acceptation de l’acte de langage de requête en tant qu’action appelée à être réalisée par l’allocutaire alors que la conséquence perlocutoire consistera en la réalisation de l’action demandée 95 . À signaler tout de même que la distinction entre effet perlocutoire et conséquence perlocutoire n’est pas admise par tous les chercheurs.

Figure 15 – Aspects communicatifs et interactionnels de l’acte de langage de requête
Figure 15 – Aspects communicatifs et interactionnels de l’acte de langage de requête Schéma établi à partir d’une classification présentée dans Trosborg (1995 : 23) ayant pour but de spécifier l’effet perlocutoire visé par L1 indépendamment du fait que le but perlocutoire soit atteint ou non.

Bien qu’il soit important d’avoir connaissance de toutes les étapes communicatives et interactionnelles qu’engendre une requête, seuls les points pertinents pour l’analyse feront ici l’objet d’une attention particulière, les autres aspects touchant à des implications cognitives en dehors de la portée de cette étude.

Notes
94.

Résultats présentés en pourcentages et obtenus à partir du nombre total de requêtes recensées.

95.

La distinction entre l’effet perlocutoire et la conséquence perlocutoire a été établie par Eemeren et Grootendorst (cités par Trosborg, 1994 : 21) dans une étude sur les procédés argumentatifs afin de pouvoir rendre compte séparément de l’action de formuler une requête et de persuader le destinataire de réaliser cette requête parce que ces actions présentent des conditions de réussite différentes.

96.

Schéma établi à partir d’une classification présentée dans Trosborg (1995 : 23) ayant pour but de spécifier l’effet perlocutoire visé par L1 indépendamment du fait que le but perlocutoire soit atteint ou non.