3.1. Les composantes de la question

L’acte de langage de question a fait l’objet de nombreuses études (Goffman, 1987 ; Sacks, 1984a et 1995, Lecture 7, Fall 1964-Spring 1965 ; Schegloff, 1980 et 1984b ; Kerbrat-Orecchioni & al., 1991 111  ; Kerbrat-Orecchioni, 2001a) qui concluent toutes à la même finalité : obtenir du destinataire un apport d’information. La question a été analysée dans des perspectives différentes de celles des études consacrées à la requête. Le recours à ces études poserait donc un problème de comparabilité entre les questions et les requêtes. La question semble pouvoir s’analyser dans les mêmes termes que ceux proposés par Blum-Kulka, House & Kasper (1989) et Anderson, Aston & Tucker (1988) pour la requête. Afin de respecter la visée comparative de la présente étude, la question sera donc également envisagée dans cette perspective, c’est-à-dire comme un énoncé composé d’un élément principal – le cœur de la question – qui peut être modifié d’un point de vue interne aussi bien que d’un point de vue externe.

Les questions n’ont pas réellement fait l’objet de typologies car « on peut établir autant de typologies des questions qu’il y a de critères pour les opposer, c’est-à-dire beaucoup » (Kerbrat-Orecchioni, 1991a : 18). Ce sont plutôt des axes classificatoires qui sont proposés (ibid., 18-25) :

  • l’élément de la phrase sur lequel porte la question : cet axe permet de distinguer les questions totales impliquant une réponse par « oui » ou « non » des questions partielles qui portent sur un constituant de l’énoncé que le destinataire doit spécifier ;
  • des critères formels : dans cette perspective, les questions sont classées en fonction de leur structure interrogative (question directe) ou assertive (question indirecte) ;
  • la relation que la question entretient avec son cotexte antérieur immédiat : on retrouve ici la spécificité des questions-répliques (questions-échos, questions-suspens, questions reformulées) ;
  • la nature de l’information demandée : la question peut être au bénéfice du questionneur, du questionné, ou sans bénéficiaire ;
  • la fonction pragmatique et conversationnelle de la question : toutes les questions possèdent une valeur illocutoire commune, mais leur visée spécifique peut varier ;
  • le cadre énonciatif : il faut tenir compte des caractéristiques de l’émetteur et du ou des destinataires.

Notes
111.

Pour une critique de cet ouvrage, cf. Gregori (1996).