Les salutations de clôture soulèvent les mêmes questions que les salutations d’ouverture : qu’est-ce qu’une salutation de clôture ? Comment la distingue-t-on ? Par le critère des actes de langage ? Par la valeur illocutoire ? Par le degré de politesse perçu ? En clôture d’interaction, on rencontre fréquemment des salutations telles que « au revoir », mais aussi des termes d’adresse tels que « monsieur ». Doit-on considérer les termes d’adresse comme des salutations ? Salutations et termes d’adresse feront donc l’objet d’un traitement séparé avant de voir si les regroupements opérés en ouverture peuvent s’appliquer aux clôtures, à quels types de réactions ils donnent lieu, sous quelle forme d’échange ils s’organisent et se combinent.
La salutation de clôture est tout aussi difficile à définir en tant qu’acte de langage car sa valeur illocutoire est aussi pauvre et ne marque que le changement d’état inverse. Elle sera donc envisagée comme ce qui marque le passage d’une interaction verbale à la fin d’une interaction verbale, c’est-à-dire à la non-interaction verbale.
Les salutations de clôture sont des « salutations disjonctives » (Kerbrat-Orecchioni, 2001a : 111), c’est-à-dire qu’elles permettent de signaler la fermeture du canal de communication verbal et annoncent la séparation imminente des parties en présence. Elles sont souvent considérées comme obligatoires, mais leur initiative peut être assumée indifféremment par n’importe lequel des participants.
‘Contrairement aux salutations d’ouverture, les salutations de clôture ne sont l’apanage d’aucun type d’interlocuteur particulier. Dès l’instant où il y a eu conversation entre deux participants, les salutations de clôture sont requises (André-Larochebouvy, 1984 : 99).’Il semble effectivement que la nécessité d’un échange clôturant soit vivement ressentie lors des interactions de commerce et de service, mais cet échange clôturant n’inclut pas obligatoirement une salutation.
Le choix de la salutation de clôture est contraint par les mêmes critères de sélection que ceux identifiés pour les salutations d’ouverture 208 , y compris l’aspect temporel. En effet, de la même manière que les locuteurs peuvent opérer un choix en fonction du moment de la journée entre « bonjour » et « bonsoir » en ouverture, ils peuvent également choisir entre « au revoir » et « bonsoir » pour la clôture d’interaction. « Bonsoir » possède ainsi une double valeur pragmatique : celle de salutation d’ouverture adressée à un individu rencontré en fin de journée, ou celle de salutation de clôture destinée à un interlocuteur dont on se sépare en fin de journée également.
On peut de suite remarquer qu’il n’y a pas plus d’occurrences de « bonsoir » en clôture qu’en ouverture d’interaction. Deux occurrences pour les cliagers de la librairie-papeterie-presse, deux occurrences également pour des cliagers au tabac-presse, et une seule occurrence pour la buraliste. Comme en ouverture, l’absence des « bonsoir » en clôture d’interaction au Crédit Agricole, à La Poste et à la mairie n’est pas réellement surprenante à partir du moment où la fermeture intervient assez tôt dans l’après-midi : entre 17H et 17H30.
Corpus librairie-papeterie-presse : interaction n°28
| (214) | Vendeuse : [au r’voir madame |
| (215) | Cliente n°36 : [merci... bonsoir |
Corpus tabac-presse : interaction n°32
| (93) | Buraliste : allez bonsoir |
| (94) | Client n°47 : au r’voir |
L’hypothèse émise à propos de « bonsoir » en ouverture semble également pouvoir s’appliquer au « bonsoir » clôturant : il s’agit d’un emploi marqué par rapport à « au revoir » semblant relever de la norme normée.
Les salutations employées avec une valeur de clôture sont assez peu nombreuses :
Les salutations sont diversement employées en ouverture d’interaction par les commagents et les cliagers.
Tous les participants font un usage important de la salutation de clôture « au revoir ». Il est d’ores et déjà possible de conclure qu’en France, à l’heure actuelle, « au revoir », est la forme préférée de salutation de clôture.
Cf. chapitre 6, § B 1.2.1.
Résultats présentés en pourcentages et obtenus à partir du nombre total d’ouvertures recensées.