4-2 Exemple de l’histoire du corps de Lyon

L'histoire du corps de Lyon relate généralement deux grandes catastrophes qui ont marqué et marqueront encore longtemps les esprits , l'éboulement de la colline de Fourvière et l'explosion des sphères du site de Feyzin, , Quoique tragiques, elles ont permis de tirer des enseignements concernant la sécurité et la formation. En effet, elles vont provoquer des réunions entre sapeurs-pompiers et élus, pour essayer de trouver des moyens efficaces afin que ne se reproduisent pas de tels événements. La formation du personnel sur le terrain est primordiale, car ce sont les sapeurs qui sont au cœur de l'action et, lorsque les sinistres prennent de telles ampleurs, il devient impossible de travailler au hasard. Quand nous remontons le cours de l'histoire, nous voyons que le corps à été de nombreuses fois marqué par des tragédies.

Déjà, lors de la première guerre mondiale, deux explosions ont meurtri la ville, celle de la " Badische Aniline " à Neuville-sur-Saône, et celle de l'atelier de chargement de Vénissieux. Plusieurs journées de lutte ont été nécessaires pour vaincre ces périls et surtout éviter un enchaînement de nouvelles explosions, donc des victimes supplémentaires. A Neuville-sur-Saône, les anciennes usines de la société allemande Badische Aniline couvrent environ cinq hectares, dont la quasi totalité est à ciel ouvert, et servent, à la suite de la déclaration de la guerre, de fabriques d'explosifs. L'incendie se déclare le 14 février 1917 vers dix heures du matin, à la suite d'un mauvais fonctionnement d'un décanteur de l'atelier de nitration. Le feu gagne le toit et provoque des explosions successives dans la chambre des chaudières, dont la seconde est terrifiante: vingt deux tonnes d'explosifs en préparation s'embrasent et provoquent une excavation de cent mètres de longueur sur trente de largeur et quinze de profondeur. Le terrible fracas est ressenti à Vaulx-en-Velin et à Croix-Luizet ; quinze morts et soixante blessés sont à déplorer. Les pompiers de Lyon, dépêchés sur place, subissent également des pertes, un mort et douze blessés, dont certains assez gravement.

L'explosion de l’atelier de chargement de Vénissieux est encore plus terrible. L'incendie se déclare le 15 octobre 1918 vers dix huit heures trente, dans un bâtiment situé entre Saint-Fons et Vénissieux. Les flammes se propagent et, vers vingt deux heures quarante, touchent les magasins garnis d'explosifs. La déflagration est fulgurante, La Mulatière, Oullins, Pierre-Bénite croient voir venir un véritable holocauste: les murs cèdent, les vitres éclatent; même la ligne de chemin de fer Lyon-Grenoble est coupée. Heureusement, la première alerte, donnée rapidement, se produit à un moment où l'atelier de chargement est presque désert de ses ouvriers et permet aux habitants de Vénissieux et de Saint-Fons de se ruer en direction de la ville de Lyon. Les pompiers luttent plusieurs jours ; de nombreux obus éclatent au fur et à mesure de la propagation de l'incendie. On déplore deux morts et une centaine de blessés, parmi lesquels dix sept pompiers Lyonnais.

Le 13 novembre 1930, la catastrophe de Saint-Jean coûte la vie à dix neuf pompiers de Lyon, seize habitants et quatre gardiens de la paix. Le bataillon sera décoré de la Légion d'Honneur et cité à l'ordre de la Nation le 22 février 1931, au cours d'une prise d'armes, place Bellecour. En effet, aux alentour de minuit cinquante cinq, dans la nuit du 12 au 13 novembre 1930, un glissement de terrain sur les pentes de la colline de Fourvière entraîne l'effondrement de plusieurs immeubles. Des témoignages diront plus tard que, quelques minutes avant la catastrophe, les chiens du quartier s'étaient mis à hurler, pressentant certainement un événement inhabituel. L'officier de garde, dépêché sur place, organise les premiers travaux de sauvetage. Une trentaine de personnes sont ainsi emmenées rapidement à l'hôpital et des renforts demandés. Mais la rue Tramassac est indemne et les officiers effectuent des reconnaissances dans la montée du Chemin-Neuf, où de nombreux dégâts sont constatés. Or, alors que les secours s'organisent peu à peu et que les victimes sont évacuées des immeubles, un second grondement retentit et le terrain cède une seconde fois et ensevelit habitants, pompiers et gardiens de la paix: la rue Tramassac est alors complètement obstruée et de nombreux corps gisent sous les gravats. Les recherches vont durer jusqu'au 23 novembre et les sapeurs-pompiers de Lyon sont aidés par ceux de Vienne, Saint-Etienne, des militaires, des ouvriers municipaux, des entreprises privées, des bénévoles et des équipes de secouristes. Hélas, le 25 novembre verra les funérailles de vingt trois sauveteurs victimes du devoir. Cette tragédie, commémorée chaque année, restera à jamais gravée dans le cœur des sapeurs-pompiers Lyonnais.

Dix huit mois plus tard, le 8 mai, vers huit heures trente, un éboulement semblable se produit cours d'Herbouville à Caluire. Vingt sept habitants sont tués et plusieurs sont blessés, ainsi que des pompiers. Ces derniers évitent de justesse de périr dans cet éboulement, une crevasse s'élargit brusquement et un énorme pan s'abat sur le lieu même d’où ils venaient de se retirer quelques instants auparavant.

Le 4 janvier 1966, à sept heures vingt, les pompiers sont appelés pour un incendie déclaré à la raffinerie de Feyzin. Ils ne se doutaient pas que sept des leurs, quatre du corps de Vienne et sept civils, allaient perdre la vie de façon dramatique. Une erreur de manipulation entraîne une violente fuite de gaz, qui se répand en direction de l'autoroute A7, située à proximité de la raffinerie. Cette dernière est fermée ainsi que la CD 4. Malheureusement, une voiture arrive sur cette route et enflamme le propane. Le feu gagne la sphère 443 et soudain, vers huit heures quarante cinq, une terrible explosion retentit, suivie d'une seconde seulement vingt minutes plus tard, et d'une troisième quinze minutes après. Le plan ORSEC est déclenché par le Préfet alors qu'une quatrième cuve explose à son tour. L'incendie est gigantesque. Il faut attendre le lendemain matin pour que les pompiers maîtrisent ce sinistre. Le bilan est lourd en vies humaines. Aux décédés, il faut ajouter de nombreux blessés, dont certains ne reprendront leur service que douze mois plus tard. L'incendie de Feyzin va devenir " une référence " dans le cadre des textes qui concernent la sécurité industrielle. Les enseignements tirés de cette catastrophe vont entraîner une réforme de la réglementation technique applicable aux installations pétrolières. Pourtant, malgré ces réformes, juin 1986 sera marqué par une nouvelle tragédie, le gigantesque incendie du port Edouard-Herriot.

La loi du 31 décembre 1966 a institué des organismes originaux de coopération intercommunale: les communautés urbaines. Sous la forme juridique d'établissements publics administratifs, elles répondent à un triple objectif:

Le paysage institutionnel français est actuellement constitué de neuf communautés urbaines, au total deux cent cinquante et une communes, représentant plus de quatre millions d'habitants. Quatre communautés sont créées par la loi de 1966 18 : Bordeaux, Lille, Lyon, Strasbourg; cinq se sont créées volontairement: Cherbourg, Dunkerque, le Creusot/Montceau-les-Mines, le Mans et Brest. L'urbanisation grandissant, l'agglomération lyonnaise, composée de cinquante cinq communes, acquiert une étendue qui impose des solutions unitaires. La loi de 1966 est appliquée le premier janvier 1969. Avec l'arrivée de la départementalisation des services d'incendie et de secours, les corps qui s'y rattachent vont subir de grandes transformations et de nombreux points et aspects qui font leur spécificité vont totalement changer le paysage de ces grands centres.

En mai 2001, la gestion administrative et financière du corps des sapeurs-pompiers sera assurée par le service départemental de secours et d'incendie dans tous les départements de France, en vertu de la loi n°96369 du 3 mai 1996. Actuellement, une vingtaine de départements seulement ont subi cette départementalisation. Le 1er janvier 1999, le corps communautaire de la COURLY est transféré au corps départemental du Rhône, pour devenir à son tour établissement public. Ce dernier est administré par un conseil d'administration, dirigé par un directeur nommé par le ministre de l'Intérieur.

Notes
18.

annexe n° VIII pages 1 à 7