4-3 Pompier au féminin

Nous ne pouvons pas parler des sapeurs-pompiers sans évoquer la gente féminine. En effet, les françaises, depuis le mois d'octobre 1976, sont reconnues aptes à la profession de sapeurs-pompiers. Actuellement, leur nombre est très faible, parce que beaucoup, encore aujourd'hui, et à tort, considèrent, que ce métier est réservé aux hommes. Or l'histoire prouve le contraire. Des exemples d'écrits datant des années 1400 confirment que hommes et femmes devaient participer aux extinctions des feux. Au Moyen-Age, les ribaudes étaient employées à cette tâche. Le célèbre tableau du peintre RAPHAEL, " L'incendie du bourg ", peint en 1514, montre des femmes qui portent des cruches d'eau pour aider à éteindre le feu, et des exemples de ce type sont nombreux.

En France, l'Eglise Catholique va jouer un rôle important dans le travail des femmes ; de nombreux métiers ne leur sont pas, a priori, accessibles. Pourtant, pendant la guerre de 1914-1918, leur rôle d'infirmière ou d'ouvrière pour remplacer les hommes partis à la guerre, est primordial. Leur manque de force physique leur est souvent objecté. Néanmoins, le développement de la technologie est là pour combler ce déficit, si déficit il y a. Aujourd'hui, un grand progrès a été réalisé dans l'accessibilité à ces métiers réputés difficiles. En France, il faut attendre les évènements du mois de mai 1968 pour voir apparaître les premières demandes d'incorporation des femmes. Déjà, des épouses aident leur mari en transportant du matériel, en faisant des liaisons radio, mais tout cela dans l'illégalité. Elles ne seront reconnues qu'en 1976. Les conventions internationales du travail, qui visent à promouvoir l'égalité des chances et du traitement en matière d'emploi, si elles admettent exclusions ou préférences fondées sur les qualifications exigées pour un emploi déterminé, affirment en revanche la nécessité d'éliminer toute forme de discrimination fondée sur le sexe, la race, la religion, l'opinion politique ou l'appartenance nationale. En vue d'encourager une répartition plus équilibrée des hommes et des femmes dans la population active, elles demandent une révision des lois et des conventions collectives, et aussi celles des pratiques et des coutumes qui existent et nuisent à l'égalité des chances. Toute personne qui demande son intégration dans un corps de sapeurs-pompiers et satisfait aux exigences ( poids, taille, conditions physiques et intellectuelles ) doit être employée au même titre que les hommes; mais cela n'est pas toujours le cas. Dire, comme certaines personnes, qu'une profession est trop dangereuse pour les femmes revient à dire, à notre avis, qu'elle est aussi dangereuse pour les hommes! Il faut attendre octobre 1976 pour trouver la première femme partir en intervention, Le 2 octobre 1978 pour la première officier professionnel et le premier septembre 1980 pour le premier médecin-capitaine nommée à Lyon ; il s'agit du docteur REBREYEND-COLIN, aujourd'hui Lieutenant-Colonel.

Le recensement de 1980 dénombre soixante professionnelles et cent cinquante neuf volontaires, et celui de 1991 vingt cinq officiers professionnels et trois cent vingt six volontaires, ( dont trois cent douze médecins ), six sous-officiers professionnels et quatre-vingt- dix volontaires, quatre vingt huit caporaux et sapeurs professionnels et trois mille cent deux volontaires.

Aujourd'hui, les femmes ne sont pas les bienvenues dans les casernes de pompiers, surtout chez les professionnels. Les vieilles idées de notre culture Judéo-Chrétienne, où la lutte contre l'incendie est porteuse de symboles psycho-sexuels et doit être exclusivement réservée aux hommes, symbole de la virilité et de la protection, sont bien ancrées dans les esprits. Cela ne facilite pas l'intégration des femmes. Longtemps employées aux tâches administratives, seules quelques unes, isolées, arrivent à partir en intervention avec leur confrères masculins. Pourtant, quoi de plus rassurant qu'une voix féminine au bout du téléphone ou un joli sourire pour le réconfort, lorsque nous sommes victimes d'un accident de la route et coincés dans le véhicule! A l'heure où la devise des pompiers est " courage et dévouement ", où le pompier est considéré comme un sauveur et comme une personne qui apporte chaleur et réconfort à toutes les personnes en situation de détresse, sans distinction de race ou de sexe, il est incompréhensible et aberrant que, dans nos rangs, une exclusion frappe une catégorie de personnes. Un long travail de civisme, d'altruisme et de compréhension reste à composer, mais les mentalités demeurent un facteur difficile à faire évoluer et progresser.

En ce qui concerne le service de santé et de secours médical, un médecin sapeur-pompier est un élément indispensable et irremplaçable de l'intervention en termes de santé publique. Dans les zones rurales, le médecin qui se déplace avec un véhicule équipé d’un gyrophare et d’un klaxon deux tons, accompagné de l'équipe du V.S.A.B, est souvent la première personne sur les lieux de l'intervention. Il peut ainsi effectuer le bilan médical, pratiquer rapidement les gestes essentiels et prendre les décisions importantes.

En zone urbaine, il participe généralement au fonctionnement des S.M.U.R. L'équipe du V.S.A.B se présente sur les lieux de l'intervention, effectue le premier bilan et les gestes adéquats et transmet un message au médecin régulateur du S.A.M.U, qui va déclencher l'alerte pour le départ d'un équipage '"primaire ". Ce dernier est composé d'un médecin réanimateur et d'une infirmière.

Le premier chirurgien est nommé le 20 décembre 1770 dans la compagnie des gardes pompes de Paris. Depuis plusieurs siècles, les responsables des services de secours avaient pensé qu'il fallait protéger le personnel contre les accidents, forts nombreux à ces époques, lors de l'extinction des incendies. C'est donc en voulant protéger son propre personnel que l'idée d'introduire des médecins dans les corps de sapeurs-pompiers est apparue. Il faudra attendre 1910 pour voir la première ambulance.

Le 18 septembre 1811, année de la création du bataillon des sapeurs-pompiers de Paris, un décret impérial ordonne qu'un chirurgien, doté d'un cheval, se rend sur les lieux des incendies. En 1924, le médecin Commandant COT crée le service médical de ce régiment. Et ce n'est qu'en 1925, par le décret du 13 août, que le recrutement des médecins dans les corps de bénévoles est mis en place. Leurs interventions seront importantes lors de la guerre de 1939-1945 et, le 7 mars 1953, dans son article 46, un décret rend obligatoire l'organisation d'un service de santé et de secours médical, ( S.S.S.M ).

Par une circulaire ministérielle datée du 31 mars 1960, parait un règlement particulier qui concerne le médecin-chef du S.D.I.S et, en 1962, le médecin de centre de secours. Sa particularité est la séparation des missions en deux catégories:

1968 voit l'arrivée des pharmaciens, susceptibles d'assister les médecins-chefs. Les lois du 6 janvier 1986 et du 22 juillet 1987 sur la Sécurité Civile confortent la position des sapeurs-pompiers et de leur S.S.S.M dans les secours aux victimes et l'aide médicale urgente. Les conditions d'exercice des médecins, pharmaciens et vétérinaires, ( depuis le premier février 1984 ), sont précisées dans le décret n°88.623 du 6 mai 1988, relatif à l'organisation générale des services d'incendie et de secours. Enfin, en 1963, une loi autorise les S.D.I.S à engager des pharmaciens à usage interne.

Jusqu'à présent, aucune formation spécifique n'est exigée des médecins professionnels. Cependant, à titre expérimental, une modification est en cours. Il s'agit d'un cursus d'une durée de trois semaines, où trois thèmes principaux sont abordés: santé publique, urgences et spécialités du métier de sapeur-pompier. Seuls des stages de spécialisation sont possibles, à la demande de l'intéressé, stage d'une durée de sept jours dans les domaines suivants: plongée sub-aquatique, risques chimiques et nucléaires et secourisme.

Les médecins volontaires, également, n'ont aucune obligation de formation spécifique pour entrer dans un corps; seul un acte de candidature est demandé. La plupart se forment à l'urgence en prenant des gardes avec le S.A.M.U de leur département. Chaque département à la possibilité de choisir le type de formation de ces médecins; à ce propos, celui de la Haute-Loire est un modèle d'exemple, car il exige un stage d'une durée de six mois au S.A.M.U, ainsi qu'un diplôme de médecine d'urgence. Des modules à thèmes sont proposés en stage d'une semaine. Cependant, tous les départements n'ont pas cette chance, certains ont même des difficultés à recruter un médecin. Lors des interventions, c'est le généraliste du village qui est appelé et cela peut prendre quarante cinq minutes.

Le service de santé français est représenté ainsi, ( chiffres de 1993 ):

Au sein de ce personnel, il convient de préciser sa répartition en trois statuts différents:

Un médecin est un élément essentiel pour un corps de sapeurs-pompiers quel que soit son statut. En supplément de son travail de médecin, il va être présent au niveau administratif et pédagogique. En effet, il fait généralement partie du conseil d'administration du corps et représente l'intermédiaire relationnel avec la D.D.S.I.S ou la Sécurité Civile. C'est lui qui est responsable de la gestion de l'inventaire, du matériel, ainsi que de l'état sanitaire du V.S.A.B, et il est chargé de contrôler l'aptitude physique de chaque sapeur-pompier.

Son rôle de pédagogue est important. Il participe à l'enseignement et aux jurys des examens de secourisme. Il est présent aux manœuvres, que ce soit au niveau local, départemental, régional ou national.

Son rôle opérationnel, qui demeure sa vocation première, est étendu. En effet, il va intervenir dans toutes les catastrophes naturelles; inondation, séismes,... Enfin, il va être présent dans les incendies, pour donner les premiers soins aux victimes et aux sapeurs-pompiers qui se blessent.

Les pharmaciens font partie du S.S.S.M depuis 1988. Leur mission première se situe dans le domaine " médicamenteux ". Ces pharmaciens, tous pompiers volontaires, possèdent aujourd'hui un second rôle: l'activité opérationnelle, qui se développe du fait de l'évolution grandissante des risques et du développement de la médecine d'urgence. Leurs connaissances, dues à leurs cursus universitaire, leur permettent d'être de véritables conseillers dans les domaines de la chimie, de la radioactivité et de la toxicologie. Cela entraîne une évolution dans le cadre des risques technologiques et naturels. Cependant, officiellement, bien qu'inclus dans le S.S.S.M, ils ne sont pas reconnus.

Les infirmiers ne possèdent pas de statut officiel. Pourtant, ils sont présents depuis longtemps chez les sapeurs-pompiers volontaires et professionnels. Leur reconnaissance a été difficile, mais demeure acquise actuellement, même en l'absence de textes officiels. Généralement, au niveau départemental, un infirmier est désigné conjointement par le Directeur Départemental et le médecin-chef, en accord avec le Président de l'Union Départementale, et il intervient en association avec le médecin. Les infirmiers ne possèdent pas de grades, contrairement aux médecins. Leur arrivée dans les corps de sapeurs-pompiers n'a pas été, au départ, fort appréciée. En effet, les pompiers avaient peur que leur propre rôle soit diminué et que, peu à peu, ils leur soient substitués. Cela, heureusement, n'est pas le cas et , au contraire, les rôles sont rapidement devenus complémentaires; actuellement, nombreux sont les corps demandeurs.

A Lyon, comme dans la plupart des grands corps, l’organisation de service de santé et de secours médical est la suivante :

La priorité du travail qui incombe aux médecins est la réalisation des examens d’aptitude au métier de sapeur-pompier ainsi que les reprises de travail, la direction de l’enseignement du secourisme, les actions de médecine préventive contre les accidents cardio-vasculaires, l’alcool,… et la préparation de l’opérationnel.

Il existe également un rôle important que doit remplir ce service, il concerne l’obligation d’être des correspondants des ressources humaines de chaque centre d’intervention, de l’état major et de la logistique. L’unité santé et secours médical doit être informée rapidement lorsqu’il arrive un problème à un agent, par exemple lors d’un accident de travail.