II EME PARTIE
LA FORMATION DE 1980 A 1988

I- THEORIE DE LA FORMATION

1.1 Définition

Le terme formation est difficile à définir ; il dépend du genre de personne que l’on veut former, de l’objectif recherché et de l’interprétation de chacun. Cela peut parfois faire varier son sens. Nous pouvons la regarder, avec certains auteurs, comme une fonction sociale de transmission de savoirs, de savoirs-faire et de savoirs-être, qui s’exerce au bénéfice du système socio-économique ou, plus généralement, de la culture dominante. C’est peut-être la définition qui correspond le plus à la formation pratiquée chez les sapeurs-pompiers. Est-il possible de la considérer comme un processus de développement et de structuration de la personne, qui s’accomplit sous le double effet d’une maturation interne et d’occasions d’apprentissages, de rencontres, d’expériences ? Jacques Hédoux 19 , pose la question suivante : « faut-il penser que l’exercice professionnel en formation d’adultes marque une phase, un moment d’un itinéraire professionnel ? ».

Chez les sapeurs-pompiers, la réponse est certainement « oui ». Mais une réponse positive ne doit pas exclure la réelle préparation professionnelle et la constitution d’un noyau d’experts polyvalents. Cela n’est pas toujours le cas chez eux. Or, qu’il nous semble important d’intégrer des éléments et des informations de formation éducative et pédagogique, à tout le personnel, en vue de lui permettre d’être en harmonie au sein d’une société éducative. A la base de leur formation, peu de pompiers connaissent des rudiments de pédagogie.

Mais la formation peut se voir comme une institution. C’est un dispositif organisationnel qui, par exemple, est composé de programmes, de cursus, de certificats. Une institution, c’est aussi le lieu d’une pratique, avec ses normes, ses modèles, sa technicité propre, son langage et ses formateurs.

Se former permet d’acquérir ou de perfectionner un savoir, une technique, une attitude, une capacité : capacité de faire, de réagir, de raisonner, de créer,… C’est, en fait , apprendre. Olivier Reboul le dit lorsqu’il présente l’apprentissage «  comme l’acquisition d’un savoir-faire, c’est à dire d’une conduite utile au sujet ou à d’autres que lui et qu’il peut reproduire à volonté si la situation s’y prête «  20

Nous pouvons assimiler la logique interne de la formation à celle d’une didactique rationnelle, avec ses progressions, ses entraînements systématiques et ses contrôles à chaque étape. Le formateur va installer des moyens pédagogiques empruntés ou «  inventés «  en fonction de sa stratégie personnelle, de son projet et de ce que les éléments de la situation de formation où il se situe lui permettent de faire. Il s’agit, le plus souvent, d’une démarche raisonnée, qui s’appuie sur un dispositif mis progressivement en place, ou ajusté par des modifications successives en fonction de l’objectif visé. Le cas de la formation initiale est caractéristique : elle évolue dans le temps de façon croissante et est sans cesse modifiée dans un but de progression et d’adaptation. La pratique de la formation des adultes se développe en milieu social réel, même si elle revêt l’aspect de séquences isolées et relativement courtes.

Il apparaît difficile de négliger cette caractéristique fondamentale de l’adulte en tant qu’agent social, non pas futur mais actuel. Une question peut se poser: comment former un sapeur-pompier lorsqu’il se retrouve en stage pour justement essayer de se former pédagogiquement de façon à encadrer des stages futurs ? Ces deux définitions nous semblent proches de l’objectif que doivent rechercher les sapeurs-pompiers lors de leurs différents stages.

La relation formateur-personne en formation est généralement perçue, vécue et conçue comme une relation dissymétrique. En effet, le savoir se trouve chez les premiers, le non-savoir chez les autres. Elle a comme objectif principal la suppression de cette inégalité, ce qui, chez les pompiers, n’est pas forcement le cas. En effet, le commandement dans cette corporation, fonctionne avec le respect du grade, la hiérarchie est présente et obligatoire, or, ce facteur peut bouleverser cette notion de relation et ainsi fausser les résultats. Lorsque nous sommes en présence d’une personne plus gradée, les échanges relationnels peuvent-être faussés. Il est en effet, plus difficile d’aborder certains sujets avec son supérieur.

Notes
19.

dictionnaire encyclopédique de l’éducation-page 437

20.

Olivier REBOUL : « qu’est-ce qu’apprendre ? » Paris P.U.F 1980