4-2-1 1912: départ de la formation

C'est à partir de 1912 que sont instaurées les premières instructions de base. De 1912 à 1932, le corps des sapeurs-pompiers de Lyon est institué spécialement pour le secours de l'incendie. Les officiers sont admis au corps par voie de concours. Il doivent posséder les qualités physiques et morales nécessaires pour exercer un commandement et justifier des connaissances indispensables en matière technique, hydraulique, physique, dans leur application au service d'incendie. Les sapeurs sont également recrutés par voie de concours. Ils doivent justifier du certificat d'aptitude physique délivré par le médecin du corps et être âgés de moins de vingt six ans. Les sous-officiers et les caporaux sont exclusivement nommés par concours.

Dès 1912, nous pouvons lire 38 « qu'une instruction méthodique et particulière est nécessaire à la formation d'un sapeur-pompier ». Cette instruction comprend une partie théorique et une partie pratique. Les instructeurs, pris parmi les sous-officiers, eux-mêmes sous la direction d'un officier, enseignent la description du gros matériel, tels que les fourgons-pompe-tonne, fourgons de protection, échelle. Ces données générales se complètent , « l' instruction de détail qui comprend les agrès et les accessoires. Tout ce petit matériel, que le sapeur-pompier doit manipuler en toutes circonstances, donne lieu à une instruction très détaillée, facilitée elle-même par des devoirs oraux » 39 .

L'enseignement théorique traite de l'organisation du service en général, de la formation des équipes, de la fonction inhérente à chaque affectation. Puis les différentes phases des procédés de lutte contre le feu, en ayant une connaissance de la construction et des habitations, modernes comme anciennes, sont étudiées.

L’ instruction se complète, déjà à cette époque, par des théories sur lesproduits chimiques 40 , » ; au cours du programme, se répètent fréquemment les théories sur les manières de procéder aux sauvetages soit dans les incendies, soit lors des asphyxies par la fumée, les gaz ou l'immersion « . A un degré plus élevé, l'instruction théorique porte sur la description des théâtres, pour lesquels est fourni un service de surveillance et de protection 41 , » les responsabilités d'un sapeur-pompier sont grandes dans un établissement de ce genre et la sécurité du public dépend autant des précautions prises par l'organisation même du théâtre que de la vigilance exercée par les pompiers « .L'enseignement théorique, donné particulièrement le matin, après l'entretien du matériel et du casernement, a son application pratique l'après-midi. Des exercices avec l'échelle aérienne, les échelles à crochets ou à coulisses sont pratiqués toutes les semaines 42 , « à l'école des nœuds, on explique les différents moyens d'utiliser les cordages et commandes employés dans les opérations de sauvetage et de déblai « .

A cette époque aussi, les mécaniciens et conducteurs reçoivent une instruction technique concernant le matériel qui leur sera confié. Ils doivent étudier en outre la topographie du territoire lyonnais et de la banlieue, pour se diriger sans hésitations.

Dans ce livre, seule archive de l'époque que j'ai retrouvée, l'instruction sur l'entraînement sportif forme un chapitre complet. Dès lors, on peut remarquer que la «  culture physique «  est mise à part. De plus, à aucun moment de cet ouvrage les mots «  secourisme et secouriste «  ne sont utilisés. Une heure d'entraînement physique est programmée chaque jour lorsque le pompier est de garde à la caserne. Pendant l'instruction, l'entraînement est-il plus ou moins important, plus spécialisé ? Nous ne pouvons répondre à cette question. Il est cependant certain que la force, la souplesse et l'agilité demeurent, à cette époque, indispensables. Un examen physique et médical a lieu tous les six mois. «  les résultats, inscrits sur une fiche physiologique pour chaque sapeur ont montré les bienfaits incontestables de l'entraînement physique «  43 ,

L'entraînement est effectué en groupes: moniteurs et élèves, caporaux et sapeurs, ouvriers et employés, officiers et sous-officiers. Avant chaque séance, une mise en train est exécutée par tout le personnel. Puis celui-ci est divisé en groupes de dix hommes et passe par roulement aux divers exercices ou jeux: portique, barre fixe, barres parallèles, trapèze, anneaux, cheval d'arçon, grimper de corde, massues, sauts, lancer, boxe, tir, canotage, volley-ball, tennis, jeux de boule,...Ce n'est qu'en 1922 que le commandant Rossignol décide que tous les sapeurs doivent apprendre à nager. Cet apprentissage se déroule chaque matin au ponton du Cercle des Nageurs, sur la Saône.

Le corps de Lyon, composé de professionnels, est destiné exclusivement au secours contre l'incendie. Cependant, à cette époque, certains autres services lui sont demandés, en vue d'assurer la sécurité des personnes et la conservation des immeubles. Environ cent cinquante personnes arment le corps. Les officiers sont recrutés par voie de concours. Des qualités physiques et morales ainsi qu'un minimum de connaissances techniques sont exigées, car ils doivent occuper un poste de commandement. Les sapeurs sont également recrutés par voie de concours. Seul, un certificat d'aptitude physique délivré par un médecin est demandé. Dans ces années, le corps est administré par un conseil d'administration dont la composition est fixée par arrêté préfectoral. Le 5 août 1929, le conseil municipal de Lyon institue une commission spéciale, qui doit donner son avis sur toutes les questions qui concernent le corps. Tous les pompiers sont logés dans des bâtiments jouxtant les casernes, soit au quartier central, soit à la caserne Rochat, ( seconde compagnie actuellement ). Les familles disposent d'appartements, alors que les célibataires occupent des dortoirs. Le service est rigoureux et astreignant: cinq jours de travail consécutifs pour un seul de repos. Un standard téléphonique ainsi qu'un de secours sont installés, dans un bureau du quartier central, reliés directement aux postes de police, aux monuments et services publics, aux salles de spectacles, aux grands magasins, aux usines. Ce sont quelque trois cents établissements qui sont en contact directement, évitant le passage, parfois fastidieux, par le central téléphonique des P.T.T. Les abonnés, quant à eux, ont six directions reliées au central des P.T.T, ce qui leur permet également d'appeler rapidement. C'est le téléphoniste qui prévient les pompiers, en éclairant des lumières fixées dans chaque pièce de la caserne et en déclenchant des sonneries, y compris dans les appartements des familles logées. Ce procédé existe actuellement dans les casernes de Lyon. Ainsi, dès 1930, ils peuvent répondre rapidement aux appels des sinistrés. Les sous-officiers, en cours de route, doivent construire un plan de manœuvre et repérer de mémoire la bouche d'incendie la plus proche. Pour cela, ils subissent une formation spéciale, qui les oblige à apprendre par cœur l'emplacement de plus de mille deux cent bouches.

L'instruction est méthodique et comprend une partie théorique et une partie pratique. En 1930, l'enseignement des pompiers se veut semblable à celui qui est donné dans les écoles aux enfants. De bonnes bases donnent de bons pompiers. Ce sont les sous-officiers, sous la direction d'un officier, qui décrivent tous le gros matériel utilisé, ainsi que les agrès et les accessoires. Le sapeur apprend à les manipuler en toutes circonstances ; des devoirs oraux lui sont appliqués. L'organisation du service, la formation des équipes, les fonctions inhérentes à chaque affectation sont également au programme.

Vers les années 1930, il est important de noter que le corps de Lyon est largement fourni en matériel par rapport à bon nombre de départements. En effet, outre la liste des engins citées ultérieurement, il est doté d'un parc important de matériel pour, déjà à cette époque, pouvoir répondre à de nombreuses missions diversifiées. Cependant, il existe seulement trois ambulances, ce qui explique que la formation en secourisme ne soit pas encore en vigueur. Les pompiers ne sont pas des spécialistes en la matière et personne ne leur attribue cette spécificité. Seule, l'évolution de leur mission va les obliger à se former, à s'équiper de façon croissante en vue de cette activité nouvelle, qui est la sauvegarde de la vie des citoyens. L'histoire montre donc que le métier de sapeur-pompier est en perpétuelle évolution; seule l'adaptation constante permet les performances requises et une réponse aux besoins de la population.

Le parc comprend du matériel d'exploration, constitué d'appareils d'éclairages, respiratoires et de ventilateurs hydrauliques. L'éclairage est établi par des projecteurs à oxy-essence, acétylène ou électrique, des falots et des flambeaux à acétylène ainsi que des torches également à acétylène dissout. Les appareils respiratoires sont de simples masques et des pompes à air. Il ne s'agit en aucun cas d'appareils pour la respiration artificielle ; ce sont seulement des appareils réservés aux pompiers eux- mêmes lorsqu'ils interviennent en milieu vicié.

Les pompiers de Lyon sont dotés d'un grand réseau de matériel d'alimentation, constitué de tuyaux d'aspiration et de refoulement ainsi que des pièces de jonction composées de retenues et de divisions, (actuellement, de nombreuses pièces sont rangées dans cette catégorie ). Environ quatre mille mètres de tuyaux de refoulement de diamètre 45 et dix mille mètres de diamètre 65 sont utilisables. En 1930, ils utilisent trente kilomètres de tuyaux d'extinction de tous les feux qui se déclarent sur la commune de Lyon. Trente huit grosses lances et soixante cinq petites lances viennent s'y ajouter, ainsi que vingt cinq pompes à main et un extincteur à mousse avec générateur. Il existe également des engins de sauvetage qui sont des toiles, des ceintures Lebeau, des chèvres, des échelles diverses, des cordages, du matériel isolant. Nous comptabilisons du matériel pour la protection contre l'inondation et du matériel de déblai utilisé lors des incendies. L'inventaire des engins est le suivant:

  • sept fourgons-pompes de débit horaire de 120000 litres,
  • un fourgon-pompe de premier secours de débit horaire de 80000 litres,
  • deux fourgons de secours pour la protection, l'étaiement, les opérations diverses, les sauvetages en dehors des incendies,
  • deux échelles aériennes pivotantes à manœuvre mécanique,
  • trois ambulances automobiles,
  • un side-car pour les feux de cheminée,
  • deux camions bâchés pour transporter des hommes ou du matériel.

Le corps de Lyon d'avant-guerre est donc suffisamment riche en matériel pour la lutte contre l'incendie et représente un des plus importants de France.

Notes
38.

le livre d’or du corps des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon page41

39.

le livre d’or du corps des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon page41

40.

le livre d’or du corps des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon page43

41.

le livre d’or du corps des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon page43

42.

le livre d’or du corps des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon page44

43.

le livre d’or du corps des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon page 47