3 LE SOCIAL ET LES SAPEURS-POMPIERS

Le caractère complexe, protéiforme et inorganisé de la formation actuelle des sapeurs-pompiers est flagrant. Cette situation est à l'origine de nombreuses insuffisances, voire de carences, parfois graves: les conditions et modalités de recrutement ne sont pas satisfaisantes. le dispositif se caractérise par des imperfections, ( absence d'école ou de formation dans certains départements,...), et par des incohérences, (articulation obscure des différentes écoles, fonctionnement autarcique des départements,...), dues à l'inexistence de coordination. Les financements sont empiriques et confinent à l'improvisation, ce qui engendre incertitudes et précarité. Le manque de formation après le recrutement au grade de sapeur représente une carence inadmissible. De nombreux départements instruisent sur le tas le sapeur nouvellement recruté. Dans la majorité des cas, celui-ci bénéficie seulement à deux moments de sa carrière d'une formation réellement organisée; lors de l'accès au grade de sous-lieutenant et à celui de capitaine. Cette situation, possible à une époque où la mission première de l'activité consistait principalement à éteindre les feux, n'est plus acceptable aujourd'hui, compte tenu de celles qui leur sont désormais dévolues et qui, de plus en plus, exigent la mise en place de techniques difficiles. Or, le degré de didactisation ne renvoie-t-il pas à la position des savoirs enseignés par rapport aux champs sociaux de leur émergence ? La formation, depuis son origine s'est toujours effectuée «  sur le tas « , par contact direct avec les pratiques sociales. Il faut attendre le XVIIème siècle après Jésus-Christ, avec Coménius et le XVIIIème siècle après Jésus-Christ, avec l'Encyclopédie, pour voir apparaître, les premières ébauches de projet pour dégager les savoirs des lieux de leur constitution, de façon à les présenter de manière systématique et progressive. La rigueur didactique prenait ainsi le pas sur l'apprentissage du terrain, mais, en contre-partie, la finalisation des savoirs s'est vue fortement diminuée, ces derniers devenant autonomes et ne se développant plus que de façon formelle, dans des situations purement didactiques, où le stagiaire ne se rend plus compte de leur utilité. Une question se pose alors chez la plupart des pompiers : doit-on continuer à dégager les savoirs de toute implication, pour les présenter de manière encyclopédique dans les lieux de formation spécifiques ? Ou faut-il les ré articuler aux pratiques sociales de référence et retrouver avec ces stagiaires les situations naturelles qui leur donnent du sens ? Nous retrouvons le débat classique entre méthodes traditionnelles et méthodes actives, cours magistral et pédagogie du projet. Pour les pompiers, la pédagogie par alternance est peut-être une solution, car elle essaie d'articuler la logique de production, qui produit du sens, et la logique de formation, qui produit de la rigueur, ce débat permettant ainsi d'évaluer les degrés de didactisation des différentes méthodes pédagogiques. Cette idée nous paraît fortement intéressante pour son implication dans la formation initiale et demanderait à être réfléchie et développée pour les futurs sapeurs-pompiers. La carence de la formation tient à l'absence de son obligation de formation dans les textes officiels et d'une véritable définition de ce qu’elle devrait être. La formation se concrétise ainsi par des initiatives disparates et dispersées, en vue de parer au plus pressé, entre l'Etat, les collectivités locales et, parfois, le C.N.F.P.T. En fait, ces trois organismes se répartissent les rôles, en fonction des circonstances et textes difficilement compatibles.

Le besoin de redéfinir la formation s'avère indispensable car un pompier doit s'appuyer sur une base solide de connaissances et, pour cela, sa formation doit-être cohérente, précise et évolutive tout au long de sa carrière. La juxtaposition de formations diverses, données sans véritable réflexion, en fonction des besoins du moment, n'est plus possible dans la profession. Une politique nouvelle doit être créée, de façon à améliorer les modalités de recrutement, à homogénéiser la formation, à en rendre certaines obligatoires, ainsi que des recyclages réguliers, à former les formateurs et à clarifier la position des professionnels et des volontaires. Actuellement, le nouveau schéma tient compte de certaines de ces remarques, mais sa mise en place est longue et retardée ; trop de nouveautés ont été lancées en même temps sans véritable concertation avec la base, qui est pourtant la première concernée par les réformes.

Généralement, lorsqu'une formation de sapeurs-pompiers, quelle qu'elle soit, se met en place, l'encadrement se concentre essentiellement sur l'aspect technique et logistique. Or, avant toute ouverture de stages, il demeure important d’en définir la nature, sa fonction sociale économique et culturelle, les attentes des futurs formés et les bases sur lesquelles il est possible de l'inclure dans une société aux changements multiples, rapides et souvent sacralisés par elle même, mobilisée par des exigences de croissances, projetée de l'avant par le fort développement de l'innovation scientifique, esthétique et éthique,..., qui est susceptible de bouleverser les acquis expérientiels des stagiaires. Il convient donc de nous interroger sur la société avec laquelle la formation proposée va s'articuler ainsi que sur les finalités, les objectifs, les méthodes, les contenus de cet enseignement: les formateurs et les formés doivent donc être analysés. Or, cela n'existe que très rarement, voire jamais. La seule exception concerne la formation initiale où, depuis 1997, un stage de cinq jours, suivi par les formateurs, intitulé FOR I, fournit quelques notions générales de formation et de pédagogie.Cependant, ils ne sont pas préparés à recevoir ce type d'enseignement: la motivation et la réceptivité sont donc souvent inexistantes. Le langage, base de la communication, est nouveau pour eux et ce stage, exclusivement théorique, n'aborde pas concrètement la réalité du métier. Or, la motivation est un point de départ essentiel de la formation. Le stage FOR I est encadré par un intervenant extérieur, de même que celui de COM I, qui correspond à une introduction aux principes et données fondamentaux de la communication. L’objectif pédagogique général de cette formation récente est de faire connaître les notions de base de la communication interpersonnelle, de mettre en œuvre ses principes généraux et d’adapter le mode de communication personnelle en fonction des interlocuteurs et des situations. Cela dans toute position de communication, à deux ou groupale, avec ou sans visée pédagogique. La conclusion du vécu de ces deux types de stage est que la théorie n’est pas assez proche du métier de sapeur-pompier, les intervenants étant néophytes dans ce domaine. En 1999, pour la première fois, deux sapeurs-pompiers diplômés en psychologie et en sciences de l'éducation ont encadré le stage de COM I de la formation initiale. Le résultat est intéressant car, étant pompiers sur le terrain, ils ont pu adapter le cours au métier. Ce type d'expérience est sans doute à pérenniser car la formation devient ainsi complète et les participants restent motivés pendant tout le stage. A priori, le centre de formation départemental semble vouloir renouveler cette expérience, positive de l’avis de tous les stagiaires. Ces derniers apprécient de travailler sur des cas concrets. Les formateurs prenant les exemples de ceux ci sur des situations antérieures vécues. La communication étant actuellement une discipline qui prend de l’importance dans la société, le métier de sapeur-pompier n’échappant pas à la règle. Aujourd’hui, il convient d’être prudent et de préserver la vie privée des victimes. Lorsque le pompier se trouve en situation d’intervention, il doit savoir gérer ses propos face aux témoins susceptibles d’être présent lors de chaque mission. Etre formateur est un métier à part entière, indépendamment de diverses connaissances en telle ou telle discipline constituées. La majeure partie de son champ d'action est accaparée par la transmission de ces dernières, mais certaines tâches définissent également ce métier: la conception d'action non répétitives d'encadrement, le suivi des stagiaires, la prise en compte de leurs besoins, de leurs rythmes, de leurs évaluations, de la régulation psychologique, de la négociation des accords avec les demandeurs institutionnels,...Un formateur est dans l'obligation de rendre attractif son enseignement ; pour cela, il doit stimuler l'intérêt des stagiaires, tout en concevant un climat psychologique apte à favoriser la relation entre les membres du groupe.

Un autre aspect, non inscrit dans le nouveau schéma de formation, concerne le grade. Il engendre une barrière difficilement destructible entre les stagiaires. Le vécu ou le cursus de chacun est rarement pris en compte, ce qui entraîne un frein à l'évolution interne du métier: Des personnes possèdent des diplômes et/ou des connaissances particulières dans différents domaines, psychologie, philosophie, pédagogie,...Leur avis n'est pas forcement pris en compte si leur grade correspond simplement à celui d'un homme de la base. En 1999, deux caporaux ont donc pu utiliser leurs compétences universitaires pour encadrer le stage de COM I. Il convient, dans l'avenir, de développer cette idée, qui permet un accroissement qualitatif de la formation des sapeurs-pompiers et une réduction de coût de formation. Le phénomène « d'ouverture «  n'est pas encore omniprésent, comme il pourrait l'être. La carrière d'un pompier peut évoluer de façon différente. Une mésentente et/ou une bonne entente avec certaines personnes de la hiérarchie supérieure influence son avenir. Le corps de Lyon, important en personnel, n'échappe pas à la règle ; plusieurs pompiers voient leur carrière détournée à cause de ce phénomène. L'introduction d'unité de valeurs et de fonctions précises pour chaque rôle doit y remédier. Des pompiers n'ayant jamais appris à enseigner et ne possédant aucune base en psychologie ou pédagogie encadrent des formations en étant parfois responsables du stage; il parait difficile, dans ce contexte, de former correctement des stagiaires.

Il existe des outils modernes de communication, des nouvelles technologies qui permettent une diffusion de plus en plus rapide de l’information. Aujourd’hui, le moindre « événement » peut-être suivi sur une chaîne de télévision par câble ou satellite. L’internet permet une diffusion mondiale et instantanée.

Parallèlement, la demande d’information rapide, fiable et précise augmente. Ainsi, celui qui est capable de la fournir transmet en même temps un «  point de vue «, une façon de voir qui lui est propre et peut le valoriser. Il peut également désamorcer à cette occasion des visions approximatives ou des contre-sens qu’il sera difficile, voire impossible, de corriger une fois l’actualité dépassée. Dès les premiers instants d’une intervention ou en dehors des opérations de secours, ce sont les sapeurs-pompiers qui gèrent la diffusion de l’information aux médias, plutôt qu’ils ne la subissent.

La communication avec la presse ne se déroule pas toujours lors des opérations de secours. Souvent, les journalistes cherchent à rendre compte de la vie quotidienne des sapeurs-pompiers, de l’avance des technologies et de l’engagement humain des hommes et des femmes qui constituent la corporation. La demande est donc, à ce moment là, différente de celle qui est relative à un sinistre. Sur le théâtre d’une opération de secours, nous pouvons différencier deux demandes particulières :

De plus, il arrive parfois qu’il ne soit pas autorisé à communiquer directement, l’autorité préfectorale souhaitant être la seule à transmettre les informations ; c’est d’ailleurs ce qui existe actuellement chez les sapeurs-pompiers du département du Rhône. Cependant, chaque échelon de l’organisation, du sapeur 2ème classe, au commandant des opérations de secours, doit connaître l’enjeu et l’importance d’une communication avec les médias. L’accueil et l’orientation sont parfois aussi importants qu’une prise de parole. Cette dernière, lorsqu’elle est autorisée, sera plus personnelle, plus affective, si elle est réalisée par le sapeur-pompier, au plus près de l’action, plus technique et complète si elle est réalisée par le commandant des opérations de secours.

Il existe une demande croissante de témoignages de sapeurs-pompiers, quel que soit leur grade. Cette demande concerne les agents ayant des fonctions connues ou méconnues, ( prévention, spécialiste, pompier ayant participé à des interventions hors du commun, comme celle du tunnel du Mont-Blanc ).

Le journaliste a plusieurs objectifs :

Le caractère extraordinaire, violent et spectaculaire ne sera abordé qu’en toile de fond ; c’est avant tout le témoignage humain et l’illustration de ce dernier qui sera le support principal. Dans ce cas-là, il n’y a pas de risques d’erreur ou d’interprétation d’une situation opérationnelle donnée, pouvant mettre en cause l’autorité. En revanche, si l’agent n’est pas formé pour communiquer à la presse, le risque d’aborder les informations sous un angle négatif pour l’institution est bien réel. Sa méconnaissance de ses droits et devoirs peut laisser libre cours à une communication contraire à l’intérêt public ainsi que son témoignage «  à chaud « , le facteur stress, suite à l’intervention, peut faire oublier la prise de recul.

Comme chaque citoyen, le sapeur-pompier connaît l’importance de la communication, parfois même la puissance télévisuelle. Il existe pour lui une véritable appréhension d’être filmé ou interviewé. A la peur de bafouer, de faire des fautes de français, s’ajoute celle de dévoiler des   « secrets «  ou d’être piégé par le journaliste. Nous retrouvons concrètement, dans le référentiel emploi national REP 1 et REP 2, cette défiance et cette peur, comme si nous voulions la programmer au cours de la formation :

Le vocabulaire utilisé dans les objectifs généraux et spécifiques du référentiel emploi n’encourage pas à dédramatiser la rencontre avec le journaliste. Ce que nous pourrions appeler une petite «  paranoïa «  possède deux origines  incontestables ; le pouvoir de la presse est réelle, l’œil critique du journaliste n’épargne pas les services d’incendie et de secours et les journalistes de la télévision nationale sont de plus en plus pressés, réducteurs, ( photographe d’hebdomadaire national ) ; ils peuvent quelquefois manquer de respect envers les sapeurs-pompiers de province ou bien encore les occulter. En effet, les reportages des chaînes nationales concernent toujours les pompiers de Paris, jamais ceux de province. Ainsi, cette peur fondée sur une réalité particulière, handicape la communication des services d’incendie et de secours.

Est-il logique de noter que REP 1 et REP 2 ne sont pas inclus dans la formation, car dans la réalité, ils ne sont pas enseignés, ces deux modules ne correspondent pas à la réalité sur le terrain et peu de personnes sont susceptibles de donner ce cours. Nous pensons qu’il conviendrait de s’intéresser à certains aspects de cet enseignement, qui pourraient être appliqués à la formation des pompiers : le pouvoir de la presse existe ; cependant, son rôle est de refléter la réalité et non de juger et de condamner. Le journaliste a besoin de faits et son pouvoir réside dans leur transmission. La presse régionale est fondamentalement différente de la presse nationale. Sur le théâtre des opérations de secours courants, la seconde est quasiment absente. Elle arrive sur une opération majeure dans un délai plus ou moins long. De ce fait, les journalistes locaux connaissent mieux les sapeurs-pompiers de France que les journalistes parisiens. Ils sont plus conscients de la valeur de leurs engagements et moins exigeants en matière de délai, car moins soumis à la concurrence. Les journalistes régionaux de presse écrite ont des contacts de qualité quotidiens avec les centres de transmission de l’alerte, qui sont pour eux une source d’information indispensable au jour le jour. Ils protègent cette source, ce que ne fait pas obligatoirement le journaliste parisien. Souvent, le journal régional n’a pas de concurrent direct, contrairement au journaliste parisien, qui personnalise son compte-rendu en ajoutant critique et parfois polémique. Celui de la presse quotidienne traite l’information plus factuelle ; ses critiques, s’il y en a, sont plus mesurées et prudentes. Il faut noter qu’un journaliste ne supporte pas de savoir que l’agent qu’il rencontre connaît l’information technique qu’il cherche mais refuse de la lui donner sous le seul prétexte qu’il n’y est pas autorisé à le faire. Le silence demeure une façon de communiquer et l’interprétation des silences institutionnels échappe à tout contrôle ou orientation. Ainsi, l’impression que nous pouvons donner en ne communiquant pas laisse suspecter que l’on a quelque chose à cacher.

Tous ces arguments devrait pouvoir dédramatiser et responsabiliser le sapeur-pompier dans ses contacts avec la presse. Pour cela, un assouplissement des procédures de communication par un travail en amont en relation avec les autorités du service départemental d’incendie et de secours, du conseil d’administration, du Préfet, est nécessaire et obligatoire. Actuellement, un pompier du département du Rhône ne possède aucune formation en ce qui concerne les relations avec le public et avec la presse. Cela peut entraîner des dérapages lors d’interviews «  à chaud «  avec des journalistes. A l'aube de l'an 2000, ou la communication se développe à grands pas, il nous paraît nécessaire de développer cet aspect relationnel de communication et de démystifier la peur de l’interview.

De même, l’avenir nous montrera certainement qu’il sera impossible de ne pas parler de formation sans faire référence aux «  ressources humaines « . En effet, c’est un secteur qui permet une gestion du personnel. Cette dernière est importante dans la fonction publique, mais c’est au cœur des entreprises privées que la nouvelle décennie va certainement révolutionner le milieu des pompiers volontaires. Les compétences vont constituer un enjeu stratégique socio-économique. ils diffèrent, l’encyclopédie 48 précise ainsi la définition suivante :

Tout d’abord, il convient de définir le terme « capacité «,  que nous assimilons trop facilement à celui de « compétence « :

La seconde définition 49 , est la suivante :

La formation nouvelle des sapeurs-pompiers tend à vouloir se rapprocher de cet dernier aspect. La norme NF x 50-750-1 définit la compétence professionnelle par «  la mise en situation professionnelle de capacités qui permettent d’exercer convenablement une fonction ou une activité : les compétences des sapeurs-pompiers sont contingentes à la situation professionnelle qui en assure la mise en œuvre. Les missions de cette situation sont d’ordre techniques et humaines, l’ensemble réunit dans une vaste structure organisée ; centres de secours, groupements,… » .Les sapeurs-pompiers assurent leurs missions en relation avec le S.D.I.S.

Leur situation professionnelle évolue en fonction des aléas de la société, de facteurs annexes tels la météorologie ou encore l’aspect financier. Tout cela correspond à des situations réelles, qui sont assimilées à un emploi tenu, à un instant T. Les interventions sur le terrain reflètent la réalité, cette dernière est analysée et cela aboutit à ce que nous pouvons appeler des situations professionnelles types, qui requièrent des compétences spécifiques.

Le transfert de ce savoir-faire permet ainsi la constitution de compétences. Le pompier possède ainsi des capacités qui font apparaître les compétences. Les ressources humaines prennent alors toutes leurs dimensions, elles ne représentent plus un simple réservoir de production de biens ou de services, mais un capital immatériel. Cela détermine une importance notoire, notamment dans le cadre de la formation professionnelle des volontaires. Actuellement, la principale difficulté demeure leur disponibilité. La recherche de leurs compétences au sein de l’entreprise reste un élément intéressant par leur employeur. Un volontaire bien formé, avec des capacités, devient un employé riche en compétences ; cela représente uns force, un atout pour son employeur dans le cadre du développement de l’entreprise, et une ouverture réelle pour ce qui concerne la disponibilité. Les compétences sont, en quelque sorte, une perpétuelle remise en question associée à une perpétuelle adaptation. Le métier l’oblige, aucune intervention n’est identique ; l’adaptation est obligatoire.

A cela, il convient d’ajouter l’élévation des moyens techniques opérationnels, qui doivent répondre aux exigences de l’évolution et de la différenciation des interventions ; le pompier doit être capable de s’adapter. L’évolution technique ne peut exister sans l’évolution de la formation du personnel, une certaine osmose est obligatoire. Ce professionnalisme acquis sur le terrain, associé à une formation rigoureuse et évolutive, permet d’acquérir des compétences qui autorisent le pompier à transformer son savoir-faire en savoir-agir représentant un plus et un atout majeur pour un pompier volontaire travaillant dans une entreprise privée. Dans un avenir proche, cela va entraîner une gestion différente des agents au sein des services d’incendie et de secours.

Le niveau scolaire et culturel d'un pays comme la France progresse régulièrement. Celui des candidats admis au concours de Lyon de sapeurs-pompiers non officiers atteint actuellement celui de terminale, voire plus. Or, les pompiers entrés au corps dans les années 1970 sont principalement des ouvriers manuels, dont le niveau scolaire est peu élevé. La faculté et la facilité d'analyse de ces deux générations sont différentes, d’autant plus que le contexte de la société n'est plus le même. Le passage d'une instruction para-militaire à celui d'une formation initiale à quelques années d’intervalle n'est pas facilement assimilable. Cela entraîne parfois un décalage, des tensions et des incompréhensions, qui ne pourront se résoudre que lorsque l'équipe formatrice aura suivi une formation minimum d'enseignement et que cette dernière sera mise en place pour plusieurs années.

A cet instant, les sciences de l’éducation peuvent jouer un rôle important dans la formation des sapeurs-pompiers. Ce rôle va certainement s’accentuer dans les années futures. En effet, les relations entre la pratique et la recherche deviennent obligatoires. Elles possèdent un rôle d’explication, de justification, par conséquent un élément de progression vis à vis de la façon de faire de l’éducateur. La technique employée sur le terrain ne peut remplacer la théorie. Mais ces résultats permettent une meilleure transmission entre le formateur et l’apprenant. Les sciences de l’éducation autorisent une recherche constante de la relation entre les acteurs et le milieu, en vue de resserrer l’adaptation, de la préciser au mieux, sans pour cela donner une recette type. Pour former le personnel, le sapeur-pompier doit posséder certaines notions en pédagogie, en communication, en relations humaines, en psychologie, …L’instruction «  type militaire « ne devrait plus être appliquée actuellement, ce qui n’est pas encore toujours le cas. Aujourd’hui, des résultats et des analyses possèdent une validité éprouvée et se substituent aux opinions ou aux traditions.

Dans le métier cela est difficile, mais quelques ébauches commencent à se construire, malgré les réticences de certains. L’avantage est que le formateur peut prendre un certain recul et se cadrer au mieux lorsqu’il doit former des agents. Cela est vrai dans n’importe quelle discipline, même très technique. Les formations de formateurs sont créées avec l’objectif suivant : se former avant de former. Pour cela, l’introduction des sciences de l’éducation nous paraîtrait intéressante, même si certains agents n’en sont pas convaincus.

Il faut noter que tous ces changements rapides dans la profession sont parfois difficiles à évaluer et à analyser, surtout pour les plus anciens, qui ont connu une époque où le métier était basé principalement sur l’extinction des incendies. Ils ont des difficultés à intégrer l’idée que le XXIème siècle est synonyme d’une évolution et de changements profonds, qui vont transformer la façon de faire du métier, sachant, également, que nous sommes en présence d’agents qui ont arrêté relativement tôt leurs études. Ils ne possèdent aucune base dans les matières telles la psychologie ou la sociologie, sciences nouvelles pour ce métier. Les sciences de l’éducation permettraient aux formateurs de se recadrer et de se situer dans les actions de formation en relation avec le travail sur le terrain pour être capables d’analyser leurs propres actions, et de ne pas se transformer en «  machines techniques « ; cela serait la preuve du véritable passage de l’instructeur au formateur.

L'année 1993 est marquée par l'intégration des règles de formation du protocole d'accord dans le cadre du plan annuel de formation. Ces règles, mises en place par un comité de pilotage, rendent obligatoire pour chaque agent une semaine de stage de formation continue, bloquée du dimanche au dimanche. Cette dernière doit lui permettre de recevoir de nouvelles connaissances et de se perfectionner, afin d'évoluer dans son poste. Environ sept cents d'entre eux sont susceptibles d'en bénéficier, ce qui représente un volume de trois mille cinq cent journées de formation. Cependant, un problème se pose : des agents effectuent durant l’année d'autres stages, qui sont aussi pris en compte, diminuant ainsi le nombre de journées normalement obligatoires. Mais un inconvénient existe pour certains: les moniteurs de secourisme. Ils effectuent, dans les compagnies où leur nombre est restreint, un minimum d'un stage en tant que formateurs ; ils ne participent ainsi jamais à cette semaine obligatoire ; cela a pour conséquence qu'ils ne « subissent » aucun recyclage de formation continue. Certains domaines ne sont jamais révisés par eux. Actuellement, il nous semble que la situation la plus simple, la plus facilement gérable, donc la plus judicieuse, serait que chaque agent effectue cinq journées de recyclage, réparties au cours de l’année, avec cinq thèmes différents . Cela permettrait de préparer à l’avance les sujets, de répartir plus aisément les agents au cours de l’année et ainsi d’obtenir un équilibre en effectifs du personnel dans chaque caserne.

La sécurité civile est une installation de service, de mission et de conception. Elle s'est formée à la suite de risques collectifs de la vie quotidienne, auxquels les personnes doivent faire face, aux initiatives personnelles, parfois anonymes, de volontés et enfin, de textes ministériels qui sont simplement venus se greffer sur l'existant.

La Commune et le citoyen sont les fers de lance de son véritable départ, et pourtant ce sont aujourd'hui ces deux facteurs qui freinent, en quelque sorte, le développement de la formation des sapeurs-pompiers. Le cadre communal est dépassé par les nouvelles missions qui leur sont confiées. Généralement, la société française est réglée sur un mouvement de contrôle étatique en direction d'une décentralisation. La sécurité civile fonctionne dans le sens contraire, et ce phénomène constitue un frein au développement. Elle est, sans conteste, un service qui fonctionne quotidiennement et, pourtant, demeure quasiment inconnu de la population ; cette dernière la rattache, à tort, exclusivement aux seuls pompiers, pensant que ce sont eux qui se chargent de tous les secours en France. En réalité, la sécurité civile, partagée entre l'Etat et les collectivités territoriales, représente un système complexe, difficilement assimilable au non initié.

Comme nous l'avons vu précédemment, l'histoire a instruit la sécurité civile. Son point de départ s'est certainement constitué le 11 mars 1733, lorsque le Parlement de Paris étendit à tout le royaume la gratuité des secours. Ensuite, des évènements tels que l'incendie de l'Ambassade d'Autriche à Paris, celui des Nouvelles Galeries à Marseille ou ceux de la forêt des Landes ont permis une évolution. De même, le premier congrès de la Fédération Française des Officiers et sous-Officiers de sapeurs-pompiers de France et d'Algérie et la création du conseil supérieur des sapeurs-pompiers au ministère de l'Intérieur, jusqu'à la loi du 22 juillet 1987, relative à l'organisation de la sécurité civile, vont construire peu à peu cette institution. Depuis des décennies, et jusqu'aux années 1950, les compétences locales représentent la seule protection pour les citoyens. En août 1790, la loi des 16-24 engage la responsabilité des pouvoirs publics, par le biais des Maires, dans la distribution des secours, et celle du 5 avril 1884 les confirme dans ce domaine.Néanmoins, financièrement, les municipalités sont impuissantes dans le secteur de la formation du personnel et du matériel. L'incendie des Nouvelles Galeries démontre la faiblesse des secours municipaux et l'Etat se doit d'intervenir. En 1946, la Constitution confirme cette idée, en impliquant l'Etat dans l'égalité des secours pour tous les citoyens.

La sécurité civile en France s'est historiquement construite, en premier lieu, à la suite des conséquences liées à de grosses catastrophes et, en second lieu, avec des corps de sapeurs-pompiers communaux, qui représentent l'organisation la plus importante de la chaîne des secours. L'Etat ne prouve pas sa reconnaissance à des agents territoriaux qui pratiquent des fonctions régaliennes ; n'est-ce point là un problème crucial, émis dans l’hypothèse d'introduction ? Jouer de la distorsion dans l'historique de la formation peut présenter un anachronisme entre le facteur révolutionnaire et le facteur anticipateur Les textes réglementaires peuvent apparaître, pour certains, comme un frein à la réalité des interventions sur le terrain. La France possède 20000 professionnels et 210000 volontaires qui, officiellement, luttent pour les mêmes missions. Cela représente sans conteste un réel décalage; d'ailleurs, de nombreux heurts et conflits reviennent quotidiennement à ce propos et la cohabitation professionnels-volontaires n'est pas aisée. De plus, la décentralisation ne joue pas le rôle escompté. En effet, le rôle respectif, les compétences et la responsabilité entre l'Etat et les collectivités locales ne sont pas toujours définies clairement. L'opposition entre le Service Départemental d'Incendie et de Secours, dirigé par un fonctionnaire territorial relevant de l'Etat, et le Service Interministériel des Affaires Civiles et Economiques de Défense et de la Protection Civile, relevant, quant à lui, d'un fonctionnaire d'Etat rattaché au cabinet du Préfet, peut parfois provoquer des tensions concernant ce qui a attrait au processus de décentralisation.

Sur le terrain, les hommes, sapeurs-pompiers territoriaux ou militaires, ont une mission commune, qui est la sauvegarde des vies humaines, et le côté administratif leur paraît lointain, encore qu'ils admettent généralement que le financement n'est ni toujours suffisant ni réparti aux points stratégiques et cruciaux.

Les sapeurs-pompiers territoriaux sont-ils à la disposition de l'Etat, au même titre que les autres services déconcentrés? le côté régalien et administratif s'oppose au côté pragmatique, politico-affectif, alors que les pompiers sont rémunérés, formés et entretenus par les collectivités locales. Ce phénomène bloque et retarde le développement du nouveau schéma de formation. Il faut noter que l'extension de missions qui deviennent de plus en plus nombreuses et de plus en plus diversifiées ne favorise pas le rapprochement et la bonne coordination, elles. Par exemple, les actions qui touchent au problème de défense de l'environnement sont réglées par les pompiers et dépendent cependant du ministère de l'environnement. Lorsque nous lisons la loi du 22 juillet 1987, nous constatons que plusieurs écrits sont flous: la sécurité civile est décrite comme menant des actions de prévention et de protection, et non d'action, ce qui est pourtant le cas 50 .

En conclusion, nous pouvons dire, lorsque nous analysons le cadre juridique général de la sécurité civile, qu'elle représente un domaine de compétences partagées. Les collectivités locales sont majoritaires, mais l'Etat, par le biais du Préfet, a son mot à dire car c'est lui qui prend d'autorité la direction de certaines missions, le déclenchement du plan ORSEC par exemple, lorsque le besoin se fait sentir. Il devient alors l'exécutif des services communaux et départementaux, alors que l'Etat n'est pas obligé de suivre sa décision du point de vue financier.

En fait, la sécurité civile représente un organisme de lutte contre différents fléaux, qui exerce son savoir, son savoir-être, son savoir-faire sur le terrain mais reste flou du point de vue juridique, administratif et politique. Cet aspect opérationnel pour des missions que nous pouvons qualifier de «  tous azimuts « , n'est sans doute pas étranger à ce flou administratif, car difficile à gérer et à canaliser. Où s'arrête et où commence la compétence de chacun? Qui est le véritable responsable dans certaines situations critiques ou ambiguës? Tout ce phénomène de responsabilité n'est pas clairement défini. Une ambiguïté demeure et la formation n'échappe pas à cette règle; cela entraîne le blocage du processus de son nouveau schéma. A chaque niveau de compétence, il faut automatiquement que corresponde un niveau de responsabilité.

L'étendue, vaste et grandissante, des missions complique le développement du schéma. Tous les jalons ne sont pas posés; chaque jour, le pompier voit son action s'étendre et sa action professionnelle ne doit pas avoir de retombées négatives pour la victime et pour les sauveteurs. L'effet du phénomène d'urgence qui caractérise les interventions oblige à une maîtrise et à une analyse rapides, et trouver la solution idéale n'est pas forcement aisé. La conception du schéma de formation ne détermine pas forcement la responsabilité finale, et cela provoque le retard de son application.

Au mois de mai 2000, la gestion administrative et financière des corps de sapeurs-pompiers sera assurée par le Service Départemental de Secours et d'Incendie dans tous les départements, en application de la loi du 3 mai 1996. Actuellement, seulement une trentaine sont impliqués. Malgré une évolution assez bien perçue, des inquiétudes demeurent, concernant les coûts financiers de ce transfert.

Le corps départemental est un établissement public, géré par un conseil d'administration. Organisé en centres de secours principaux, centre de secours et centres de première intervention, il comporte un service de santé et de secours médical. Il dépend de l'autorité du maire et du préfet, dans le cadre de leurs pouvoirs respectifs de police. Ces derniers doivent mettre en oeuvre les moyens des services de secours et d'incendie dans les conditions prévues par le règlement opérationnel arrêté par le préfet, après avis du conseil d'administration du S.D.I.S.

Le S.D.I.S, dons les missions sont : la prévention, de la protection et de la lutte contre les incendies et avec les autres services, à la protection et à la lutte contre les autres accidents, sinistres ou catastrophes, à l'évaluation et à la prévention des risques technologiques ou naturels, ainsi qu'aux secours d'urgence. Ses missions concernent:

Lorsque le S.D.I.S effectue des interventions ne relevant pas directement de ces missions, il demande des participations aux frais, en fonction des conditions définies par le conseil d'administration. Il est vrai que la centralisation du service et l'augmentation obligatoire en quantité et en qualité de l'équipement vont entraîner des dépenses supplémentaires, ainsi que l'harmonisation du temps de travail et le régime indemnitaire.

Le S.D.I.S, administré par un conseil, est dirigé par un directeur nommé par le ministre de l'Intérieur. Au sein du conseil existe une commission qui gère les questions techniques et opérationnelles. Les administrateurs sont élus pour trois ans; ils sont huit, répartis par moitié entre le département, les communes et les établissements inter-communaux. Les maires constituent un collège, au sein duquel ils élisent les représentants au scrutin de liste majoritaire à un tour:

Les représentants du département sont élus par le conseil général, ceux des établissements inter-communaux par les présidents de ces établissements parmi les présidents, les membres du conseil et les maires des communes membres. Le nombre de suffrages dont disposent les présidents d'établissements inter-communaux et les maires est déterminé par le montant de la contribution de la commune ou de l'établissement.

La commission est consultée pour toutes les questions qui touchent les opérations techniques ou opérationnelles. Présidée par le directeur, elle regroupe des pompiers professionnels et volontaires, élus pour trois ans par les pompiers, ainsi que le médecin-chef du S.D.I.S. Ce dernier doit, dans les cinq ans, disposer :

Un schéma Départemental d'Analyse et de Couverture des risques est élaboré par le S.D.I.S et arrêté par le préfet dans les deux années suivant la promulgation de la loi et après consultation du conseil d'administration.

Tous les pompiers volontaires du département doivent bénéficier d'une formation initiale au début de leur engagement et, par la suite, d'une formation continue. Les frais sont à la charge de la commune, de l'établissement inter-communal ou du S.D.I.S. Ce dernier contribue au financement de celle des officiers. Dans l'avenir, les autorités devront forcement remanier le schéma de formation en fonction du développement des établissements publics.

Le S.D.A.C.R comporte deux aspects: l'analyse et la couverture. L'analyse concerne l'inventaire et la mesure des risques qui doivent être couverts par la Sécurité Civile. Les risques courants sont assurés par l'étude des interventions des années antérieures, catégorisées de la façon suivante : secours aux personnes, désincarcérations, incendies et opérations diverses. Ces risques particuliers sont analysés par l'établissement d'un inventaire des dangers, par l'évaluation de la vraisemblance de l'occurrence et de celle des conséquences et par une hiérarchisation. Cela peut refléter la gravité supposée des effets, en cas de l'arrivée d'un de ces risques. Ceux qui sont jugés particulièrement graves concernent le cadre départemental et ceux qui sont majeurs le cadre zonal et national.

La couverture pour les risques courants se détermine grâce à l'analyse par type d'intervention significative sur la mesure de paramètres qui sont: le nombre de sorties par communes; seuil de couverture et de double couverture, ( cette dernière signifie que le centre de première intervention n’a pas pu réaliser l’intervention, c’est donc le centre responsable du second appel qui l’a effectué ), délais d'intervention par commune ou par lieu significatif, taux de sollicitation par véhicule et par centre, par sapeur-pompier et par variations dans le temps: risques saisonniers ou plages horaires à risques élevés. A ce niveau, ce sont les élus qui choisissent les délais admissibles pour un type d'intervention donné, la mise en place de moyens supplémentaires dans certains centres ; c'est ce que nous appelons la couverture de base. En ce qui concerne les risques particuliers, chacun est l'objet d'une enquête nationale à partir de la définition d'une liste d'accidents ou de catastrophes de référence. Cette enquête vise à intégrer l'expérience de chaque département et prend en compte les caractéristiques du sinistre et des secours et des éléments d'amélioration et de prévention. Des sites à risques sont ainsi déterminés. Pour répondre à ces derniers, la création de plans d'équipement, de recrutement, de formation et d'implantation est réalisée.

La formation dans le Rhône doit suivre la réglementation en vigueur et, ainsi, respecter les référentiels emplois et le S.D.A.C.R. Le premier travail consiste à évaluer le plus précisément possible le niveau de formation de chaque agent sur le plan départemental, de façon à proposer une planification harmonieuse dans les différentes disciplines existantes. Pour cela, des responsables sont désignés dans ces dernières en fonction des centres d'intervention. La démarche consiste, en premier lieu, dans l'examen et l'analyse de l'existant, c'est à dire le fonctionnement des départs en intervention, les missions suivant le niveau de formation de chacun, les moyens financiers et matériels ainsi que les effectifs opérationnels réels, tout cela en conformité avec les exigences réglementaires, sur le plan tant national que local, avec l'application du protocole d'accord. Les exigences supposent certaines contraintes, que sont les équivalences entre la formation d’antan et le nouveau schéma.

L'objectif principal à atteindre sera de définir exactement les missions en fonction du niveau de formation, de l'effectif opérationnel et du fonctionnement, suivant les règles d'accès aux formations par niveau, c'est à dire les pourcentages qui concernent les grades, les affectations et les statuts, qui ne sont pas les mêmes pour les professionnels et pour les volontaires. Pour l'application de ce nouveau système de formation, la création d'un échéancier s'avère obligatoire afin de définir le futur plan en tenant compte du taux annuel de formation par agent ainsi que des exigences budgétaires.

L'organisation doit passer, en premier lieu, par l'élaboration d'un cahier des charges de chaque niveau, aussi bien pour l'encadrement que pour tout le matériel pédagogique ou technique. En second lieu, il faut définir les méthodes d'évaluation, ce qui risque de poser des problèmes, car certains peuvent être amenés à «  rater «  des examens, afin d'éviter des missions particulières, inintéressantes à leurs yeux. Enfin, il faut élaborer un scénario pédagogique de chaque niveau de formation pour la durée et le contenu.

Comme nous le voyons, le nouveau schéma de formation commence à se mettre lentement en place dans le département du Rhône. Le passage obligatoire, au premier janvier 1999, au statut d'établissement public devrait accélérer le processus. Les pompiers du département et ceux de la Communauté Urbaine de Lyon vont être réunis, en vue d'accomplir au mieux les missions qui leur sont assignées; leur formation doit donc être similaire, de façon que tous les citoyens puissent bénéficier de secours identiques. Seulement, il devient nécessaire que les problèmes internes au corps de Lyon soient résolus avant le passage à la véritable départementalisation : ce sont les problèmes relatifs à la répartition des charges et du temps de travail. Le transfert de la Communauté Urbaine de Lyon en établissement public, pour un département comme le Rhône, représente une transformation gigantesque en ce qui concerne le matériel, le financement et les hommes. Cela ne peut se réaliser en quelques jours ; de nombreux mois sont nécessaires. Les sapeurs-pompiers doivent être conscients qu’il va bouleverser leur quotidien. La manière et le fonctionnement en termes de travail sont différents à la Communauté Urbaine et au département. Chacun devra en prendre conscience et s'adapter au fur et à mesure des avancées. D'ailleurs, l'adaptation ne représente-t-elle-pas un point important du métier ?

Associé et indissociable à l’évolution de la formation, le nouveau régime indemnitaire se met progressivement en place. Le décret du 7 juin 1998 s’intègre à celui du 25 septembre 1999, qui porte sur les dispositions communes aux sapeurs-pompiers. Il est fixé par le conseil d’administration du service départemental d’incendie et de secours, et c’est le président de ce conseil qui détermine le taux individuel de responsabilité de chaque agent, qui doit être également fixé dans un délai de un an après la publication du présent texte, soit avant le 7 janvier 1999. Il demeure applicable dès son adaptation aux sapeurs-pompiers professionnels du service départemental d’incendie et de secours et aux agents mutés, intégrés ou transférés au SDIS après le 7 juin 1998. Le décret détermine quatre types d’indemnités :

L’indemnité «  spécialité « va entraîner un réel changement dans la fonction propre de chaque agent. En effet, lors de l’application du décret, chacun devra posséder uniquement deux spécialités et sera dans l’obligation de les pratiquer et de suivre un recyclage triennal. Lorsqu’un agent en possède un nombre supérieur à deux, il doit faire un choix et en éliminer certaines. Mais un autre facteur entre en jeu : la spécialité de chaque caserne. En effet, deux sont attribuées par caserne, ce qui oblige certains agents à demander une mutation s’ils veulent continuer à exercer leur spécialité. Le Rhône n’échappe pas à la règle, mais le fait d’être un important corps départemental entraîne des difficultés d’application et de mise en place. Lors d’un transfert, un agent de la fonction publique territorial doit conserver ses acquis et ne pas recevoir un traitement moindre de celui qu’il possédait auparavant. Or, il existe plusieurs casernes professionnelles ou mixtes dans le département ou les spécialités sont réparties. Un pompier ne va forcement choisir la spécialité qu’il désire et certains centres mixtes n’en n’ont qu’une. Cela pose problème, c’est pourquoi ce régime n’est pas encore totalement en place ; des conventions internes au corps doivent donc être discutées pour l’équité de tous.

Ainsi, la formation va devoir subir un surcroît derôle, qui va être de former et recycler régulièrement les agents. De plus, trois degrés sont établis en fonction du grade, degrés qui déterminent une rémunération calculée en pourcentage de l’indice 100 de la grille de la fonction publique. Mais, étant donné le nombre importants d’agents, cela risque de poser des problèmes de mise en place de stages et ainsi des membres du personnels risquent d’attendre plusieurs mois avant d’effectuer une formation ou un recyclage. Car le recrutement de formateurs et de matériel ne demeure pas une tâche aisée. En ce qui concerne la  « responsabilité « , elle peut varier au sein d’un même grade, suivant que l’agent travaille dans un centre mixte ou dans un centre composé uniquement de professionnels. Sa fonction sera différente, car celui de centre mixte possède plus de responsabilités ; sa prime de responsabilité sera donc plus importante. Ces ajustements demandent la mise en place de commissions au sein des corps départementaux qui doivent étudier les différents cas afin de ne pas léser le personnel.

L’époque où l’activité première et, de surcroît, principale consistait à éteindre les incendies est révolue. La formation sur le tas n’est plus possible dans la société du troisième millénaire, où la complexité des opérations nécessite une approche différente de l’intervention et où le public est en droit de réclamer des secours efficaces, rapides et égaux pour tous. La refonte de la formation est donc devenue obligatoire, tant celle de son contenu que de son organisation et de son financement. Nous avons vu précédemment que les pouvoirs publics en ont pris conscience et le ministre de l’Intérieur, par lettre du 13 février 1989, a chargé le Préfet DUPUIS de ce vaste dossier de réorganisation. Lentement, le nouveau schéma de formation se met en place et vise à définir les objectifs et les besoins réels des missions des sapeurs-pompiers, à améliorer des modalités anarchiques de recrutement, à organiser différemment la formation, que ce soit celle des professionnels ou celle des volontaires, de façon à la rendre cohérente et à essayer de l’homogénéiser.

La formation demeure la condition essentielle de l’efficacité du service public relatif à l’incendie et au secours, sans omettre la sécurité propre des sapeurs-pompiers qui, au cours de leurs missions, est parfois mise en danger. Ce nouveau schéma, par le biais des référentiels emplois, se veut ambitieux, essentiellement pour sa technicité et son approche pédagogique du savoir, du savoir-être et du savoir faire. Malgré cela, des lacunes apparaissent ; ainsi, les victimes qui demandent un suivi social ou psychologique spécifique sont en nombre croissant. Ce type d'intervention devient de plus en plus fréquent et les sapeurs-pompiers se sentent impuissants et démunis face à la détresse de ces personnes. Le fait de ne pas être sur de les aborder convenablement entraîne l'affaiblissement et la perte de la signification première des missions. La valeur du travail n'a plus véritablement de raison d'être et peut alors se limiter aux avantages matériels et à la nécessité de gagner sa vie.

Le sapeur-pompier est au service de la population, qu'il doit défendre et secourir contre toutes atteintes. Cependant, a-t-il les moyens en temps et la formation adéquate pour «  faire du social « , sans se substituer à d'autres corporations dont la raison d'être est l'aide aux personnes défavorisées: assistants sociaux, psychologues, éducateurs ?. Ne serait-il donc pas concevable de penser à une formation spécifique «  urgences sociales « , propre à permettre une meilleure approche de la détresse physique et psychologique de la population ? Ce point sensible est un phénomène qui prend de l’ampleur au fil des semaines et qui semble trouver son adéquation avec nos concitoyens et le besoin d'épanouissement de chacun d'entre nous dans son travail. S'il existe une crise des motivations, elle est due à la fonction sociale du travail, qui n'est, en fait, pas remplie complètement et que les sapeurs-pompiers doivent cependant assumer par nécessité. Une détresse, quels que soient son type, son origine, sa valeur, demeure une urgence et la mission principale des pompiers est d’y répondre, même si leur formation n'aborde pas ce sujet difficile. Seulement, lorsque le nombre d'interventions issues d'un domaine inconnu devient une activité principale, une formation spécifique s'avère obligatoire. Sans cela, le rôle du sapeur-pompier risque de se limiter à un simple transport vers un milieu hospitalier, d'où l'émergence d'une crise des motivations. Il ne faut pas oublier qu’il appartient au service public ; or, ce dernier est une activité de droit public, elle correspond à un intérêt général de notre société ; il convient donc d'identifier cet intérêt général; cela implique un jugement de valeur ou, tout au moins, une évaluation de caractère sociologique, c’est à dire, de besoins que requiert la société sachant qu’ils évoluent au fil du temps. Ils sont liés aux changements, au progrès, aux équipements, voire aux attitudes culturelles. Ainsi, les douches municipales, par exemple, ont, pendant de longues années, constitué des équipements à la disposition des concitoyens. Une fois que l'intérêt général a été identifié, il appartient au politique de trancher parmi les besoins sociaux. Quels sont ceux dont la satisfaction mérite de se voir reconnaître la dignité de service public? La puissance publique possède alors trois possibilités:

Il faut qu'il y ait ensuite un acte d'investiture, de création de ce service. Les agents rémunérés pour assurer ce service, ( par la collectivité ou les établissements publics ) ne sont pas tous des fonctionnaires au sens strict; tout dépend de leur statut juridique. De ce point de vue, il faut en premier lieu distinguer ceux que régit le droit public, par opposition à ceux que régit le droit privé, ( droit commun du travail ). Il convient ensuite d'opérer une distinction dans la catégorie de ceux que régit le droit public. Il y a les contractuels de droit public, c'est à dire liés à leur service par un contrat administratif, et des agents statutaires. Parmi ces derniers, les principaux sont les fonctionnaires, qu'ils le soient de l'Etat ou des collectivités territoriales, le service de secours et de lutte contre l'incendie par exemple. Les sapeurs-pompiers professionnels appartiennent soit à la fonction publique d'état pour les militaires, soit à la fonction publique territoriale pour les autres.

Il est à noter que le droit régissant le statut, privé ou public, entraîne, en cas de contentieux, la compétence juridictionnelle judiciaire ou administrative. Les sapeurs-pompiers professionnels non militaires bénéficient d'un statut particulier à l'intérieur de la fonction publique territoriale. La création des corps de sapeurs-pompiers relève de la compétence des organes délibérants des collectivités territoriales. Le maire, dans le cadre de ses pouvoirs propres, est chargé de la police municipale, Article L.131.2.6. Il assure à ce titre la direction des opérations de secours. Les corps de sapeurs-pompiers communaux sont par ailleurs placés sous la tutelle du ministère de l'Intérieur, ( direction de la sécurité civile ).

Au plan local, les corps sont organisés, structurés de telle sorte qu'ils puissent assurer une couverture opérationnelle satisfaisante. C'est par le biais de la prévision qu'ils répondent aux fluctuations de la demande des populations, tant en matière d'accident que de sinistre. Le service public suppose une oeuvre d'intérêt public, poursuivie à l'initiative, sous l'autorité ou le contrôle des pouvoirs publics. L'expression fonction « publique «  sert à désigner: ou bien le personnel de l'administration dans son ensemble, ou bien seulement les membres du personnel qui sont fonctionnaires. Elle sert également à désigner l'activité qui consiste à collaborer en permanence et à titre professionnel à l'action de l'administration. Sous cette expression sont regroupées diverses catégories d'agents publics, qui travaillent les uns pour l'Etat, les autres pour les collectivités locales. Les services publics administratifs sont soumis au droit public, sauf pour les actes de gestion privée, qui font appel à la compétence judiciaire.

Les personnes de service public, tels les sapeurs-pompiers, sont au service du public ; ils doivent le satisfaire au mieux. Pour cela, il faut qu'il s'intéressent aux modes et aux rythmes de vie de la population et possèdent une bonne connaissance de tous leurs horaires. Le centre ville, les vieux quartiers ou les grands ensembles, comme la Part-Dieu à Lyon, sont connus et insérés dans un répertoire dans les moindres détails. Des manœuvres sont effectuées de façon régulière. A cet effet, le service incendie détient des plans sur lesquels apparaissent la présentation physique de l'établissement ou de l'ensemble des informations techniques, ou encore des caractéristiques spécifiques, pour se présenter rapidement sur les lieux et augmenter l'efficacité des secours lors d'un sinistre. Ces plans détaillés sont disponibles dans toutes les casernes ; le chef d’agrès les emmène en intervention lorsque cela est utile. Le télex inscrit automatiquement le numéro du plan de secours à emporter quand une intervention se situe dans un de ces lieux. La relation et la communication avec le public sont parties intégrantes du travail du sapeur-pompier. Il demeure un homme public, il doit être à l'écoute, vingt quatre heures sur vingt quatre, des personnes qui attendent de lui réconfort et chaleur humaine. Son humilité, son courage et son dévouement le font apprécier de la population et lui permettent de se vouer entièrement à sa tâche de «  service public « . Mais le nombre grandissant d'interventions à caractère social risque de bouleverser cet état. Sa «  non «  formation est donc un facteur de démotivation pour son travail. Or, l'implication du travail dans la vie d'un individu, sa valeur sociale et son rôle psychologique changent beaucoup en fonction de l'environnement, de la culture, du type de technologies, et même au cours de la propre vie d'un même individu. Si le sapeur-pompier est démotivé pour effectuer son travail, n'est ce pas aussi dû au décalage entre le projet personnel et le travail concret qu'il doit exécuter?. Nous sommes peut-être là au cœur du problème: Il veut aider la population en difficulté, sociale et psychologique autant que physique. Cependant, ce projet, conscient ou inconscient, est difficilement réalisable puisqu’il ne possède pas les moyens, les compétences et la formation requis pour agir à long terme sur des interventions à caractère social. La sienne demeure l'urgence, et une détresse sociale ou psychologique requiert une thérapie d'écoute à long terme. A la suite de plusieurs interventions de ce type, il rentre dans une phase de démotivation. C'est généralement ce qui se produit au bout de quelques années d'ancienneté chez beaucoup de sapeurs-pompiers du corps du Grand Lyon. Ils sont las de transporter à l'hôpital des personnes qui ne nécessitent pas un déplacement en urgence mais qui demandent un guidage social qu'ils sont incapables d'assumer.

Pour un sapeur-pompier, l'échec au cours d'une intervention est difficilement supportable. En effet, lorsqu'il lutte pour la sauvegarde d'une vie humaine et que celle-ci lui échappe, il a l'impression de ne pas remplir sa mission dans sa totalité, et le doute peut s'installer dans son esprit. Cette étape doit être franchie et il faut que la pitié, la peine, la douleur, le dégoût passent au second plan. Il doit se remettre en question, analyser la situation de façon à « faire le vide » et à se remotiver pour effacer ce qui représente pour lui un échec. Il est seul face à sa conscience, et « faire le vide » n'est pas aisé. Une intervention qui se termine par le décès de la victime est un échec, même si parfois nous savons que nos gestes de survie sont inutiles. Voir la vie disparaître peu à peu sans pouvoir intervenir est difficilement tolérable. Quand une vie humaine est en jeu, l'équipe de sapeurs-pompiers fait corps, physiquement et moralement. Si l'un de ces deux critères n'est pas assouvi, l'intervention sera un échec. Il faut toujours être au maximum de ses capacités. La vie quotidienne apporte, hélas, des désagréments qui se transforment parfois en sinistres peu réjouissants. Cette accumulation de situations difficiles à vivre au quotidien implique que le pompier doit continuellement se remettre en question; les états d'âme doivent souvent rester au plan secondaire. La motivation est un facteur primordial dans ce métier. Si beaucoup d'interventions en entraînent la perte, l'efficacité lors des missions futures sera différente et pourra aboutir à des conséquences dramatiques. Or, l'intervention à caractère social est comparable aux autres. En effet, le pompier se sent impuissant et inutile devant une détresse morale ; alors, ces missions demeurent des échecs. Amener deux fois dans la même journée une personne à l'hôpital pour le même motif, en sachant qu'un autre équipage va la reprendre en charge le lendemain, cela est fortement démotivant. Un échec se supporte difficilement, il ne faut pas oublier que le pompier est une personne comme tout le monde, il est lui aussi père de famille, et la multiplication des échecs peut se solder par une démotivation vis à vis de tout ce qui est entrepris par la suite. A plus ou moins long terme, cela entraîne une incompétence, voire une faute professionnelle, due à son manque de formation pour ce type de détresse. Lorsqu’un pompier est démotivé pour son travail, indépendamment de tout autre aspect de la crise économique pouvant influencer son comportement, une menace grave, à la fois sur le plan de l'efficacité et du point de vue de la cohésion sociale, s'établit ; les habilités acquises demeurent inemployées. La place du travail dans l'ensemble des occupations humaines perd de son importance, l'implication de celui qui l'exécute se dégrade et l'intérêt pour le travail lui-même, comme pour les satisfactions que nous pouvons en tirer, est remis en question et concurrencé par d'autres activités. Une personne est motivée pour accomplir une tâche précise; dire de quelqu'un qu'il est motivé ou pas n'est pas exact ou peu précis.

Si nous pensons que l'homme est en crise, cela revient à le penser susceptible d'avoir des crises, donc le placer sur le même plan qu'une personne en réorganisation permanente. La crise en elle-même est un changement brusque et décisif dans le cours d'un processus. A l'idée de crise, nous pouvons associer celle de menace dangereuse, ou celle d'attaque vitale. Dans son vécu, la crise est caractérisée par une rupture fondamentale, une séparation et un arrachement. Lorsqu'il se produit une rupture d'équilibre, la crise fait appel à la notion de perturbation. R.THOM, en 1976,dans différents discours, en développe certains aspects fondamentaux, lorsqu'il la définit comme une perturbation temporaire des mécanismes de régulations d'un individu à un groupe d'individus. Nous pensons donc que toute crise est génératrice d'angoisses, qui fonctionnent comme un signal d'alarme. La crise intérieure de chaque pompier est plus ou moins importante. Sa manifestation se développe différemment selon la personne. Il travaille en équipe et, si plusieurs personnes sont en période de crise, un malaise grandissant et inquiétant peut s'installer et provoquer de graves conséquences, que ce soit sur le sinistré ou sur le professionnel, qui n'entre pas correctement en relation avec la victimes, ou son équipe, qui se limite à certaines tâches, les plus simples et nécessaires à la survie du blessé. Mais il ne cherche pas à développer les caractéristiques humaines primordiales que doit posséder un pompier, qui sont le réconfort, le soutien, l'information et la chaleur. Au cours de la phase d'incubation d'une crise, le doute, le malaise, la désorientation des esprits vont prédominer. Cette période d'hésitation est pourtant un moment où il est nécessaire de prendre des décisions curatives et des mesures d'urgence; il devient alors indispensable de trouver le ou les remèdes pour stopper cette crise, en détournant les mécanismes de perturbations, de façon à se remotiver pour son travail.

Les pompiers sont actuellement confrontés à des situations où le risque de dégradation relationnelle est croissant et fort. L'exemple des violences dans les banlieues est caractéristique. Ce phénomène sociologique et psychologique commence à être pris en compte; et il faut gérer ce stress de post-intervention. Le terme «  stress «  dérive du latin «  strictus « qui signifie tendu ou raide. Il est utilisé dans les cas de détresse physique et psychique par une notion de forte pression, pouvant aller au blocage des réactions de défense d’un individu. Le traumatisme est l’aboutissement d’un événement soudain, qui agresse ou menace l’intégrité physique et psychique de sa victime. Il apparaît inattendu, exceptionnel, violent, donnant à celui qui l’atteint l’approche de la mort.

A ce titre, le stress post-traumatique est reconnu depuis le retour des G.I du Vietnam et a été décrit comme une condition mentale particulière, qui entre dans la nomenclature générale des maladies psychologiques et est défini ainsi : le sujet a été exposé à un événement traumatique comportant les deux caractéristiques suivantes :

L’événement traumatique est reçu de manière persistante à travers au moins une des manifestations suivantes :

Ce stress se définit également dans l’évitement persistant des stimuli associés au traumatisme de la réactivité générale, comme en témoigne la présence de trois, au moins, des manifestations suivantes ;

De même la persistance de symptômes d’hyperactivité neurovégétative, comme en témoignent les difficultés pour dormir, l’irritabilité, les accès de colère, les difficultés de concentration, l’hyper-vigilance ou encore les réactions de sursaut exagérées, est facteur de stress.

Les troubles peuvent apparaître suivant une durée plus ou moins longue, en fonction du traumatisme vécu : aigu, chronique ou à début retardé.

Par exemple, l’accident du boulevard urbain sud de la ville de Vénissieux au mois de mars 2001, qui a coûté la vie à deux personnes, dont un enfant de trois ans qui est mort brûlé vif, restera plusieurs mois dans la mémoire des sapeurs-pompiers qui sont intervenus, et leur stress pourra durer plusieurs mois. De même, la mort d’un pompier, comme celui d’un adjudant chef de la caserne centrale de la ville de Lyon, à la suite d’une explosion de gaz au mois d’avril 2001, laisse des séquelles traumatiques chez ses amis, sapeurs-pompiers comme lui, mais survivants, avec tout le vécu ( de culpabilité ) qui s’attache à ce dernier qualificatif.

Les suites d’un stress post- traumatique peuvent être plurielles : réduites si l’individu se reconstruit rapidement, ou graves s’il laisse de lourdes séquelles. La prévention et la thérapie sont nécessaires. Juste après le traumatisme, l’intervention rapide d’une équipe médico-psychologique permettrait sans doute de limiter la réaction aiguë de stress, et de préparer à un suivi plus important, dans le cadre d’une prise en charge psychologique individuelle, ou de celui, plus collectif, comme nous le verrons plus tard, de debriefings ultérieurs. Ces prises en charges viseront à favoriser l’expression verbale des émotions, pour faire sortir le mal-être et ainsi purger le cerveau de cette bile noire qui l’encombre. L’utilisation de médicaments peut aussi, dans certains cas, apporter une aide dans cette prise en charge, mais seul le médecin est en droit de les prescrire.

Il est évident que personne n’est à l’abri et que la prévention est certainement le meilleurs remède. Si nous analysons la prévention incendie au cours de ces vingt dernières années, nous savons parfaitement que le nombre de feux a diminué fortement, pour passer à dix pour cent des interventions, comme nous l’avons remarqué précédemment.

Dans ce domaine de prévention, les cellules médico-psychologiques mises en place dans certains départements permettront sans aucun doute d’apporter une aide, mais, hélas, ces initiatives n’en sont qu’au stade préliminaires. Ces cellules pourraient s’inspirer de celles des armées, qui émettent des lettres qui visent à faire prendre conscience des conséquences, sur le terrain, physiques et psychologiques, de l’expérience exceptionnelle du traumatisme aigu que subissent les victimes et qui donnent des noms et des adresses de personnes susceptibles d’aider à traverser les périodes difficiles. Cette prise en charge, que nous pourrions appeler post-traumatique, viserait à aider les victimes à passer du rôle de spectateur passif, qui endure l’événement et en subit les conséquences, vers celui de l’acteur, qui vit l’événement, maîtrise son stress et ne handicape pas sa qualité de vie future.

Le sapeur-pompier est sur le terrain tous les jours et sa carrière dure environ trente ans. Il nous paraît essentiel et indispensable que les autorités compétentes se penchent sérieusement et rapidement sur ce problème de gestion du stress, en vue d’améliorer la qualité des secours. Un pompier en phase de stress ne possède pas en totalité son potentiel moral et physique ; il n’est donc pas efficace, et cela apporte des désagréments au cours d’une intervention : sa vie privée et affective s’en ressent également.

Au quotidien, c'est lorsque les choses ne se passent pas exactement comme il le désirerait. En fait, il est intégré dans des phénomènes d'adaptation: chacun vit son stress, sa dépression, sa maladie, et cela dans son propre contexte. Il faut s'adapter au mieux à la vie, telle qu'elle se présente à soi ; l'important n'est pas ce qui arrive, mais la manière dont on le prend. Il agit comme stabilisateur entre un individu et les demandes extérieures, en rétablissant un certain équilibre et permettant une préparation de l'organisme à une situation réactive. Il ne peut être contourné car c'est un régulateur interne, mais il faut éviter sa nuisibilité. Cette dernière est présente lorsque le stress est intense et prolongé ; cela est un phénomène classique chez les pompiers, du fait de l'augmentation croissante des interventions et de leur diversité. Des modules de formation se mettent lentement en place pour essayer de réfléchir à ce problème de plus en plus ressenti par les pompiers. En contre-partie, la gestion de l'après intervention n'est jamais évoquée. Pourtant, au fil des années, cette psychologie influe fortement sur le comportement du pompier et explique certainement le «  dérapage «  de certains vers des problèmes d'alcool, de désengagement, de démotivation ou d'aigrissement, voire de tentative de suicide. En effet, les médias relatent régulièrement ce phénomène croissant chez les forces de l’ordre, mais jamais chez les sapeurs-pompiers ; pourtant, cela existe et, hélas les tentatives s’accentuent. Au retour de l'intervention, il regagne sa caserne, reprend des activités internes et attend la sonnerie de son bip, qui lui indique sa prochaine mission. Excepté ses collègues de travail, il n'y a personne pour discuter du vécu de l'intervention, qui est souvent difficile à supporter et à «  encaisser «  moralement. L'accumulation de ces dernières perturbe l'esprit et développe des réactions inattendues. L'apport d'un psychologue aiderait le sapeur-pompier à évacuer ce stress et la prévention, comme nous venons de le voir, correspondrait au premier remède préventif.

Le sapeur-pompier est un homme comme tout le monde. Au travers de son métier, il est confronté à des situations de détresse et, parfois, inconsciemment il se met à la place des proches de la victime et voit sa propre famille au cœur de l'intervention. Lorsqu'un accident éclate dans son milieu familial ou chez des amis proches, sa perturbation psychologique est d'autant plus forte qu'il en connaît les tenants et aboutissants. Sachant que, par exemple, un pompier Lyonnais intervient environ cinq cents fois par an pendant trente cinq ans de carrière, il est facile d'imaginer ce qu'il peut endurer. Dans certains corps de volontaires, les médecins, au retour de l'intervention, essaient de discuter avec eux, justement pour les aider à surmonter ce phénomène. De plus, dans les campagnes, les pompiers interviennent souvent sur des personnes de leur entourage. L'exemple du corps d'Yssingeaux, où le médecin/commandant Bernard Gallot, en fonction de ces disponibilités, se préoccupe de ce problème, est un facteur à développer. Il est également vrai qu'un pompier professionnel se livrera moins qu’un volontaire, car cela peut représenter un échec vis à vis de sa hiérarchie, de ses collègues de travail, ou enfin de lui même. C'est un professionnel et, s'il vient à douter, cela risque d'entraîner une perturbation dans son travail, voire de provoquer une faute professionnelle. Aujourd'hui, nous avons vu que les interventions à caractère social sont de plus en plus fréquentes et que les pompiers n'y sont pas formés, d'ou une plus grande impuissance à lutter. Une intervention qui se solde par le décès de la victime est un cap difficile à franchir pour le pompier ; il doit pouvoir effacer cet échec. Une autre phase reste également à appréhender ; la discussion avec les proches de la victime car, sur le terrain, ce sont très souvent les pompiers qui doivent annoncer la triste nouvelle. Ils sont sensés gérer la réaction des proches, alors qu’ils ne possèdent aucune formation dans ce domaine.

Le deuil, à la suite de la mort d’une personne aimée, est une des plus grandes épreuves de la vie qui, un jour ou l’autre, atteint chacun de nous. Source d’une grande souffrance, d’une véritable douleur morale, d’un profond désespoir, d’anxiété, de dépression et de manifestations fonctionnelles variées, le deuil est un facteur de déséquilibre transitoire, un traumatisme aux effets prolongés. Dans la majorité des cas, aussi pénible soit-il, le deuil suit normalement son cours et arrive à son terme. Il va, pour certains, provoquer des complications dans le domaine de la santé physique ou mentale, de l’équilibre psychologique et des relations sociales. Le pompier est souvent confronté à cela. Dans le langage courant, le mot «  deuil « , renvoie à deux significations ; état affectif douloureux, provoqué par la mort d’un être aimé, et période de douleur et de chagrin, à la suite de la disparition de cet être cher. Le deuil représente alors un ensemble de réactions physiques, psychologiques, affectives et comportementales à la perte d’une personne aimée. Il est justement déterminé par la nécessité de modifier cet attachement du fait de la disparition.

Auparavant, le deuil désignait nécessairement les réactions sociales entraînées par la mort d’une personne, c’est à dire l’ensemble des usages, coutumes, rites et restrictions imposées impérativement en cette circonstance. Ce sens se conserve encore actuellement dans l’expression «  être en deuil « .Aujourd’hui, le deuil désigne de plus en plus la réaction psychologique, subjective, personnelle ou familiale, à la seule perte de quelqu’un d’important et l’expression «  faire son deuil «,au sens de devoir accepter une perte, est souvent employée à tort, si bien qu’il a tendance actuellement à s’éloigner de la mort, dont il partage aussi le rejet social. Mais la mort reste toujours au cœur du deuil, en raison de son universalité, de son implacabilité, de sa radicalité et de son irréversibilité. Elle constitue la perte et la limite par excellence et la mort de la personne aimée préfigure la notre.

Chaque deuil est différent en raison de la relation unique qui unit l’endeuillé à la personne disparue, mais tous suivent le même cours, au travers de trois étapes bien connues aujourd’hui. C’est d’abord le choc de tout l’organisme sur tous les plans : émotionnel, physique, relationnel, particulièrement net en cas d’accident ou de mort brutale ou inattendue ; le pompier connaît bien ce cas car il le vit fréquemment. C’est aussi un état de dépression réactionnelle, dépressif, et une souffrance profonde, avec un désintérêt pour le monde ambiant, qui lui succède. Enfin, ce n’est que bien plus tard qu’apparaît le soulagement, d’abord au cours des rêves. La terminaison du deuil se manifeste dans l’élaboration de nouvelles entreprises et de la formation de nouveaux attachements. Les pompiers sont seulement présents au cours de la première phase et c’est à eux qu’incombe le rôle d’annoncer la triste réalité. Seul le médecin ou parfois l’infirmière de l’équipe du SAMU, si cette dernière est présente, ce qui n’est pas forcement le cas, peut remplacer le pompier.

Sur le terrain, le processus du deuil est l’expression manifeste des effets du travail psychologique inconscient qui s’effectue au travers de la souffrance et d’un mouvement de régression psychique. Il se produit essentiellement dans un phénomène de reconnaissance de la réalité de la perte. Elle n’est pas immédiate. Cette réaction de refus est tout à fait normale. Au verdict de la réalité, le sujet répond d’abord par de la révolte, en s’absorbant dans les souvenirs, moyen pour lui de nier l’absence. Il peut même parfois passer par une psychose hallucinatoire du désir, qui place la pensée inconsciente au dessus de la réalité. Le proche affirme que le décédé n’est pas mort et va revenir. A contrario, le proche est excité, au bord de la crise de nerfs. Ces deux situations sont classiquement rencontrées par les sapeurs-pompiers, qui doivent faire face à une situation à laquelle ils ne sont pas formés. Elle sera peu à peu dépassée, mais un certain temps est nécessaire. La reconnaissance est porteuse de détresse et de souffrance. Sans souffrance il n’y a pas de deuil. A cet instant, la situation de la gestion du deuil devient évidente chez un pompier. Il est au cœur de la situation et il est obligé de faire face et se doit d’apporter un soutien aux proches de la victime, tout en leur annonçant la réalité, que la famille ne peut pas admettre dans l’immédiat.

De plus, dans ces situations, le deuil peut se compliquer sur un plan physique, psychologique et comportemental. Des complications peuvent survenir assez rapidement, soit avant, soit juste après la période de reconnaissance de la réalité, en particulier dans le domaine cardio-vasculaire. Il faut traiter médicalement le proche, et souvent cela nécessite un transport à l’hôpital.

Le pompier doit aider les personnes en deuil ; c’est le premier lien qu’il doit essayer de tisser. Mais comment lier un dialogue dans les premiers instants du deuil, surtout quand le secouriste sait qu’il ne peut plus ranimer la victime ? Dans l’attente de l’arrivée du médecin légiste, il doit gérer une situation dans laquelle les réactions des proches sont parfois imprévisibles.

Une formation dans ce domaine serait la bienvenue pour appréhender dans de bonnes conditions les premières minutes de l’intervention, aussi bien pour le sauveteur que pour les proches de la victimes.

Si les pouvoirs publics, la Sécurité Civile ou les collectivités locales n'incluent pas dans le nouveau schéma de formation un module « psychologie d'après intervention « , nous risquons, dans les années futures, de rencontrer de réelles difficultés d’ordre psychologique, qui pourront engendrer des crises et perturber toute une corporation.

Il existe également une autre formation susceptible d’apporter un plus aux sapeurs-pompiers. En effet, il est coutume de dire que l’opération de secours est terminée lorsque le véhicule et les moyens d’intervention sont remis en état de marche, lorsque les appareils sont nettoyés, le réapprovisionnement des fluides effectué.

Or, une étape de remise en condition après les interventions délicates ou dangereuses est de plus en plus fréquemment utilisée dans l’entreprise ou par d’autres corporations de service public. Elle s’appelle le   « débriefing ». Cependant, débriefing et retour d’intervention ou d’expérience sont deux termes différents, dont nous décrivons ce qui les sépare 51 .

Chez les sapeurs pompiers, le débriefing n’est que trop rarement utilisé ; c’est pourquoi il nous semble intéressant de proposer une formation adressée aux chefs d’agrès et au chef de groupe sans formation particulière préalable, afin de permettre, le cas échéant, de pratiquer un débriefing court et simple à l’issue des interventions particulières et suivant leur initiative. Cette dernière pourrait être également proposée dans le cadre d’une formation appliquée.

L’utilisation du mot « débriefing » dans le vocabulaire français est tout d’abord accordée à l’aéronautique militaire. C’est un rapport de fin de mission, lié à la rapidité de l’action, la fréquence et une succession des missions pour retenir une action la plus positive possible. Le débriefing est la phase obligatoire, après le vol, qui fait le point sur son déroulement et ses difficultés. Elle est parallèle au briefing qui se déroule avant le vol.

Par extension, on appelle aujourd’hui débriefing la réunion d’information destinée aux acteurs, aux sauveteurs, aux victimes et aux témoins de chocs traumatiques, ( braquages, agressions, accidents, catastrophes,…).

Chez les sapeurs-pompiers, ce dernier doit comporter deux étapes ;

Nous pensons que les chefs d’agrès ne sont pas aptes à définir un débriefing psychologique, qui est une affaire plus complexe, qui fait souvent appel à des spécialistes, c’est à dire des médecins, des psychologues ou des psychiatres, mais ils peuvent tenter de suspecter l’agent qui est en état de stress à la suite d’une intervention délicate. Ce débriefing peut faire l’objet d’une formation plus poussée, en collaboration avec des professionnels du métier, susceptibles d’apporter aux chefs d’agrès des éléments qui montrent le besoin d’un suivi psychologique chez les sapeurs-pompiers, au retour d’une intervention classée «  difficile « .

Nominatif ou technique, il portera essentiellement sur les aspects de savoir-être et de déroulement chronologique de l’intervention. L’aspect informatif est déterminant. Aussi, avant de procéder au débriefing psychologique, faut-il passer par sa phase technique. Celui-ci doit avoir lieu de préférence dans un local professionnel et réunir tous les protagonistes de l’événement, c’est à dire l’équipe qui vient de réaliser l’intervention, dans une pièce de petite taille pour favoriser l’écoute. Les participants sont assis de préférence en cercle, aucun parasite ne doit troubler la réunion ; donc, on supprime les téléphones fixes ou portables. Ce débriefing technique devrait permettre de faire tomber la tension.

Il s’agit d’une réunion structurée, conduite par un ou deux animateurs. L’objectif consiste à amener les participants à exprimer peu à peu leurs émotions liées à l’événement en reconstituant d’abord le récit des faits, puis en sollicitant l’énoncé du ressenti de chacun ; progressivement, on se rapproche du vécu professionnel. En introduction, il convient de préciser quatre règles importantes :

Pour les sapeurs-pompiers, le débriefing informatif ou technique ressemble tout particulièrement à un autre type d’exercice, que nous pouvons appeler «  retour d’expérience ou d’intervention» . D’une manière générale, celui-ci est un outil de management, utilisé pour identifier les causes de dysfonctionnement par l’analyse des faits et pour en tirer des leçons. Sa mise en place a, le plus souvent, un impact très positif sur la réduction du nombre et de la gravité des incidents. Il s’agit en effet d’une phase de recueil d’informations sur le déroulement de l’intervention, de la gestion de l’événement et aussi d’une phase d’analyse de données recueillies et de bilan, qui feront apparaître :

et cela pour chacune des décisions et orientations prises.

Chez les sapeurs-pompiers, nous proposons d’appeler débriefing la réunion de cinq à trente minutes qui se déroule immédiatement à l’issue du retour de l’intervention, avant que l’équipage soit à nouveau disponible. Ce débriefing « de premier niveau « peut se dérouler pour toutes les interventions et être obligatoire lors des retours d’interventions délicates. Il vise deux objectifs bien distincts :

Il nous semble que ce type de formation permettrait d’introduire un meilleur équilibre psychologique au sein des corps de sapeurs-pompiers, de faire intervenir des spécialistes autres que pompiers, de permettre à ces derniers de se confier, pour évacuer au maximum le stress qu’engendre cette profession.

Enfin, un autre type de formation est absent ; il s’agit des tâches que doivent accomplir les sapeurs-pompiers lorsqu’ils sont de garde dans leur caserne. En effet, ils sont affectés à des corvées diverses, qui réclament, pour certaines, des connaissances approfondies dans des domaines spécialisés. L’exemple du travail de secrétariat ou de celui de la gestion des stages qui concerne la formation en général, ( recyclage, formation à l’avancement,…).

Avec l’introduction de la gestion informatique, les agents qui gèrent ces tâches au sein des casernes, se forment sur le tas. Aucune formation spécifique, à l’informatique par exemple, ne leur est donnée. Tout cela, ajouté aux spécificités de l’intervention, fait du sapeur-pompier une personne qui doit s’adapter à toutes sortes de situations, même s’il n’est pas du tout, au départ, compétent en la matière. Il n’a guère le choix. Cela apporte un surcroît de travail et de stress, qu’il doit subir. Une réflexion sur ce sujet tenterait de limiter ce préjudice parfois lourd à assumer correctement.

Notes
48.

encyclopaedia Universalis 1995- CD ROM (1ère version)

49.

dictionnaire encyclopédique de l’éducation-pages 181-182

50.

annexe n°4

51.

thèse IIIème partie, page