2.1 L’urbanisation et le sol urbain : évolution de l’occupation, des sols et de leur distribution et le plan urbain aujourd’hui.

2.1.1 L’urbanisation et la structure urbaine

Même si la ville a été créée vers 1886, l’urbanisation a commencé tardivement.L’urbanisation de la ville d’Addis Abeba peut être attribuée à l’introduction du chemin de fer et à l’occupation des Italiens 42 . Le palais du roi Menilik, le grand marché de la ville (Merkato), et l’église Saint Georges constituent les trois principaux pôles de développement de la ville 43 , à partir desquels Addis Abeba a commencé à se développer et à se structurer.

Addis Abeba est 15 fois plus grande que Dire Dawa, la deuxième ville du pays. Elle abrite 30% de la population urbaine en tant que ville importante Ethiopienne (Tufa 1995, cité dans Mathéwos 1996), et joue un rôle important dans le développement économique du pays.

Le niveau de l’urbanisation de l’Ethiopie, environ 10%, est jugé très faible par rapport aux autres pays en voie de développement, et ceci pour plusieurs raisons : économiques, politiques, et sociales.(Selon Gilbert (1982), Selon lui le transfert de pauvreté rural, physique et mental lié à la forte immigration à différentes périodes a contribué à la faiblesse de l’urbanisation de la ville.

Par exemple, en 1988 sur une superficie totale de 24000 ha (qui est actuellement de 54000 ha) le taux d’urbanisation représentait 38% dont 60.3% était non structuré et non planifié. En outre, la densité variait de 545 hab/ha (densité très forte au centre de la ville) à 180 hab/ha dans des tissus urbains non structurés, et seulement 18.7 % de la population totale occupait les tissus urbains bien structurés 44 .

Voici comment Brunn et Williams décrivent la structure spatiale et socio-économique de la ville actuelle:

‘“ The wealthiest residents of Addis Abeba make their homes in a “high class residentiel complex” which is situated far to the southeast of the center (next to the international airport of the town). Another upper-class neighhabourhoods is similarly located adjacent to the old airr port of the city (in the southen suburbs).’ ‘While cities in developping nations in Asia and South America tend to have a concentration of wealth in mixed use neighabourhoods near the central business district, Addis Abeba appears to bettre fit the American/European model for distribution of wealth. Like most US. Cities poverty is most intense in the neighabourhoods surrounding the CBD, while government officials, elite businessmen and wealthy foreigners live in the spacious compounds, far away from the noise and congestion of the market center.’ ‘The center of the town (Arada) is surrounded by low income slums and shanty towns to the north, northwest and west at the central market with particularly high density low income residential areas immadietly southeast of the CBD...”Brunn and wiliams.Cité dans; Addis Abeba,Ethiopia , geography of Addis Abeba, [en ligne]. 2002,pp 1-3 disponible sur : http://www.macalester.edu/courses:geog61/kshively/addis geo.html(consuluté le 13/06/02). (Brunn & Wilams, 2002)’

A cause de l’absence d’instructions d’instruments nécessaires au développement physique, la ville d’Addis Abeba s’est développée de façon anarchique à l’intérieur comme à l’extérieur, de manières différentes et spontanées depuis longtemps. Encore maintenant, malgré tous les efforts entrepris, il semble difficile de contrôler la situation. Ceci est lié à l’absence d’un système de gestion efficace, et à un système de planification inapproprié qui n’a pas de support légal (AAMPO, 1999).

Malgré les efforts faits par le Master plan de la ville depuis 1986, pour améliorer le développement physique de la ville, en instaurant un plan structural statuaire, les surfaces bâties existantes sont dilapidées, congestionnées, et on observe un manque d’infrastructures de bases. L’image urbaine physique est pauvre et l’utilisation foncière urbaine semble inefficace. La ville se développe suivant cinq axes principaux, en direction des autres régions du pays. Elle est aussi constituée de tissus urbains variés.

Des descriptions faites sur quelques tissus urbains sélectionnés au cours d’un colloque, nous permettront peut-être d’avoir une vision un peu plus globale. Ce colloque s’est déroulé à Addis Abeba avec la participation d’experts de la ville. Six types de tissus urbains (où les statutsfonciers sont différents)ont été identifiés à partir des critères suivants : structure spatiale, intervention de planification et revenu des ménages 45 .

1- Au centre : un tissu urbain bien établi, occupé pendant l’occupation Italienne, planifié, avec une population à moyens et faibles revenus : les petits logements nationalisés sont vieux, congestionnés, et en mauvais état. Ils sont approvisionnés par des infrastructures de base mais sans système d’égouts et avec un pauvre système de drainage.

- un tissu urbain traditionnel, avec des habitants à revenus faibles, non planifié, occupé pendant la création de la ville autour du palais du roi. Il est congestionné, avec des logements détériorés, souvent nationalisés, pauvres en infrastructures. Il n y a pas de système de drainage des eaux pluviales, ni d’égouts.

2- Entre le centre et la périphérie (en deuxième couronne) : une structure bien établie, non planifiée, avec des habitants aux revenus moyens et faibles, des logements nationalisés, en mauvais état, des infrastructures de base insuffisantes.

3- A la périphérie : un tissu urbain nouveau datant de 1996, avec des habitants de moyens et de faibles revenus, des logements en bon état, équipés des infrastructures de base :

  • un tissu urbain non planifié, avec des habitants à moyens et faibles revenus. Les logements sont variés en terme de qualité et de superficie, ils sont équipés des infrastructures de base.
  • un tissu urbain bien planifié, bien équipé par des infrastructures de base et de bonne qualité. On y trouve des logements privés de bonne qualité, souvent des villas de haut standing et des immeubles de deux ou trois étages sur une surface qui varie de 100 à 180 m2. Même si, ces données sont loin d’être exhaustives, (puisqu’elles négligent la plupart des habitations spontanées en périphérie de la ville et les caractéristiques physiques du centre administratif), elles montrent en général les principaux types de tissus urbains qui constituent la ville et leurs caractéristiques.

Notes
42.

Mathewo asfaw. A review of urban planning practices in AA, in urban fields development in Ethiopia, 1998, p, 22. Op. cit.,

43.

Addis abeba master plan office. Addis Abeba and its planning practice, AA,1999, p,2. Op. cit,

44.

Solomon kefa.Urban neighabourhoods in Addis Abeba, CUP, 1988, pp.43-93. Op. cit.,

45.

Work shop journal, Exploring sustainable land planning and developpement, A hands on two weeks work shop. Hosted by the city administration of AA and GTZ. AA, july 1998, pp.6-7.