2.3 Logement urbain : Un parc de logements mal traité

2.3.1 Typologie et état des logements dans la ville

A l’heure actuelle l’insuffisance de logements, à la fois qualitative et quantitative, est un problème majeur dans la ville d’Addis Abeba, comme dans toutes les villes des pays en voie de développement.

Selon la technologie, la capacité financière des habitants, et les matériaux de construction disponibles à l’époque, plusieurs maisons ont été construites. Mais ceci ne suffit pas pour répondre au besoin croissant de la ville. Ces logements construits, légalement ou illégalement avec des critères différentes de qualité, fonctionnalité…, se côtoient dans la plupart des cas de façon anarchique et non planifiée dans la ville, dans le centre comme à la périphérie.

Selon une étude réalisée par une équipe de consultant pour l’état, parmi les 383.617 logements qui existent dans la ville, 81.004 logements seulement sont conformes pour loger des gens. Donc selon les critères établis par cette équipe 79% des logements ne sont pas acceptables et ne sont pas conformes à la norme pour accueillir la population 75 . (Shimels T.tsadik, 1998)

Plusieurs sources donnent des informations différentes concernant le parc de logements total de la ville. Par exemple, selon l’administration de la ville en 1996, le parc de logement total était de 350.000, logements parmi lesquels 112.000 logements étaient réservées aux commerces et aux services 76 .

Selon le recensement du logement et de la population de 1994, le chiffre annoncé est de 380.307 logements, constitués de 978.880 pièces, ce qui donne une moyenne de 2.1 personnes par pièce.

Contenant des logements de différents types, de la petite hutte aux grands immeubles à plusieurs étages, ce parc de logement est composé essentiellement de logements en mauvais état. Les logements nécessitent de façon générale un entretien important. Ce qui attire notre attention ici, c’est que l’état des logements varie selon son occupation : la plupart des logements qui appartiennent à des privés sont souvent en bon état alors que ceux qui appartiennent à l’état sont en majorité dans un état mauvais ou médiocre.

Au centre ville, où la densité est très forte, la plupart des logements sont en mauvais état. (Par exemple, une étude faite en 1993 dans un kebele à piazza (dans un quartier du centre de la ville) a révélé que, parmi les 771 logements du kebelé, 28 % des logements sont en très mauvais état, ils doivent être démolis et remplacés, et 56 % des logements nécessitent un entretien majeur) 77 .

Autour du centre ville, l’état des logements varie selon la situation économique des habitants dans les quartiers. Ici, on observe des quartiers bien équipés avec les infrastructures nécessaires où la plupart des logements sont en bon état, isolés, construits avec des matériaux durables. C’est le cas par exemple de Bolé, un quartier résidentiel avec une densité raisonnable de 8,98 logements par hectare. En même temps, on observe des quartiers dans lesquelles différentes activités se côtoient, résidence et commerce et où la plupart des logements sont en mauvais état. Il y manque les équipements et les infrastructures de base. C’est le cas par exemple de Lideta et Kera : la plupart des logements sont construits en argile et en bois. Une majorité d’entre eux sont en mauvais état avec une densité très forte de 71.3 logements par hectare 78 .

A la périphérie, où des logements légaux et illégaux se côtoient, la plupart sont en mauvais état, mis à part les logements construits en coopérative pendant le régime socialiste avec l’aide de la banque mondiale.

Parmi le parc total, 60 % des logements appartiennent à l’état. Et selon la municipalité d’Addis Abeba, parmi ces logements, 95 % sont construits en argile et en bois, la plupart sont en mauvais état et doivent être démolis ou entretenus 79 .

Photo 2.2 79% des logements au centre ville ne sont pas conformes à la norme pour accueillir la population.

Toute dégradation mise à part, ces logements ne sont pas équipés avec les équipements nécessaires. Par exemple, parmi le parc total de logement de la ville, 31% n’ont pas d’équipement sanitaire, et 24 % se partagent des toilettes.

De plus, il existe un fort surpeuplement, étant donné que le nombre de pièces par logement n’est pas suffisant. Une étude faite à cet égard a montré qu’entre 1984 et 1988 le nombre de personnes par pièce a augmenté de 1.9 à 3.3 80 . Plus récemment, selon le master plan, 250.000 logements au centre de la ville sont très surpeuplés. 81 Si on prend le nombre actuel total de logement et le nombre actuel de pièces, on obtient en moyenne plus de 2.5 pièces par logement, ceci nous montre l’importance du surpeuplement dans cette ville, sachant que le nombre d’habitants par logement est de 5,2.

Photo 2.3Un des logements nationalisés jamais entretenu

D’autre part, l’étude faite par « The housing maintenance study, 1990 » a indiqué que la plupart des logements étatiques avaient une superficie de 30 m2, avec une moyenne de 5 m2/personne. 76 % du parc de logements ont une superficie inférieure à 40 m2, parmi lesquels 23 % ont en moyenne 20 m2. (Silewogen Abiy, 1997).

Notes
75.

Shimeles Tekle tsadik. A study on organising the housing sector on the principles of free market economy, Economic focus [on line].1998,vol,1 n°5 pp, 1-8. Disponible sur: <http//eea.ethiopia on line.net/econ-foc/efl-5/shimelsT1.htm > (consulté le 19/04/02)

76.

Region 14 Administration office, five year developement plan report, (1998-2002),1998, p.20. Op. cit.,

77.

Eshetu tesfaye. Urban renewal at piazza area, case study of kebele 10, CUP, 1993, p.17.

78.

CSA, cité dans Tefera Sileshi, GIS and its application in alliviating urban environnmental problem, The case of waste management in Addis Abeba, 1997, p.13

79.

Housing maintenance study, cited in, Silewogen Abiy, Sheltor provision in the period between 1974-1990. p 9.

80.

Sara carleto. An approche to environnemental problem in Addi s Abeba, 1993, p, 10. Op; cit.,

81.

Liku W. alemahu. NGO’s in urban developement case study of Addis Abeba sanitation projects, 1997, P 23.