2.4 Les services urbains : insuffisants et mal repartis

2.4.1 Les infrastructures de base 

Les infrastructures urbaines sont des éléments vitaux d’une ville, et constituent en même temps, des indicateurs de développement économique de cette dernière. Les éléments d’infrastructures existants dans la ville d’Addis Abeba sont jusqu'à maintenant 85 soit la propriété de la municipalité, (généralement lorsqu’elles sont semi autonomes : voiries, systèmes de drainage, systèmes des déchets solides ou liquides, systèmes d’adduction d’eau…), soit la propriété de l’Etat (grandes lignes électriques, voies ferrées, voies aériennes, ...). Il revient donc aux responsables de les gérer.

Toutefois, tout comme les autres villes des pays en voie de développement, cette ville subit un manque, à la fois quantitatif et qualitatif, de ces éléments essentiels. Selon les responsables municipaux, l’offre et la demande sont incompatibles. Par exemple :

  • les voiries, un des principaux éléments, couvrent seulement 6% de la superficie totale de la ville. Et la plupart sont dans un état médiocre à cause de l’inefficacité technique de la conception et de la réalisation, de l’inadéquation des conditions institutionnelles qui s’illustrent par le manque de surveillance et de contrôle, (Dessalegn Abebe, 1997)
  • l’approvisionnement de la ville en eau potable satisfait seulement 60% des habitants, parmi lesquels 45% des ménages seulement ont des compteurs privés 86
  • le système de drainage couvre seulement 3.7% de la demande,
  • seulement 18% de la population totale possèdent un téléphone privé 87 .
Photo 2.4Occupation des espaces publics (constructions sur des chaussés au centre ville).

Selon ces responsables, ce manque d’infrastructures est dû à des problèmes financiers ; cela dit les autorités concernées semblent tout de même incapables de gérer les éléments existants.

Et selon ces responsables municipaux 88 , ceci est du :

  • à l’absence de lois et de règles claires sur la gestion des infrastructures,
  • à la centralisation forte des pouvoirs au niveau des bureaux municipaux et de l’état,
  • au manque de personnel qualifié, de matériel et d’équipements,
  • à l’absence de contrôle et de suivi quotidien des éléments existants,
  • à la mauvaise organisation institutionnelle,
  • et finalement au manque de budget de fonctionnement et d’investissement.

A l’heure actuelle, un grand projet de voirie périphérique est en cours de réalisation à l’aide des organisations internationales (un projet important et unique dans son genre dans l’histoire de la ville, qui peut changer l’image physique de cette dernière). Même si ce projet est lancé afin de réduire le problème de la circulation dans la ville, un des problèmes majeurs de la ville, il fait l’objet de reprocher par de nombreux citadins pour sa mauvaise conception et sa réalisation, avant même son achèvement. 89

Notes
85.

Depuis quelque temps, se basant sur la politique de privatisation quelques investissements privés sont apparus dans ce secteur.

86.

Mathewos Asfaw. Assesment and evaluation of social services and current key urban problemes, july 1998 p,3-5

87.

Region 14 Administration office, five year developement plan. 1998, pp. 10-20. Op. cit.,

88.

Idées recueillies pendant les interviews faites sur place.

89.

De nombreuses habitantes aux alentours de cette voirie reprochent ce projet de couper leurs quartiers (dans les quels ils vivent ensemble depuis longtemps) en deux, d’autres reproche ce projet son mauvais fonctionnement puisque il manque plusieurs éléments qui doivent être réalisés et surtout les éléments de sécurités