2.5 Pauvreté, revenus des ménages et institutions locales comme capital social

2.5.1 La pauvreté : un phénomène dominant

« Un terme ambigu et contextuel », il est décrit de façon différente par plusieurs auteurs qui s’engagent sur ce thème et déterminent des indicateurs, des seuils, des normes etc. Selon Sachubert (1994 91 ), la pauvreté est l’incapacité à mener une vie normale par n’importe quelle mesure 92 . Ceci nous oblige donc à nous poser la question : qu’est ce qu’une vie normale ? Mais, même si cette définition est généralement acceptée, il est encore possible de l’interpréter de façon différente selon les conditions socio-économiques et politiques du pays. Selon les Nations Unies, un revenu individuel de moins d’un dollar par jour est un indicateur de pauvreté chronique.  Nombreuses sont les descriptions, les approches les définitions de la pauvreté selon l’idéologie considérée. Mais en général la pauvreté se manifeste par la mal nutrition, une espérance de vie courte, une mortalité infantile élevée, l’absence de l’eau potable et de logements, le manque des équipements de santé....

Le gouvernement éthiopien a estimé qu’en 1992, 52% de la population souffrait de pauvreté chronique, 29% de la population est à la merci de la pauvreté, et 17% de la population est pauvre à cause du mode de vie, notamment chez les nomades 93 .

Si l’on regarde l’indice de développement humain (IDH) 94 , juste pour montrer la comparaison avec les pays voisins, ce pays, avec un indice de 0.252, est loin derrière le Kenya et le Soudan qui ont un indice plus élevé respectivement de 0.463 et 0.343 95 .

Après avoir constaté la pauvreté dans le pays, un des économistes éthiopiens a exprimé la gravité de la situation de la manière suivante : 

‘“ It seems that our society is getting used to poverty as a normal form of existance. People have taken such a beating by poverty for so long that they seemed to have setteled for mere survival. And this is a result of powerlessness. A feeling that the individual can do very little to change his/her circumstances”.Berhanu nega. Addressing the problem of the marginaliuzed in Ethiopia; [on line] <http//:eea.ethiopiaonline.net/Econ-foc/ef2-5/berhanu.htm> (Consulté le 12/09/02)(Berhanu Nega, 2002)’

Depuis longtemps et surtout à partir de l’apparition du régime socialiste pendant lequel l’investissement privé a fortement diminué (alors que l’Etat était incapable d’investir dans tous les secteurs), la pauvreté concerne la plupart des habitants, y compris la population active.

Même s’il est difficile d’avoir des indicateurs récents sur la pauvreté, les études disponibles, montrent que le pourcentage de la population d’Addis Abeba touchée par la pauvreté en 1990 était de 45.4%, et qu’il s’élève en 1991 à 51.4% et à 63%Melake selam paulos, Some aspects of the survival of the poor inhabitantes of the city of Addis Abeba,1996, p,7. en 1992.(M.S. Paulos, 1996)

En se référant à des études récentes, le bureau d’administration de la région 14 d’Addis Abeba, a indiqué qu’en 1994, la dépense alimentaire de 35.5% de la population de la ville était très faible par rapport à la norme, ce qui constitue un autre indicateur de la gravité de la situation de la ville.

Il n’est même pas nécessaire de chercher des chiffres et des données empiriques pour constater la pauvreté dans la ville d’Addis Abeba. Hormis les petits vendeurs de cigarettes, les cireurs de chaussures et les autres petits commerçants flottants, considérés comme des acteurs économiques informels qui travaillent pour gagner leur vie difficilement, on peut constater l’importance de la pauvreté en dénombrant l’ensemble d’enfants dans les rues. Il est même difficile d’avoir des données ou des chiffres précises sur le nombre d’enfants des rues dans cette ville, par exemple selon les Nations Unies en 1991, il y avait 10000 enfants dans toutes les villes éthiopiennes dont la majorité à Addis Abeba. 96 D’après le ministre concerné, il y en a entre 100000 et 200000 enfants dans toutes les villes du pays parmi lesquels 50000 à 60000 dans la capitale dont 25% sont des filles 97 , les enfants abandonnés par leurs familles, les mendiants ... qui font vivre la ville au jour de jour 98 .

L’origine de la pauvreté varie légèrement d’un pays à l’autre, selon les circonstances le développement économique très faible du pays à cause des désastres de natures variés, la politique de développement instable et inefficace, l’explosion démographique, semblent être les principales causes de ce phénomène.

Notes
91.

Cité, dans Niqodimos 2002

92.

Niqodimos from gedam sefer, Pauverty reduction strategy document objective; preparation and execution,2002,p,1. [on line] http//:www.ethiopianreporter.com/magazine/htm/R42/r42-7.htm 25/06/02.

93.

Annual economic report, p.98. Op.cit,

94.

Il s’agit d’un indicateur de développement économique se basant sur l’espérance de vie, le niveau de scolarité des habitants, et le PNB d’un pays.

95.

UNDP, human development program 1988, cited in the economic report, p,95

96.

Macalester geographie departement, 2002 p,2. Op. Cit.,

97.

UN integrated regional information net works, More and more childrens forced on to the streets [en ligne] 2002, Disponible sur. < http://allafrica.com/stories/printable/200204300223.html >(consulté le 30/04/02)

98.

Même si il existe plusieurs chiffres concernant les enfants de la rue, selon les sources disponibles, il y en a à peu près 10000 enfants qui sont abandonnées par leurs familles