1.1.2 Pauvreté urbaine

Le développement croissant sans précédent des villes des PED est accompagné de la pauvreté qui échappe à la capacité des autorités nationales et locales. Cette pauvreté, définie de manières différente dans le temps et dans l’espace, comme on l’a vu dans les chapitres précédents, concerne entre 1/4 et 1/3 des ménages dans le monde162. Le principal indicateur de pauvreté l’Indice de développement humain de PDNUD, indique que plus de 4,5 billion milliards de personnes dans les pays en voie de développement n’ont pas le nécessaire pour survivre, et ont une espérance de vie de moins de 40 ans, que 1,3 billion de personnes n’ont pas accès à l’eau potable, que 1 enfant sur 7 n’est pas scolarisé, qu’environ 840 millions de personnes sont mal nourries, et qu’environ 1,3 billion de personnes ont des revenus inférieurs à 1 dollar par jour.

Figure 1.18 La pauvreté des ménages urbains par région
Figure 1.18 La pauvreté des ménages urbains par région

Source : Urban indicators 98, dans, The state of the world’s cities 2001, p.18

En Afrique urbaineDans les villes africaines, la pauvreté concerne à peu près 40% des ménages, soit approximativement 200 millions en 2002. La moitié de la population de l’Asie du sud, qui compte à elle seule 30% de la population mondiale est pauvre. En Amérique latine et les Caraïbes, le pourcentage de la population concernée est la aussi important. Ce phénomène touche principalement les femmes, environ 70%163 de la population La situation est alarmante : par exemple en Amérique Latine, 70% en Ciudad- Mexique, 48% en guayaquil-Ecuador, 46% en Iquitos-peru, et plus de 40% en Recif- brésil, Santiago, de los caballeros, république dominicains et Santa Cruz de la Sierra-Bolivie164 sont concernées.

Les causes de la pauvreté sont multiples et sont de natures différentes. Comme le développement économique des villes est fortement lié à l’économie nationale, les facteurs  économiques, politiques, culturels, géographiques, climatiques, peuvent contribuer à la pauvreté urbaine. De nos jours la disparité du PNB entre les pays riches et pauvres s’accroît de plus en plus, par exemple, selon le PDNU, les revenus détenus par 20% de la population des pays riches qui étaient 30 fois supérieures en 1960 aux revenus détenus par 20% de la population des pays pauvre seraient maintenant à 74 fois165 supérieures.

Des études montrent qu’à présent, l’influence externe et surtout la globalisation166 aggravent encore la situation, en concentrant le pouvoir économique dans les pays riches et en marginalisant les pays pauvres, qui sont incapables d’aborder le marché mondial. (David E.Dowall, 1999) Plusieurs pays des PED font des efforts pour sortir de la situation.

Selon la banque mondiale, le nombre de personnes qui vivent avec 1 dollar par jour diminue légèrement de 1,3 billion en 1990 à 1,2 billion en 1998 ; le taux de pauvreté est tombé de 29 % à 24 % … Mais la situation d’une région à une autre est différent : les pays d’Asie de l’Est qui comptent 1,8 milliards d’habitantes et qui représentent plus de 1/3 de la population des PED, montrent dans les années 80 des résultats remarquables ; ils réduisent le taux de pauvreté de moitié, le nombre des habitants dont le revenu est inférieur à 1 dollar par jour diminue de 174 millions, avant de revenir à la situation initiale à cause de la crise de 1998.

La pauvreté des villes des PED qui est fortement liée à l’économie des pays se manifeste de différente manière.

La plupart de ces pays sont fortement endettés167 . A l’échelle planétaire, les pays du sud doivent fin 1992 environ 7700 milliards de francs. En 1995 ce chiffre est de 1200 dollars (les pays remboursent chaque année 150 milliards de dollars au titre de cette dette)168. Dans beaucoup de pays, la part de la dette est très supérieure aux dépenses relatives à la santé et à l’éducation. En Afrique, au sud du Sahara, la moitié des 600 millions d’habitants qui ont moins de 16 ans, entreront dans la vie active avec une facture annuelle à payer aux prêteurs d’environ 178 milliards de francs. Et pourtant, l’argent prêté à leurs nations n‘a pas été à la hauteur des espérances. (UNICEF, 1994)

Figure 1.19 Encours et nature de la dette en 1992 dans différentes régions (en milliards de dollar).
Figure 1.19 Encours et nature de la dette en 1992 dans différentes régions (en milliards de dollar).

Source : Unicef. Cité dans La dette du tiers monde février 1994.

Les pays sont confrontés à une forte immigration, surtout de la part de la population productive. Selon une étude, environ 130 à 140 millions de personnes dont 30,000 docteurs africains vivent en dehors de leur pays dans des pays riches.

Les pays sont Ils sont aussi confrontés à la criminalité, qui à l’heure actuelle s’intensifie en dehors de leur frontière. Ce phénomène est lié à la consommation de la drogue (selon le PDNU, 200 millions de consommateurs de drogue commettent ou sont prêts à commettre des crimes), mais il est aussi lié à l’utilisation des armes, ou au trafic des femmes et des enfants pour une exploitation sexuelle. Toujours selon le PDNU, environ 500,000 femmes des pays en voie de développement migrent vers les pays d’Europe de l’Ouest pour cette raison.

Toutefois, et de manière différentes, les pauvres de ces pays peuvent jouer un rôle économique et financier important, s’ils sont intégrés et acceptés dans les processus de développement formels mais cet aspect est négligé. Le potentiel financier cumulatif qu’ils possèdent est très important. Selon De Soto (Cité par Sameh Wahba 2001), les pauvres dans ce pays ont accumulé progressivement un capital financier important, qui se trouve hors de la circulation économique formelle, c’est ce qu il appelle « A dead capital ». Il a estimé cette accumulation de fonds à un minimum de 9,3 trillions de dollars (Sameh Wahba). Ceci devrait attirer l’attention des autorités concernées pour intégrer ces pauvres dans le processus de développement de leur pays.

Notes
162.

UNCHS (HABITAT), The state of the world’s cities 2001, p, Op.cit, 19

163.

UNICEF. La lettre. La pauvreté dans le monde. Mars , 1995. N° 49. p 1.

164.

Yves cabannes et Andrea carrio,Urban tendencies in latin america and the caribean,[on line]. Disponiblesur<http://www.Sustainable,developpment.org/BLP/Conferences/articles/Yves%20Cabannas%20and%20Andrea%20Carrio.. (Consultés le 13/05/02) Op.cit.,

165.

The Reporter. Rapid but unbalanced globalization. [on line]. Disponible sur < http://www. Ethiopian reporter.com/eng_newspaper/Htm/No284/r284eco.htm. (Consulté le 07/05/02)

166.

Depuis 20 ans, l’économie mondiale s’intègre de plus en plus dans ce qu’on appelle « La globalisation » qui est l’intégration internationale des productions, des services et des marchés financières, grâce au progrès des technologies de communication.. . Ceci, selon les études, pose des défis et des opportunités. Elle est supposée amener un développement important dans les secteurs non agricoles, un accroissement des revenus, une amélioration des conditions de vie, mais en même temps elle est supposée engendrer la pauvreté, l’absence d’emplois..,  à ceux qui sont financièrement incapables.

167.

Selon Unicef, L’endettement des différents pays du tiers monde correspond à trois grands cas de figure : des montants très élevés, avec des capacités de remboursement insuffisantes ( cas des pays d’Amérique latine), des montants relativement faibles en valeur absolue, mais élevés par rapport aux capacités de remboursement (cas des pays d’Afrique noire), des montants élevés mais contre balancés par des capacités de remboursement satisfaisantes (cas des pays asiatiques)

168.

UNICEF. La lettre. La pauvreté dans le monde. Mars, 1995. N° 49. p,1. Op.Cit,