1.2.1.1 Urbanisation officielle et officieuse galopante

L’urbanisation des villes des PED, (urbanisme des pauvres, selon Patrick McAuslan 1987) s’accélère rapidement à cause d’un rapide accroissement de la population ainsi qu’à des changements perpétuels des conditions socio économiques. On note deux phénomènes de types différents :

De type formel par réalisation des infrastructures et des équipements nécessaires unen processus d’urbanisation souvent très lent.

De type informel par la construction spontanée de logements résidentiels mais pouvant aussi servir à d’autres activités, ceci se faisant sans aucune infrastructure ou équipement nécessaires.

Cette urbanisation duale nécessite beaucoup d’espace, ce qui exige souvent la conversion des’espaces ruraux et agricoles énormes de manière formelle ou informelle.

Par exemple, le Caire, l’une des plus grandes villes de l’Afrique convertit plus de 20000 hectares de terrain chaque année (Ahmed S., 1999). En Amérique latine, où sont concentrées la plupart des grandes villes des PED, Mexico, Jakarta, Sao Paulo, on assiste à la conversion de 3000 à 5000 hectares par an. (Florian S. 1999)

En Asie, où la population urbaine est très grande, Bangkok convertit plus de 3000 hectares par an. En Inde (où l’urbanisation et l’aménagement urbain étaient considérés comme les principales causes de migration rurale et étaient mal vus par le prominent mahatma Gandhi qui était contre l’urbanisation) la situation est alarmante, il est même difficile de prévoir les besoins en terme d’espace, qui peuvent atteindre 60000 hectares par an. La situation s’est aggravée depuis 1980, époque à laquelle seulement un quart de la population vivait dans les villes. La croissance urbaine dépasse maintenant 5%, ce qui représente une augmentation de 70 millions de citadins, (soit une population de 600000 habitants chaque mois les estimation pour 2000 et de sont 90 millions de personnes supplémentaires en dix ans) (Isabelle M., 1990). En Indonésie Java a converti entre 1980 et 1995, prés de 222.500 haANTONIO SALAZAR P. BRANDAO et GERSHON FEDER. Policy issues in land market reforms [on line ]. Disponible sur : <http:// wbln0018/.world bank.org/networks/ESSD/icdb.nsf.htm> consulté le 12/06/02.. (Antonio et al, 2002).

En l’an 2005, Jakarta nécessitera 30800 hectares de terrain pour des logements résidentiels alors que l’espace disponible n’est que de 21500 hectares, sans tenir compte du besoin d’espace pour les industries, les centres commerciaux ….¹⁸⁴ 

Les impacts négatifs, physiques et socio-économiques de cette urbanisation galopante sont importants, et concernent à la fois les zones urbaines et rurales. La mobilisation massive des paysans et des agriculteurs engendre des problèmes socio-économiques et psychologiques énormes.

Il en résulte une pollution de l’environnement, vu qu’une partie importante de cette conversion est illégale et non planifiée…. les équipements nécessaires ne sont pas mis en place ce qui peut engendrer des problèmes sanitaires… 

La demande d’investissement est importante pour la réalisation des infrastructures et des équipements nécessaires, elle est souvent en dehors de la capacité financière de la plupart des villes.

Plusieurs mesures préventives ou curatives ont été adoptées selon le contexte physique et socio économique de ces villes, pour atténuer les problèmes : On a tenté de résoudre le problème au niveau régional, afin de limiter l’immigration massive des paysans attirés par la ville, en améliorant principalement les conditions de vie de ces derniers. Au niveau de la ville, des instruments comme la planification, les zonages, les lois, les règles…., ont été appliqués, mais la plupart restent inefficaces et parfois inapplicables.

Ainsi, aujourd’hui, l’urbanisation ne cesse d’accélérer des mouvements importants vers les villes, qui sont déjà saturées et incapables d’accueillir ces nouveaux citadins.

Plusieurs études ont affirmé que dans quelques décennies, la plupart de ces villes affronteront des problèmes majeurs et variés comme, le manque de terrains, les problèmes de marchés fonciers, l’inflation, les crises économiques et environnementales, qui résulteront de cette urbanisation galopante.