3.2.2.4 Les occupations informelles

Comme dans la plupart des villes des PED, les occupations informelles sont importantes à Addis Abeba. En fait, celles-ci satisfont le besoin de logement de nombreux habitants, mais leur impact négatif sur le développement physique, l’environnement, les revenues de la ville, et les conditions socio économiques de leur occupants…. est important. Plusieurs mesures ont été prises concernant ces occupations dans autres villes des PED, expulsion, régularisation ou les deux en même temps, en fonction du contexte et du principe affiché dans des époques différentes. Mais depuis quelques temps la tendance est à la tolérance, ainsi qu’à l’amélioration de leur condition.

Par exemple, dans de nombreuses villes asiatiques les occupants obtiennent le droit de voter, ils ont des représentants parlementaires. De plus, ils ont accès aux services comme l’eau, la poste, le commissariat de police, les cliniques et les écoles municipales231. Et cela, afin de les régulariser progressivement.

En Amérique Latine, au Brésil, Sao Paulo a régularisé 90000 familles depuis 1993, Santo Andre et Diadema ont régularisé 22.015 lots, Belo Horizonte, a régularisé 11357 familles depuis 1983, et Recife a régularisé 442 lots jusqu'à présent. (Donald A. et al, 2000) En fait cela tenant compte et respectent le statut quo de ces occupations ; faisant participer les occupants ainsi que les organisations non gouvernementales.

Ici, le cas de Recife, qui a développé l’idée de « Special zones for social interest » depuis 1983 afin de faciliter la régularisation est un exemple intéressant.

A cet égard, la politique que doit mener la ville d’Addis Abeba, et les mesures qu’elle doit prendre devra tenir compte des conditions socio économiques de la ville. D’après nos observations, expulser ces occupants dans une ville qui nécessite la construction de 308.960 logements dans les 10 années à venir, n’est plus une solution efficace. Ceci aurait pour conséquences de ruiner les propriétés et l’investissement précieux des habitants qui sont souvent pauvres.

L’économie de la ville pourrait être affectée et une situation de violence et d’instabilité politique peut être créer. On peut évoquer ici le mouvement de SAMA SAMA aux Philippines, un groupe d’occupants informels révoltés qui revendiquent la régularisation. Après avoir formé une fédération anti-éviction, et suite au décès de plusieurs personnes à Manille, ce groupe a réussi à régulariser et à équiper 150 hectares de terrain. (UN-Habitat, 2002). De même, la lutte contre l’éviction a engendré la mort de 30 dirigeants de communes, de présidents d’associations locales et de leurs familles à Rio de Janiero entre 1980 et 1990, (Sonia Pereira, 1997)

Ainsi, se basant sur notre étude, les informations rassemblées lors des interviews menées sur place, et tenant compte le contexte de la ville, nous envisagons les deux actions à mener qui nous semblent importantes et applicables l’une est curative et l’autre préventive.

Dans un premier temps, étant données l’importance de ces occupations, le manque de logements en quantité suffisante dans la ville, l’incapacité des autorités à répondre à la demande…., la première action à mener doit être la régularisation de ces occupations existantes et l’amélioration de leur condition. Ceci nécessite une réelle volonté politique ; Dans ce cas les principaux acteurs seront la municipalité, les administrations de proximité et les occupants eux mêmes :

Les municipalités et les administrations de proximité (le kebele) doivent jouer un rôle important dans l’identification et l’organisation du processus de régularisation. De même, les assistants techniques pour tout ce qui concerne l’approvisionnement des infrastructures et des équipements nécessaires appartiendra à la municipalité.

Pour faciliter ce processus et augmenter la capacité financière pour la réalisation des infrastructures et des équipements nécessaires, la technique de remembrement peut être utilisée232. Car ces occupations sont sur le sol de l’état donc facilement gérables, et dans la plupart des cas elles ont des superficies différentes qui doivent être découpée pour être revendues et financer les projets sur place.

Ainsi, les efforts des autorités pour mener à bien ces actions, étape par étape, permettront, non seulement d’améliorer les conditions de vie de ces occupants illégaux, mais aussi de leurs assurer un droit sur le sol. Il sera alors possible d’investir pour améliorer ces logements, et d’intégrer progressivement ces habitants au système d’occupation formelle, dans le même temps le revenu municipal augmentera…….

Les occupants eux mêmes seront responsables. Ils doivent jouer un rôle important en participant aux projets d’approvisionnement des infrastructures nécessaires. Pour cela, le principe de « users pay » peut être appliqué : les usagers paient, soit financièrement, soit participant aux travaux selon leur capacité.

Un exemple intéressant parmi d’autres, est le projet de « Bondeni community land trust ». Les efforts faits et les actions menées récemment par les autorités Kenyanes et le GTZ (ONGs allemande) pour régulariser et améliorer les conditions de vie d’un quartier informel (Bondeni settlement) de 15000 habitants sont considérables. La participation des occupants a été importante (Clarissa Fourie, 1997)

En fait, la régularisation a des impacts négatifs, si elle n’est pas réalisée avec précaution. Des études ont montré qu’elle peut engendrer la hausse du prix du terrain, la prolifération des activités industrielles illégales à petite échelle, ainsi qu’un marché foncier clandestin. C’est ce qu’on a pu observé dans de nombreuses villes asiatiques, par exemple en Inde.

La deuxième proposition que nous envisageons est la création d’une police urbaine. D’après l’expérience des autres villes, la plupart des programmes de régularisation ont de nouveau engendré la prolifération importante de nouvelles occupations informelles. C’est le cas de en Inde, au Brésil, au Mexique…, un phénomène que nous devons à tout prix éviter. A cet égard, il nous parait essentiel de créer et d’organiser une sorte de police urbaine. Ceci peut être organisé au niveau de l’administration de proximité. Elle aura pour rôle de poursuivre, de contrôler et d’empêcher le développement massif de ce type d’occupation sur son territoire respectif et suivant le découpage administratif.

Notes
231.

A cet égard, les programmes comme « The community mortgage bank » (CMP) au Philippines, Kumpung improuvement programme (KIP) en Indonésie…, initiés par les états de ces pays parmi autre peuvent être considéré comme des exemples importantes. (Arif Hasan, 1998)

232.

Même si, il est possible de faire des propositions variées au niveau technique, ce qui sont appliqués ailleurs, comme par exemple, « A guided land développment » développement guider…., ceux qu’on peut les adopter dans la future, actuellement, nous nous limitons sur ce qu’on a cité ci-dessus tenant en compte la capacité financière et humaine de la municipalité de cette ville.