3.3.1 Amélioration de la structure et du fonctionnement de municipalité

3.3.1.1 Décentralisation235 et réorganisation

Selon Dillinger (1994), 63 villes sur 75 des pays en voie de développement et en transition économique ont tenté de mener la décentralisation, qui est dans la plupart de cas inefficace selon lui :

‘« …instead of being part of a carefully designed sequence of reforms ‘decentralisation’ has become a disorderly series of reluctant concessions by central govenrements attempting to maintain political stability ». ’

Même si, l’absence de volonté politique et la négligence des autorités dans la plupart des cas, sont les causes principales ; le manque ou l’inefficacité des institutions et des organismes de base est aussi à l’origine des difficultés et ce surtout en Afrique.

Ce pendant, les efforts réalisés par quelques pays pour concrétiser réellement cette initiative sont considérables. Nos autorités peuvent apprendre beaucoup de l’expérience de l’Indonésie, la Thaïlande….).

Comme dit, Mohammed Diarra, 1987, les autorités des villes des PED qui gèrent la ville au travers des logiques différentes et qui surtout surestiment leur capacité à gérer le sol urbain, doivent réviser ce postulat et partager l’autorité avec d’autres.

Comme la plupart des villes des PED, la nécessité et l’urgence d’initier cette action de décentralisation (qui nécessite la déconcentration et la dévolution du pouvoir des autorités étatiques aux autorités locales) est visible à Addis Abeba à présent. Admettant son importance, les autorités doivent prendre l’initiative pour mettre en place une véritable décentralisation. Il faut partager le pouvoir administratif avec les autorités locales et communales. Hormis le fait de mentionner la nécessité de cette décentralisation globalement, notre intention ici est de développer et d’envisager des idées pouvant améliorer l’organisation, la structure et le fonctionnement de l’institution administrative existante.

D'après nos observations, la municipalité d’Addis Abeba, qui est la seule à gérer la ville depuis long temps semble avoir des difficultés énormes pour accomplir sa mission, comme en témoignent tous les problèmes remontés lors des chapitres précédents. A part l’étendue de son champ d’action et l’accumulation de ses devoirs sociaux, économiques…, son organisation et sa structure de fonctionnement rendent le processus de développement de la ville difficile. On observe une très forte centralisation, surtout en ce qui concerne la prise de décision foncière. Et à l’heure actuelle, la nécessité de décentraliser cette institution nous semble importante. Pour y parvenir, il est nécessaire de créer et d’organiser d’autres municipalités qui auront des statuts juridiques, économiques et légales égaux pour gérer cette très grande ville qui accueil de plus de quatre millions d’habitants à présent.

Selon nos études, même des petites villes comme Bamako par exemple, qui accueille à l’heure actuelle un million d’habitants seulement, dans une superficie plus ou moins égale à celle d’Addis Abeba est administrée par six municipalités (communes). De même en Thaïlande, Bangkok compte 50 communes (municipalités) pour administrer ses 10 millions habitants.

Donc, par rapport à nos constatation et à notre connaissance de la ville, ainsi qu’en tenant en compte de la superficie, du nombre et de la répartition de la population, de la densité, ainsi que du potentiel financier et humain de la ville, il nous parait raisonnable d’augmenter le nombre des municipalités à cinq. Celles-ci seront sous la direction d’un gouverneur de la ville qui sera élu par le conseil municipal ou les citadins236. Même si nous envisageons la création de ces municipalités, la relation entre elles doit être sécurisée car elles ont un intérêt mutuel, géographique, social, économique, et culturel fort...

Cette décentralisation sollicitera la réorganisation des structures administratives existantes. A ce propos, nous envisageons de préserver les deux sous administrations existantes, les kebeles et les woredas. En fait ce sont les institutions les plus proches et facilement accessibles par les citadins et elles sont directement concernées par le développement de leur territoire géographique. Dans le même temps, nous envisageons d’éliminer les administrations zonales qui sont inactives depuis très longtemps. Dans ce cas, les municipalités les remplace et joue leur rôle.

Remarques : Woredas : à l’heure actuelle, il existe 28 woredas. Donc selon notre proposition, si on divise le nombre de woredas par le nombre de municipalités envisagées, chaque municipalité aura 5 à 6 woredas sur son territoire géographique.

Kebeles : De même, si on divise le nombre de kebeles existants (328 kebeles) par le nombre de municipalités envisagées, chacune aura 65 kebeles sur son territoire. Chaque woreda comptera 10 à11 kebeles ce qui nous parait correctement gérable

A titre indicatif, on peu schématiser la nouvelle structure hiérarchique d’une municipalité et de ses sous éléments administratifs. Prenons par exemple le cas d’une des municipalités proposées.

Figure 3.29  Organisation hiérarchique proposée
Figure 3.29  Organisation hiérarchique proposée

Toutefois, le nombre de woredas et de kebeles indiquées ci-dessus, peut être modifiés si la réorganisation administrative le nécessite. Par exemples, les kebeles situés à la périphérie, qui comptent moins d’habitants avec une superficie importante avec le découpage actuel pourront être encore divisés en deux ou trois kebeles. Cela à cause d’une forte attribution du sol depuis longtemps et de l’augmentation de la population.

Donc si on tient compte de la répartition et de la densité, on peut envisager une municipalité pour la partie centrale qui peut administrer le CBD (central business district). Cette portion du territoire est dense mais avec une superficie moins importante que celle des quatre autres municipalités que nous envisageons.

Les quatre municipalités qu’on peut les nommer, municipalité de l’Est, de l’Ouest, du Sud et du Nord, Par exemple, elles administreront les territoires qui se trouvent en dehors du centre, qui ne sont pas très congestionnés, mais qui auront des superficies importantes. Le découpage tiendra compte de l’organisation sociale et humaine de la ville. À ce propos, on peut envisager par exemple, un découpage suivant les cinq principaux axes sortants de la ville vers les autres régions du pays.

En fait, cette proposition concernant le nombre de municipalités ne se base sur aucune étude empirique, c’est juste une idée personnelle basée sur la compréhension du contexte de la ville, l’observation des autres villes et l’historique du système de découpage municipal en place avant la révolution. (Encore aujourd’hui la plupart des habitants l’utilisent pour dénommer leur quartier, la municipalité du nord, de l’est …,).

Le découpage administratif nécessite une étude approfondie du contexte socio économique, physique et démographique. En fait, d’une part, il ne faut pas désintégrer la relation sociale que les habitants ont développée depuis très longtemps, et d’autre part, il faut tenir compte d’une répartition équitable des équipements nécessaires ; de santés et scolaire notamment.

Notes
235.

On a décrit la décentralisation de manières différentes mais avec la même notion. On peut parler de la décentralisation industrielle…..Toutefois dans notre cas la décentralisation est une action par laquelle la gestion administrative d’une ville est partagée avec autorités locales élus (et non à des agents nommés par le pouvoir central). Selon plusieurs auteurs, l’action de la décentralisation se constituer des processus de déconcentration et de dévolution qui sont indissociables.

236.

Ici on peut envisager aussi l’idée de employer des personnes privées compétentes qui ont des capacité ou de l’expériences dans l’administration des villes.