0.2.3.2 Le corps d’hypothèses

Notre corps d’hypothèses s’est construit de façon inductive à partir de notre recherche-intervention et de nos observations de terrain que nous cherchons à valider ou invalider par un travail d’enrichissement de nos connaissances en gestion des ressources humaines dans les organisations.

Les trois dimensions dans l’appréhension de l’objet de connaissance en Sciences de gestion se retrouvent dans le corps d’hypothèses : la dimension descriptive, la dimension explicative, la dimension prescriptive (Savall et Zardet, 2003) 23 .

C’est une information d’observation de fait, de constat, alimentée et démontrée à l’aide de matériaux expérimentaux et de matériaux bibliographiques (Savall et Zardet, 1996) 24 .

Les propositions décrivant l’objet d’observation sont appelées hypothèses descriptives dans un souci de rigueur. Décrire, c’est déjà faire un choix et une modélisation du champ observé.

Le chercheur fait une sélection de signes pertinents, dans le champ de sa recherche, il propose donc une représentation du champ observé qui sera vérifiable par observation. La pertinence est liée à la démonstration que le chercheur veut faire. Les hypothèses descriptives permettent une première démonstration de la problématique. C’est ce que le chercheur a observé, des faits qui lui ont posé problème 25 .

‘« Les salariés sont réticents à mettre en œuvre de nouvelles compétences ».’ ‘« Les salariés revendiquent une évolution de leur statut professionnel en se référant à la classification actuelle ».’

C’est une information qui explique ou donne une ou des explications possibles au constat formulé dans l’hypothèse descriptive. Cela correspond à une sélection par le chercheur, des explications pertinentes sur les causes ou les origines des signes observés. L’hypothèse explicative représente une « dose » d’interprétation plus forte des phénomènes observés. La démonstration est plus engagée et elle permet de montrer les arguments. Le chercheur a une explication des choses. Il peut expliquer les raisons de ce qu’il a observé 26 .

‘« Il n’y a pas de reconnaissance à court terme des efforts fournis par les salariés dans la mise en œuvre des nouvelles compétences »’ ‘« Le seul référentiel utilisé dans les négociations avec les partenaires sociaux est la grille de classification des emplois de la Convention collective dont ils relèvent »’

C’est une information sur un scénario possible de solutions issues de l’expérience, c’est à dire des phénomènes observés sur les terrains d’expérimentation, ou de la conviction profonde du chercheur.

Le chercheur fait une sélection des principes techniques et des outils d’actions et de décisions supposés efficaces ou plus efficaces.

Les hypothèses prescriptives représentent une contribution du chercheur en Sciences de gestion aux décideurs praticiens. C’est ce que le chercheur pense qu’il est d’appliquer pour faire évoluer la situation étudiée.

‘« Il est possible de mettre en place des règles du jeu afin de formaliser les évolutions des compétences et des modalités de rémunération associées ».’ ‘« Il est possible de bâtir une grille de classification des emplois propre à chaque entreprise permettant ainsi de créer d’autres référentiels reconnus par les salariés ».’

Notre hypothèse centrale est donc décomposée en thèmes et sous-thèmes eux-mêmes explicités en sous hypothèses. Ce que nous pouvons représenter par la figure 0-3 ci-après.

Figure 0- 3 : les cinq thèmes.
Figure 0- 3 : les cinq thèmes.

Notre corps d’hypothèses est présenté dans sa totalité en annexe n° 1.

Notes
23.

SAVALL H., ZARDET V., « Recherche en sciences de gestion : observer l’objet complexe. Approche qualimétrique. », (Ouvrage à publier, 2003).

24.

SAVALL H. et ZARDET V., « La dimension cognitive de la recherche-intervention : la production de connaissances par interactivité cognitive » Revue internationale de systémique, vol 10, n° 1-2, 1996, pp 157-189

25.

Ibid.

26.

Ibid.