0.2.4.1 Pour les Sciences de gestion

Trois facteurs contribuent à l’intérêt et à la valeur ajoutée de nos travaux :

  • une recherche de terrain 

Nos travaux font partie de ce que nous appelons les « thèses de terrain » aujourd’hui mieux reconnues par les chercheurs en Sciences de gestion(Berry, 2000) 27 . En effet les entreprises s’ouvrent de plus en plus à des coopérations avec des chercheurs en Sciences de gestion, ce qui explique que, jusqu’à présent, peu de manuels traitaient de l’une des particularités du terrain, qui consiste à se dérober sans cesse aux observations des chercheurs. Le ministère de la recherche a mis en place depuis plus de quinze ans des bourses CIFRE 28 pour favoriser des thèses menées au plus près du terrain.

David (2000) 29 constate que les démarches de recherche se réclamant d’une approche de terrain sont de plus en plus nombreuses en sciences sociales et plus particulièrement en Sciences de gestion. Thiétart (1999) 30 dans son ouvrage reconnaît une légitimité aux recherches de terrain alors que la pensée dominante les jugeait, il y a quelques années encore, « anecdotiques », « qualitatives » et non « généralisables ».

Mais quel est l’intérêt d’une thèse de terrain si elle ne défend pas des idées en se nourrissant d’une forte implication dans une ou plusieurs organisations et en produisant des résultats nouveaux qui interpellent l’opinion autant qu’ils enrichissent le savoir théorique ? (Berry, 2000) 31 . Il nous semble que la justification d’une recherche sur un terrain unique n’est pas de valider des concepts déjà connus, mais plutôt d’en proposer des nouveaux.

  • un matériau expérimental de terrain

L’apport d’un matériau expérimental de terrain constitue deux sources d’apport pour les Sciences de gestion :

  • l’une, sur les liens que peuvent tisser le chercheur et l’entreprise qui l’accueille.

Une collaboration fructueuse peut en découler par un rapprochement de discours parfois très éloignés. Un travail de rapprochement entre les intérêts théoriques et les problématiques opérationnelles doit être envisagé par le chercheur en Sciences de gestion, entre la formalisation de l’action pour ceux qui en ont besoin et la production de la pensée rendue accessible. Les chercheurs en gestion se distinguent par leur forte capacité à formuler des problèmes théoriques versus des problèmes pratiques, auxquels les praticiens sont confrontés (Wacheux, 1996) 32 . Nos travaux peuvent être soumis à la rigueur scientifique et venir enrichir la base de données scientifiques nécessaire à notre compréhension de l’impact des outils de gestion des ressources humaines sur les performances socio-économiques des entreprises.

Cette démarche d’appropriation du discours scientifique permettra, sans doute, de rendre plus accessibles aux entreprises les travaux de recherche réalisés et ainsi plus crédibles les chercheurs en Sciences de gestion qui manquent actuellement d’un manque de reconnaissance de la part des praticiens.

  • l’autre sur la rupture qu’introduit l’appréhension de l’objet de recherche avec une optique qui n’est pas toujours bien admise dans le monde académique et n’ayant pas a priori forcément valeur de connaissance scientifique.

En effet, quelle que soit la démarche ou l’âge du chercheur, la remise en cause d’idées établies ou la présentation de théories et de faits nouveaux entraînent toujours scepticisme et résistance de la part des tenants du dogme. Les faits qui choquent ou étonnent sont ceux auxquels ni l’air du temps ni les lectures n’avaient préparé. La difficulté réside dans la capacité du chercheur jeune ou vieux, quelle que soit sa méthode, à faire passer des idées et à convaincre. Son pouvoir de conviction prend ses racines dans la qualité de l’articulation des idées, au regard de faits irréfutables qui remettent en question les schémas établis(Berry 2000) 33 .

Une telle démarche de terrain peut produire les idées les plus fécondes et permettre une remise en question des notions admises en littérature académique ou traverser les frontières disciplinaires.

  • Un sujet d’actualité

Notre recherche est au cœur des préoccupations actuelles des recherches en Sciences de gestion. Nos travaux enrichissent les connaissances actuelles sur l’utilisation qui est faite de la compétence à travers son mode de gestion. Ils apportent nous l’espérons, un éclairage différent des systèmes de classification et de rémunération des compétences et les enjeux qu’ils représentent dans leurs capacités à faciliter la pérennisation d’actions transformatives. Ils proposent une solution innovante d’interdépendance du domaine des performances sociales de l’entreprise et de ses performances économiques.

Notes
27.

BERRY M., « Diriger des thèses de terrain », Annales des mines, Décembre 2000, pp. 88-97.

28.

CIFRE : Conventions Industrielles de Formation par la Recherche.

29.

DAVID A., « Le terrain est-il modélisable ? Faisons le point sur…les méthodes de recherche en management », Article au congrès ASAC-IFSAM, 2000, Montréal, 19 p.

30.

THIETART R. A., « Méthodes et recherche en management » Ed. Dunod, 1999, op. cit.

31.

BERRY M., « Diriger des thèses de terrain », Annales des mines, Décembre 2000, pp. 88-97.

32.

WACHEUX F., « Méthodes qualitatives et recherche en gestion », Ed. Economica, 1996, 290 p.

33.

BERRY M., « Diriger des thèses de terrain », Annales des mines, Décembre 2000, pp. 88-97. op. cit.