0.3.2.1 Le concept et la définition de la méthodologie de recherche-intervention dans une perspective socio-économique.

La méthode de recherche-intervention pratiquée au sein de l’ISEOR est une méthode de recherche qui combine à la fois « recherche fondamentale et recherche appliquée sur l’élaboration et la validation d’hypothèses de connaissances à partir de l’observation et de données de terrain, c’est-à-dire d’entreprises et d’organisations vivantes qui constituent le champ et l’objet de la recherche en Sciences de gestion. ». « Le chercheur dit « intervenant-chercheur », a pour objectif de mieux connaître et de mieux comprendre les phénomènes observés « par et pour l’action. »(Savall et Zardet, 1995) 48 . Il se trouve dans une perspective résolument transformative de l’objet de recherche.

L’une des hypothèses fondamentales dans la méthode de recherche-intervention est l’interaction entre le chercheur et son terrain appelé principe d’interactivité cognitive. Les itérations successives bouclées constituent une technique fondamentale que pratique l’ISEOR dans un souci d’accroître la valeur de signifiance des informations traitées dans le travail scientifique.

Les acteurs dans l’entreprise jouent alternativement ou simultanément plusieurs rôles dans leur relation avec les intervenants-chercheurs, ils sont co-producteurs des connaissances, apporteurs d’informations sur les faits et d’opinions sur les règles, co-évaluateurs de la recherche et de ses effets en tant que partenaires, consommateurs des connaissances en tant qu’utilisateurs finals.

Dans la recherche-intervention, le chercheur est à la fois partenaire dans l’action et co-producteur de connaissances avec les acteurs de l’entreprise.

La recherche-intervention se différencie de la recherche-expérimentation en ce sens qu’elle ne pose pas d’hypothèses explicites au début de la recherche et qu’elle réfute la validité et l’intérêt des expérimentations de « laboratoire ». Elle se différencie aussi par la volonté du chercheur de transformer l’objet étudié afin de mieux le connaître et d’exprimer des connaissances structurées sous forme de règles (Savall et Zardet, 1995) 49 .

La figure 0-5 visualise le principe d’interactivité cognitive et la figure 0-6 nous montre les mouvements des différents acteurs, et plus particulièrement ceux du chercheur, dans l’élaboration des connaissances.

Figure 0-5 : le principe d’interactivité cognitive
Figure 0-5 : le principe d’interactivité cognitive

Le principe d’interactivité cognitive permet de construire un corps de connaissances grâce aux échanges permanents entre les acteurs de l’entreprise, le chercheur-intervenant et le centre de recherche.

Figure 0-6 : les mouvements alternatifs du chercheur
Figure 0-6 : les mouvements alternatifs du chercheur

Le concept d’unité active emprunté à Perroux (1972) 50 sera développé au chapitre V concernant la définition de la compétence dans une optique socio-économique. Retenons d’ores et déjà que dans ces mouvements alternatifs entre l’entreprise et le chercheur, il existe des relations d’influence entre les différents acteurs de l’entreprise et entre l’entreprise et le chercheur, qui modifient en permanence les interprétations données sur une problématique commune.

Nous développons dans la sous-section suivante un apport particulier de la méthodologie de recherche-intervention déterminant dans la qualité des observations et des données de terrain auxquels le chercheur est confronté. Son positionnement sous-entend les modalités suivant lesquelles il va être accueilli dans l’entreprise qu’il veut étudier. Nous nous appuierons sur cette analyse pour justifier notre choix méthodologique.

Notes
48.

SAVALL H. et ZARDET V. « Ingénierie stratégique du roseau » Ed. Economica, 1995, 517 p. op. cit.

49.

SAVALL H. et ZARDET V. « Ingénierie stratégique du roseau » Ed. Economica, 1995, 517 p. op. cit.

50.

PERROUX F., « Pouvoir et économie », Dunod, 1972.