La recherche-intervention nous semble être la méthodologie la plus appropriée à l’étude de notre objet. Celui-ci est l’analyse et la révision d’un système de classification des emplois et d’un système de rémunération connus et utilisés jusque là dans une logique de postes. Le renouvellement des deux outils intervient dans le cadre du passage d’une logique de postes à une logique de compétences.
Ce choix est fondé sur plusieurs éléments :
Ce positionnement évite le biais méthodologique induit par un « panier d’informateurs » réduit et augmente la qualité des informations obtenues. La représentation de la réalité n’en est que mieux saisie ;
Cet aspect laisse entrevoir la nature des relations que nous entretenons avec les acteurs de l’entreprise où chacun est :
Dans un premier temps, notre démarche fut inductive dans la mesure où notre objet d’étude a émergé et s’est construit au fur et à mesure que notre compréhension des phénomènes observés grandissait. Comme le souligne Thiétart (1999) 53 , dans une démarche inductive, l’objet de recherche et la problématique du chercheur vont émerger « à mesure que sa sensibilité et sa compréhension du contexte se précisent ».
Notre recherche-intervention s’appuie tout à la fois sur une forte implication de notre part dans l’entreprise et sur notre positionnement de nature à influencer les actions transformatives sur le terrain. Cette méthodologie nous a permis enfin de prendre le recul suffisant par rapport à notre pratique par un mouvement de va et vient entre le terrain et le centre de recherche en gestion et faciliter notre travail d’analyse des données sous une forme scientifique.
La méthode de recherche-intervention est le cadre méthodologique dans lequel nous avons conduit nos travaux. Ceux-ci se sont déroulés sur une période de cinq ans au terme desquels nous avons obtenu un certain nombre de résultats que nous exposons dans les chapitres I et II. Nous avons pris en compte la dimension temporelle dans notre recherche. Durant ces cinq années, l’entreprise dans laquelle nous étions intégré a vécu dans un contexte où l’environnement externe et interne, le comportement des acteurs de l’entreprise et l’objet de notre recherche, ici la grille de classification des emplois et le système de rémunération, ont évolué en interaction permanente.
Pour compléter notre analyse et notre interprétation des résultats de notre recherche, que nous exposons dans le chapitre VII, nous avons privilégié pour cela l’approche contextualiste. Celle-ci intègre cette dimension temporelle comme facteur d’explication de phénomènes évolutifs, Cette approche, développée par Pettigrew (1985) 54 , et reprise par Pichault et al. (1998) 55 , « permet d’appréhender les phénomènes organisationnels en tenant compte des éléments du contexte dans le temps et la durée et qui combinés à des événements (les changements) contribuent à forger des pratiques organisationnelles et à les faire se maintenir et évoluer ».
L’approche contextualiste est une démarche heuristique qui vise à expliquer les mécanismes et les processus au travers desquels le changement, c’est à dire, pour ce qui nous concerne, le passage d’une logique de poste à une logique de compétence, affecte l’objet d’étude. C’est un modèle explicatif (Defelix, 1999) 56 .
L’approche contextualiste est particulièrement bien adaptée aux analyses de cas qui présentent les spécificités de cas unique, expliquant des phénomènes contextuels et contingents qui s’inscrivent dans le temps et sur lesquels les méthodes d’approche traditionnelle ont peu d’emprise.
Nous allons maintenant exposer le processus de construction de notre recherche.
THIETART R. A., « Méthodes et recherche en management » Ed. Dunod, 1999, op. cit.
PETTIGREW A. M. « Contextualist Research: a natural way to linck theory and practice » in LAWLER III E Doing research that is useful for theory and practice. Jossey Bass, San Francisco, 1985.
PICHAULT F, WARNOTTE G, WILKIN L « La fonction « ressources humaines » face aux restructurations: 3 cas de downsizing » Ed. L’Harmattan, coll. Logiques économiques 1998
DEFELIX C. « Contextualisme, conventions et analyse des tensions organisationnelles : une application à la fonction ressources humaines », série recherche du C.E.R.A.G, Grenoble, 1999, 25 p. pp 3-6. op. cit.