L’organisation du travail se fait autour de l’activité de forge et deux cent trente et une personnes en moyenne y sont employées à la période qui nous intéresse, c’est à dire de 1995 à 2000.
La division du travail est fortement présente car les produits, comme nous l’avons précisé, se réalisent sur les machines de forge appropriées. Les forgerons sont professionnellement très spécialisés sur un certain type de machines. L’organisation du travail se fait donc à partir des postes de travail et des quantités de pièces à produire. La planification de l’activité est fonction à la fois des machines mobilisées et des compétences disponibles.
Jusqu’en 1993, le travail est organisé suivant le couple homme / machine : chaque machine possède son mode opératoire et chaque homme maîtrise parfaitement les gestes techniques exigés au poste de travail. Nous sommes dans une logique prescriptive. L’objectif prioritaire est de faire de la « tonne » ce qui est récompensé par une rémunération dite « minute-prime » 67 , c’est à dire une prime au rendement, en regard d’une contribution musculaire. Le pourcentage obtenu par mois et par personne est appliqué au taux horaire des personnes et le majore. Cette spécialisation entraîne une totale « incompétence » sur le poste de travail du voisin et interdit tout remplacement éventuel.
Autour de l’ouvrier, gravite le contrôleur qui a un rôle bien précis :
Le système des primes au rendement disparaît en 1990 ainsi que l’emploi de contrôleur en 1993, les tâches de celui-ci étant reprises par les régleurs.
L’organisation se traduit dans l’atelier forge qui représente l’activité principale de la société X par une hiérarchie composée d’un chef d’atelier, de deux contremaîtres, de huit régleurs, des opérateurs forgerons et des chauffeurs de fours. A cette équipe, vient s’ajouter un pré monteur d’outillage de forge, extérieur à l’atelier. Chacun intervient dans le domaine de ses compétences propres. La figure 1-8 montre que le régleur conserve des missions techniques précises, à travers la note d’information à l’encadrement du 15 avril 1992.
NOTE D’INFORMATION A L’ENCADREMENT |
Définition du rôle de chacun afin de faire progresser la qualité : Le régleur doit assurer le contrôle et la qualité de la fabrication sur les machines qui sont sous sa responsabilité. Pour se faire, il doit exploiter au mieux tous les outils mis à sa disposition : Carte X / R ou PC portable à utiliser suivant les indications portées sur les plans de contrôle. Les relevés de cote en début de fabrication. Effectuer les vérifications visuelles des ébauches en cours de fabrication. Totaliser la quantité de rebuts à la fin de chaque poste et la transmettre à son responsable pour toute pièce y compris l’outillage à main. En cas de pièces litigieuses, il doit utiliser la procédure d’assurance qualité 27b. Le tri unitaire des pièces sera assuré par ses soins et les retouches, s’il y en a, seront faites rapidement. Après la répartition du personnel par les contremaîtres, le régleur doit commander et diriger les équipes. La propreté des machines fait partie de ses tâches. Le régleur doit respecter et faire respecter toutes les consignes de sécurité en vigueur dans la société. L’entrée sur le SECAPA doit être faite correctement pour permettre d’exploiter toutes les données en aval. Les cahiers de consignes doivent être remplis correctement à chaque poste. |
De même qu’une analyse détaillée des missions principales d’un contremaître niveau III échelon 3 coefficient 285 de la classification UIMM dans la société X montre son niveau de responsabilité et le style de commandement basé sur le principe vertical de haut en bas ‘up-bottom’.
. Ce que nous représentons dans la figure 1-9 ci-dessous 68 .
Missions principales du contremaître niveau III, échelon 3, coefficient 285, de la classification UIMM |
Formation exigée : Brevet de technicien supérieur ou diplôme de l’institut Universitaire de technologie ou fin de premier cycle de l’enseignement supérieur ( deux ans après le baccalauréat ) Les responsabilités : Coordonner l’enchaînement des opérations dans l’atelier. Informer les chefs de groupe machine ( régleur ) et les opérateurs des difficultés et des particularités des différentes fabrications. Vérifier que les mesures prises au niveau productivité et qualité sont efficaces. Contrôler la réception des produits consommables. Contrôler les temps d’exécution. Contrôler le bon fonctionnement des machines. Veiller à l’application des règles de sécurité. Lancer les plans d’actions correctives si nécessaires. Appliquer ceux qu sont en place. Utiliser les outils de la qualité ( SPC, SMED,…) D’une manière générale, il met en œuvre ses capacités professionnelles et ses qualités humaines dans ses responsabilités d’encadrement technique et de commandement. |
L’analyse des emplois de la société montre l’empreinte persistante de l’organisation taylorienne et permet de saisir le changement important que va engendrer la nouvelle politique sociale souhaitée par la direction.
L’ensemble des postes de travail de la société s’appuie sur des descriptions de postes afin de cerner précisément le contenu de l’activité. Ces descriptions de postes ont toutes été élaborées à partir d’un modèle présenté dans la figure 1-10.
Les descriptions de postes 69 nous montrent que l’activité est basée sur le travail prescrit d’une part et d’autre part qu’il existe une distinction entre réalisation du travail et conception du travail.
Prenons l’exemple du poste de l’opérateur de l’atelier forge à froid : celui-ci a pour mission essentielle de produire en temps et en quantité les pièces réclamées suivant des consignes précises que l’on trouve dans l’inventaire de ses attributions.
L’analyse du poste de conducteur de four CFI nous amène aux conclusions suivantes:
Les descriptions de postes de la société ont servi par ailleurs à établir une hiérarchisation des emplois à partir de la grille de classification des emplois de la métallurgie ( grille UIMM ) .Nous développerons cette grille dans le chapitre 4.
Modèle de minute-prime en annexe n° 6.
La description de poste complète du contremaître se trouve en annexe n° 7.
Deux exemples de descriptions de postes, celui de l’opérateur forge à froid et du conducteur de four CFI, sont en annexe n° 8.