Nous avons utilisé deux outils pour recenser les actes de régulations effectués dans le cadre des dysfonctionnements retenus. Cette première approche des dysfonctionnements (les entretiens, les observations et la première sélection) nous a permis ensuite de pré-remplir des fiches de relevés des temps passés à la régulation des dysfonctionnements et des personnes impliquées.
FICHE A
Grille d’analyse d’un dysfonctionnement |
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Dysfonctionnements | Grille remplie par : | ||||
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Régulations | Intervenants | Quantités | Fréquences | ||
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© ISEOR 1986 |
Les fiches A de saisie d’un dysfonctionnement ont été distribuées au chef de service, aux chefs de poste et à quelques opérateurs pour qu’ils les remplissent sur une durée de dix jours. Une information et une aide leur ont été apportées, par des assistances personnalisées, afin de leur permettre de remplir correctement les fiches A. Une présence quotidienne sur le terrain a été nécessaire afin de vérifier que les relevés des personnes se faisaient en temps réel, soit pendant le poste de travail, soit en fin de poste. Nous avons assisté régulièrement les personnes dans le remplissage des fiches A afin d’éviter les incompréhensions. Nous avons complété le dépouillement et l’analyse des fiches A 101 en questionnant l’encadrement de l’atelier sur les modes de régulation des dysfonctionnements. La figure 2-11 page 102, montre une fiche A remplie.
L’établissement des fiches d’évaluation B se fait lorsque les fiches A sont renseignées. Dans les fiches B, représentée par la figure 2-12, sont calculés les surtemps, les sursalaires, les taux horaires des personnes chargées des régulations et les matières surconsommées. La fiche B permet d’évaluer le coût caché de chaque dysfonctionnement élémentaire. Elle est élaborée par l’intervenant - chercheur.
FICHE B : Calcul des coûts cachés Grille d’analyse d’un dysfonctionnement |
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Dysfonctionnements | Grille remplie par : | |||||
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Régulations | Intervenants | Quantités | Fréquences | |||
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Coûts cachés | Sursalaire : Surtemps : Surconsommations : Non-production : Non-création de potentiel : |
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© ISEOR 1986 |
Les régulations sont regroupées selon deux types d’activités : les consommations et les activités humaines qui se retrouvent ensuite réparties en cinq composants sur la fiche B :
Nous avons retenu, à titre d’exemple, des actes de régulations que nous avons observés au cours de nos travaux et que nous détaillons maintenant: Les valorisations apparaissent en francs. Elles résultent des calculs qui ont été faits à la période de l’expérimentation entre novembre 1999 et juin 2000.
Les surcoûts d’une équipe de maintenance, de cinq personnes, au taux horaire de 103 francs de nuit pendant 5 heures pour une réparation sur cinq fours allumés consommant 795 KW / H à 0,12F / KW = (5 x 103F x 5) + (795 x 5 x 5 x 0,12F), se montent à 4960 francs.
Le surtemps se calcule en tenant compte de la contribution horaire à la marge brute sur coûts variables (CHMCV) :
La reprise de la production prend 10mn + les essais au redémarrage et 5 mn pour cinq opérateurs, la CHMCV est égale à 119,90 francs.
Le surtemps est égal à: [(10 + 5) / 60] x 119.90F = 30 francs de l’heure.
La non-production tient compte de la CHMCV :
L’arrêt de production sur cinq lignes pour cinq personnes / ligne pendant 180mn, la CHMCV étant de 119,90 francs, est égale à : [180 / 60 x 5 x 3 x 119,90 francs] 5396 francs.
Une séance de formation a été annulée à la suite de l’absence inopinée d’un salarié qu’il a fallu remplacer immédiatement.
L’agent de maîtrise fait le travail d’un opérateur de la maintenance. Le taux horaire de l’agent de maîtrise est de 180 francs, celui de l’opérateur de maintenance est de 155 francs. L’agent de maîtrise remplace l’opérateur pendant 180 mn puis 120 mn, ce qui donne un sursalaire de : [ [ ( 180 + 120 ) / 60 ] x ( 180 – 155 )] 125 francs de l’heure.
Les surtemps et les non-productions sont évalués à la contribution horaire à la marge sur coûts variables (CHMCV) 102 . La CHMCV représente la valeur économique du temps de travail humain. Son évaluation peut être faite suivant deux méthodes :
Dans le cas de notre expérimentation, nous avons retenu la première méthode, c’est à dire l’inclusion aux charges de structure des amortissements des machines.
Nous n’avons pas étudié les vingt cinq dysfonctionnements recensés, soit parce que la régulation n’entraînait pas la mise en œuvre de compétences, soit que leur importance ne justifiait pas une analyse approfondie ou bien entraînait des investissements importants non réalisables immédiatement.
La méthode de sélection des dysfonctionnements avec la maîtrise a consisté à retenir un certain nombre de dysfonctionnements en fonction de leur redondance, de leur nature et du coût de régulation dans les six domaines de dysfonctionnements (conditions de travail, organisation du travail, 3C, gestion du temps, formation intégrée, mise en œuvre stratégique).
Pour chaque dysfonctionnement retenu, nous avons précisé son importance, son urgence, ses effets, les causes premières et les causes racines.
Dans un premier temps, nous avons retenu sept dysfonctionnements sur les thèmes de l’organisation du travail, la gestion du temps et la formation intégrée 104 :
Nous avons continué notre analyse des sept dysfonctionnements retenus avec le chef d’atelier et les deux chefs de postes pour définir avec eux si ces dysfonctionnements pouvaient être associés à la mise en œuvre des compétences des ouvriers et s’ils pouvaient faire l’objet d’actions de réduction à inscrire dans un contrat d'activité périodiquement négociable individuel ou collectif.
Nous avons complété notre présentation en visualisant les dysfonctionnements sous forme de graphes spacio-causal 105 . Ceux-ci ont permis à l’encadrement de comprendre l’enchaînement des évènements dans une relation de cause à effet, reconnaître les causes premières et les causes profondes de façon à cibler par la suite les actions correctives envisagées.
BOGE A., « Evaluation financière approfondie des coûts cachés : étude de cas dans une usine agroalimentaire », sous la direction de SAVALL H. et ZARDET V., juin 1989, 265 p. op. cit.
L’ensemble des fiches A remplies se trouve en annexe n° 21.
Le détail du calcul que nous avons retenu pour évaluer la CHMCV se trouve en annexe n° 22.
SAVALL H. et ZARDET V. « Maîtriser les coûts et les performances cachés », Ed. Economica, 1ère édition 1987, 3ème édition 2000, 405 p.,op. cit.
Le détail des sept dysfonctionnements retenus est en annexe n° 23.
Les graphes spacio-causal sont en annexe n° 24.