- La théorie classique de l’organisation (1911-1922)

La théorie classique privilégie l’étude des aspects formels des organisations et énonce des principes universels d’agencement et de gestion (1910 à 1920). Elle cherche à établir un « bon » modèle d’organisation. Elle est normative et repose sur le postulat du « one best way ». La théorie classique repose sur le principe qu’il existe une stricte relation entre le stimulus direct (l’argent ou l’affectif) et la bonne réponse (la productivité maximum). Drucker se rattache à ce mouvement en l’élargissant au domaine stratégique.

Elle rassemble les auteurs classiques fondateurs des Sciences de gestion, de Taylor à Weber en passant par Fayol.

  • - Taylor 

L’idée de départ de Taylor consiste à établir une relation entre la productivité et la réussite de la firme qui passe nécessairement par une bonne organisation afin d’améliorer la productivité. L’organisation du travail dite scientifique (O.S.T.) telle que la conçoit Taylor est « un système de direction scientifique des entreprises équivalent à un dispositif d’économie du travail et uniquement cela. C’est un moyen très efficace et très sûr de rendre les hommes plus efficients » (Savall, 1989) 142 . L’Organisation Scientifique du Travail consiste à étudier, enregistrer et classer les connaissances traditionnelles et empiriques des ouvriers qualifiés, puis à les systématiser et à les enrichir par les connaissances théoriques des ingénieurs et enfin à en extraire les méthodes les plus efficaces et rapides d’exécution du travail de production. Elle est complétée par un paiement équitable pour fournir une journée de travail équitable. Le système permet une production optimale et fournit la meilleure motivation.

L’Organisation Scientifique du Travail implique une révolution complète de l’état d’esprit. Elle sera favorisée par une meilleure circulation de l’information et par une délimitation et un accroissement des responsabilités. Le travail pour être efficace doit être soumis à une étude scientifique préalable à toute exécution. Cela consiste pour un employeur à mettre au point la science de l’exécution de chaque élément de travail. L’employeur doit apporter une assistance technique aux travailleurs subalternes, de façon à avoir la certitude que le travail est réalisé suivant les principes qu’il a élaborés. L’efficacité passe donc par une spécialisation des ouvriers affectés à des tâches bien précises (Savall, 1989) 143 .

L’analyse porte avant tout sur l’organisation des ateliers et l’élévation de la productivité repose sur quatre principes :

  • - chaque tâche est décomposée en opérations élémentaires ;
  • - les ouvriers sont sélectionnés ;
  • - le salaire est calculé au rendement ;
  • - l’encadrement et les ouvriers doivent coopérer.
  • - Fayol 

L’œuvre de Fayol (1916) se rattache à ce mouvement. Il est considéré comme le père du management. Dirigeant français de l’industrie, il analyse l’administration industrielle et générale et son travail porte sur le rôle des dirigeants. Selon lui, gouverner l’entreprise consiste à exécuter un ensemble de fonctions d’ordre technique, commercial, financier, de sécurité, comptable et administratif. Ces fonctions sont l’organisation, la coordination, le contrôle, le commandement et la prévoyance. C’est cette dernière qui doit être accomplie essentiellement par les dirigeants (Rojot, 1997) 144 .

Fayol considère qu’il convient de s’inspirer de quatorze principes. Il n’est plus question d’organisation des ateliers mais d’administration.

Fayol a affirmé les principes de base de Taylor en identifiant quelques différences :

  • - l’unité de commandement est préconisée par Fayol alors que Taylor dénonce l’impossibilité de trouver un supérieur universel ;
  • - Fayol admet une polyvalence croissante au fur et à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie alors que Taylor insiste davantage sur une spécialisation organisationnelle.
  • - Weber 

Il s’intéresse à l’exercice de l’autorité et à l’organisation en bureaux. Selon lui, l’entreprise est considérée comme une bureaucratie et est le centre de la pratique rationnelle de la gestion. L’organisation est divisée en fonction de la spécialisation du travail et de la hiérarchie. Le modèle bureaucratique a un pouvoir qui découle de la légalité des ordres et de la légitimité rationnelle de ceux qui les donnent.

L’ensemble des idées de la bureaucratie se résume par (Rojot, 1997) 145 :

  • - une organisation hiérarchique continue faite de fonctions liées par des règles ;
  • - des sphères de compétences spécifiques ;
  • - l’organisation hiérarchique par fonctions ;
  • - une formation spécialisée aux règles qui régissent les fonctions ;
  • - la séparation de l’exercice des fonctions et de la propriété des moyens de production ;
  • - la formulation par écrit de toutes les règles de décision.

Rojot (1997) 146 identifie les différentes caractéristiques des membres du système bureaucratique :

  • - ils sont personnellement libres et sujets uniquement à leurs obligations officielles impersonnelles ;
  • - ils sont sélectionnés objectivement sur la base de leurs qualifications techniques ;
  • - ils sont payés en salaires fixes avec des retraites ;
  • - ils assument leurs fonctions comme unique et principale occupation ;
  • - ils y font carrière, promus par leur supérieur en fonction de leur ancienneté ou des résultats ;
  • - ils ne s’approprient pas leurs fonctions qui sont séparées des moyens d’administration ;
  • - ils sont sujets à une discipline stricte et systématique et au contrôle de leur conduite dans l’exercice de leurs fonctions.

Notes
142.

SAVALL H.,  « Enrichir le travail humain : l’évaluation économique », Paris, Ed. Economica, nouvelle édition augmentée, 1989, 275 p.

143.

Ibid.

144.

ROJOT J. « Théorie des organisations » dans Encyclopédie de gestion, Ed. Economica, 2ème Ed., 1997, 3621p.

145.

Ibid.

146.

Ibid.