- Les théories de la contingence structurelle (1958 à 1965)

Ces théories introduisent le rôle actif de l’environnement sur les structures d’organisation. Elles identifient les variables qui ont un impact majeur sur la structuration des organisations. En développant une conception relativiste de la structuration des organisations, ces théories s’opposent à l’idée de principe ou de modèle d’organisation universel exposé par la théorie classique (Desreumaux, 1998) 151 . Plusieurs courants se différencient au sein de cette école :

Burns et Stalker (1961) découvrent que la structure de vingt firmes écossaises varie en fonction de la stabilité de leur environnement exprimé par deux facteurs : le degré de changement dans la technologie et le marché. Les auteurs distinguent deux types extrêmes de structures entre lesquelles se répartissent les entreprises : les organiques avec un faible degré de formalisation et les mécanistes très centralisées (Rojot, 1997) 152 .

Ils notent que ces trois variables ne sont pas seulement matériellement structurelles mais aussi comportementales (Rojot, 1997) 153 .

L’organisation est un construit social et l’homme est contraint par la façon dont il construit socialement sa réalité. Les actions humaines dérivent des significations que les individus attachent à leurs actes et à ceux des autres : « Comment puis je savoir ce que je pense avant d’avoir entendu ce que j’ai dit ? ». Selon ce courant, l’organisation est composée de comportements en situation d’organiser. L’une des propositions de la théorie de la structuration est que les règles et les ressources utilisées par les agents dans la production et la reproduction de leurs actions sont en même temps les moyens de la reproduction du système social concerné. L’homme se façonne en même temps qu’il façonne sa propre réalité.

Ce courant considère que l’organisation est un construit social composé d’acteurs qui développent des stratégies particulières. Le pouvoir de l’acteur dépend de la zone d’incertitude qu’il contrôle qui dépend elle-même de l’imprévisibilité de son propre comportement et de la pertinence de l’incertitude. Les phénomènes organisationnels sont le produit d’actions, de croyances ou de comportements individuels. Ce principe n’exclut pas les acteurs collectifs. La primauté à l’analyse du comportement individuel à rationalité limitée permet d’expliquer les phénomènes organisationnels.

L’analyse stratégique développée par Crozier part des dysfonctionnements dans le fonctionnement de l’entreprise. Il a surtout observé les phénomènes dans les organisations publiques. L’acteur est libre, mais sa liberté est limitée par les structures de l’entreprise. Il est rationnel dans la poursuite des objectifs. Il dispose de ressources qu’il utilise en fonction de la pertinence des situations. Le comportement des acteurs est donc stratégique en fonction de leurs objectifs et des enjeux. L’acteur ne peut agir qu’en fonction du pouvoir dont il dispose dans ses relations. Dans une telle conception de l’organisation, le pouvoir est l’élément central de l’organisation qui est un réseau de relations de pouvoir.

Ce courant s’intéresse aux phénomènes culturels comme éléments internes des organisations. Selon Schein,

‘«La culture d’une organisation est l’ensemble des hypothèses fondamentales qu’elle a inventées, découvertes, élaborées par l’expérience pour traiter ses problèmes d’adaptation externe et d’intégration interne, qui a fonctionné suffisamment bien pour être considérée comme valide et être apprise aux nouveaux comme étant la façon correcte de percevoir, réfléchir, penser par rapport à ces problèmes». ’

Elles prennent une part importante dans les théories récentes.

Ce courant considère que les organisations sont inévitablement liées aux conditions de leurs environnements pour survivre. Elles ne survivent que si elles sont efficaces et non pas seulement efficientes, c’est-à-dire qu’elles doivent produire ce que les groupes d’intérêts extérieurs attendent d’elles. Dans ces conditions, gérer les organisations, c’est influencer les actions des groupes d’intérêts pertinents dans l’environnement de l’organisation.

Ce courant se différencie du précédent sur deux points:

L’environnement sélectionne les entreprises les mieux adaptées. La sélection « naturelle » élimine les moins performantes qui, soit disparaissent, soit s’orientent vers d’autres horizons.

Notes
151.

DESREUMAUX A., « Théorie des organisations » Ed. Management, 1998, 218 p. op. cit.

152.

ROJOT J. « Théorie des organisations » dans Encyclopédie de gestion, Ed. Economica, 2ème Ed., 1997, 3621p. op. cit.

153.

Ibid.

154.

ROJOT J. « Théorie des organisations » dans Encyclopédie de gestion, Ed. Economica, 2ème Ed., 1997, 3621p.

op. cit.