- La théorie socio-économique (1974)

Elle considère l’entreprise comme un ensemble complexe comprenant cinq types de structures (physique, technologique, organisationnelle, démographique et mentale) en interaction avec cinq types de comportements (individuel, de groupe d’activités, catégoriel, de groupe d’affinités et collectif).

Dans l’interaction structures-comportements, la performance économique est couplée à une performance dite sociale qui est constituée d’indicateurs de qualité du fonctionnement ou de vie de l’organisation

La théorie sous-tend une conceptualisation structuro-comportementale de l’organisation d’essence socio-économique: l’évaluation de la performance économique n’a de sens que si elle s’exprime par des variables économiques et des variables sociales et sociologiques. Les variables sociales sont des critères comportementaux de nature psychologique, physiologique, et sociologique capables d’avoir un effet sur l’interaction structures-comportements (Savall et Zardet, 1995) 156 .

Au terme de cet inventaire rapide et non exhaustif des différentes approches explicatives, nous nous posons la question de savoir quel sort est réservé à la notion de poste de travail et l’idée que les organisations se font de l’homme au travail à travers les différentes analyses ?

Nous tentons d’y répondre en synthétisant l’ensemble des théories développées sous forme d’un tableau, en repérant les mots-clés caractéristiques de chaque courant : modèle d’organisation, poste ou individu et environnement (Figure 3-5).

Figure 3- 5 : les théories des organisations
Les différents courants d’analyse Organisation Individu Environnement
Théorie Classique X X  
Ecole Behavioriste X X  
Théorie Systémique X    
Théorie de la Contingence structurelle X   X
Courant Actionniste X   X
Analyse Stratégique X X  
Courant Culturaliste X   X
Contrôle externe X   X
Courant Néoinstitutionnaliste X   X
Courant Critique X    
Théorie Postmoderne X    
Théorie Socioéconomique X X X

L’étude des différents courants d’analyse des organisations qui ont jalonné l’histoire de leur fonctionnement montre que peu de modèles se sont intéressés à l’homme au travail en tant qu’élément de performance de l’entreprise. Certaines de ces approches, comme la théorie économique, ignorent l’individu.

Par contre, l’Organisation Scientifique du Travail, l’école béhavioriste, l’analyse stratégique et l’analyse socio-économique considèrent que l’homme a un rôle à jouer dans la réussite de l’organisation, condition de son développement. En effet, l’Organisation Scientifique du Travail considère que la spécialisation de l’homme au travail, fondée sur la division du travail, permet d’améliorer la productivité de l’organisation et donc sa réussite. L’analyse porte avant tout sur l’organisation du travail comme support du développement de l’organisation et sur une étude de l’homme montrant qu’il était le seul à pouvoir répondre à cette analyse. L’étude de l’homme, dans l’approche behavioriste, que ce soit le courant des relations humaines, celui des ressources humaines ou encore la rationalité limitée mise en avant dans l’école « Carnégie », met davantage l’accent sur l’origine des comportements humains au travail en termes de besoins, de motivations, de relations formelles ou informelles et leur influence sur les modèles d’organisation. La position centrale que tient l’homme dans cette perspective s’oppose à celle de Taylor dans un mouvement réactionnel à l’idée de « l’homo mécanicus ». Dans l’analyse stratégique, le comportement des acteurs à rationalité limitée explique le fonctionnement des organisations. Ils disposent d’un pouvoir qu’ils utilisent dans leurs relations.

L’approche socio-économique, dans sa démarche srtucturo-comportementaliste, associe le facteur organisationnel dans ses composants intrinsèques aux capacités énergétiques de l’individu capable d’agir tout à la fois sur la structure et de s’y adapter par une influence réciproque (Savall et Zardet, 1995) 157 .

L’Organisation Scientifique du Travail a peut-être le mérite d’avoir été la première étude sérieuse qui ait été faite sur le fonctionnement des organisations sur laquelle sont venues s’appuyer les autres analyses. Il existe cependant une différence entre l’Organisation Scientifique du Travail et les trois théories que nous venons d’évoquer. Pour l’Organisation Scientifique du Travail, la productivité de l’homme passe par son adaptation au poste de travail, sans prendre en compte la dimension humaine.

Par contre, l’approche behavioriste, l’analyse stratégique et l’analyse socio-économique considèrent que l’individu possède des caractéristiques de nature à influencer le mode de fonctionnement des organisations et leurs résultats.

Notes
156.

SAVALL H., ZARDET V., « Ingénierie stratégique du roseau », Ed. Economica, 1995, 517 p. op. cit.

157.

SAVALL H., ZARDET V., « Ingénierie stratégique du roseau », Ed. Economica, 1995, 517 p. op. cit.